Carnet d’entraînement : De la vérité et du changement
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Jeudi 25 février 2016 : Le staff girondin a apporté une touche de changement dans son entraînement de veille de huis-clos en exposant sa défense. Sous un temps menaçant et peu clément, les défenseurs centraux ont travaillé la rigueur défensive pendant que leurs coéquipiers combinaient face à eux.
On avait pris l’habitude, traditionnellement le jeudi, de voir Bordeaux préparer ses attaques en faisant tourner le ballon en partant des défenseurs. Ce jeudi 25 février 2016, une variante est proposée aux joueurs pour un coeur d’entraînement inédit. Très vite regroupés en trois groupes, oranges, bleus et blancs, les joueurs prennent rapidement possession d’un quart de terrain, celui placé le plus proche de l’entrée des vestiaires. En bleu, Maxime Poundjé, Milan Gajic, Abdou Traoré, Jussiê, Malcom, Mauro Arambarri, Isaac Kiese-Thelin et Hazem Haj-Hassen. En orange, Clément Chantôme, André Poko, Diego Contento, Valentin Vada, Adam Ounas, Thomas Touré, Enzo Crivelli et Diego Rolan. En blanc, les quatre défenseurs centraux : Lamine Sané, Cédric Yambéré, Frédéric Guilbert et Pablo. La séance va prendre une tournure inédite avec des attaques à 8 contre 2. Protégés par leurs deux centraux, Paul Bernardoni, Alexandre Brucato et Lucas Bobe sont les gardiens chargés de préserver les buts. Les attaques sont réalisées principalement sur le schéma travaillé depuis des semaines : un ballon qui tourne, un joueur qui décroche et décale sur un côté pour un centre. Quelques joueurs qui ne participent pas aux attaques sont positionnés en adversaires statiques pour favoriser les conditions du direct. « Mettez de la vérité, du rythme » tonne Sylvain Matrisciano d’une voix rauque en guise de lancement du jeu. Le public en cette période de vacances s’est massé autour du terrain d’entraînement. Pas aussi présent que lors des grandes heures du club au scapulaire, mais les abords du terrain semblent moins déserts qu’à l’accoutumée. Les joueurs, eux, commencent l’atelier mollement, ce qui n’est pas du goût de Willy Sagnol, bougon. « Mieux que ça les passes » enrage l’entraîneur girondin, appuyé par son adjoint, Sylvain Matrisciano, qui insiste sur la nécessité de « mettre de la vérité » dans les actions. Attaqués de toutes parts, les défenseurs centraux doivent se montrer solides. Guilbert et Sané font une paire, tandis que Cédric Yambéré et Pablo sont associés. À tour de rôle, les binômes et les gardiens changent. Pablo est affûté, présent, solide, souverain parfois.
« Ne soyez pas alignés »
Thelin ouvre le score, ce qui ne rend pas Willy Sagnol insensible. Ce dernier lâche un « bien joué Isaac » convaincu. « Prenez votre temps dans la construction, ne soyez pas alignés » demande Sagnol, à la recherche permanente de relief dans les attaques proposées. « Avance, avance un peu » indique Lamine Sané à Frédéric Guilbert. « Fred, dos » avertit un Paul Bernardoni qui prend de l’assurance et commence à se faire à son rôle de gardien principal des Girondins de Bordeaux. L’ancien gardien troyen s’illustre grâce à un arrêt à mi-hauteur, solide, sur une reprise de demi-volée de Diego Rolan, légèrement orientée sur la gauche du gardien girondin. Adam Ounas, parfois disputé par ses entraîneurs pour ne pas décrocher assez lors des dernières semaines, effectue un bon mouvement et redouble de passes avec Valentin Vada avant de chercher la profondeur. Cette bonne combinaison satisfait un Willy Sagnol très exigeant. Les attaques, telles des vagues, reviennent sans cesse sur la défense et les gardiens. Un ballon, mal ajusté lors d’une permutation, repart loin vers l’arrière. Les joueurs sont dans l’expectative, guettant une réaction de leur coach. Willy Sagnol ne tarde pas à commenter l’action : « C’est pas grave, on se replace, ne soyez pas alignés ». Sur l’action suivante, Milan Gajic effectue un débordement tonique côté droit et sert Abdou Traoré. Le Malien place un joli plat du pied avec de l’effet qui vient trouver le petit filet de Bernardoni. Willy Sagnol profite d’un temps mort pour prendre Malcom à part. Avec force gestes, l’ancien sélectionneur des espoirs montre le bon mouvement à effectuer à son jeune protégé brésilien. Le jeu reprend. Gajic, en forme, adresse un centre-tir qui part rapidement vers la lucarne de Paul Bernardoni. L’ancien troyen se détend tel un albatros et empêche le ballon de flirter avec son cadre. Pendant que les joueurs valides enchaînent inlassablement les actions, Grégory Sertic, Robin Maulun et le kinésithérapeute Jacques Thébault passent en footing près du terrain d’entraînement. Le temps commence à se dégrader, un large voile de nuages noirs s’épaissit au dessus du Hailln et l’air s’humidifie. Les entraîneurs décrètent l’arrivée des dernières actions. Sur l’une d’elles, Clément Chantôme effectue une superbe ouverture côté opposé, comme le staff en demande souvent aux joueurs lors de certains exercices. Une ouverture au cordeau qui aurait perforé l’équipe adverse en match et trouve André Poko dans le couloir droit. Peu académique, en déséquilibre, mais précis, Poko trouve Thomas Touré. Le jeune bordelais reprend le ballon comme il vient et trouve le petit filet au premier poteau. Imparable.
« Allez du jus, du jus, du jus »
Les coachs girondins sifflent la fin des débats. Paul Bernardoni part à l’opposé du terrain accompagné de Franck Mantaux pour travailler les ouvertures longues sur les ailes. Thomas Touré, besogneux, tire des mannequins. Accompagné de Lucas Bobe, il met aussi en place une cage mobile le long du terrain. Au centre de l’air de jeu, Eric Bedouet a placé un petit mur. Les joueurs doivent s’appuyer sur le mur, récupérer le ballon, transmettre à Patrick Guillou qui remet en une touche, trouver Eric Bedouet qui lance en profondeur en une touche, et frapper au but. Le tout dans un petit périmètre avec les deux entraîneurs adjoints face à face. Les joueurs cadrent peu. « Allez du jus, poum, poum » demande énergiquement Eric Bedouet à ses joueurs. Le préparateur physique des Girondins insiste : « Il faut aller vite, vite du jus ». En marge du groupe resté pour travailler devant le but, Thomas Touré, très consciencieux, place des coups-francs face à Lucas Bobe. Une des frappes du joueur formé à Bordeaux, bien enroulée façon feuille morte, vient mourir premier poteau. Lucas Bobe est sur la trajectoire mais ne plonge pas, surpris par la qualité du ballon. « Ah, bien joué » reconnaît le gardien bordelais, beau joueur. Au milieu du terrain, Malcom enroule lui aussi un superbe ballon du pied gauche. Diego Rolan l’imite bientôt avec un ballon piqué sur Alexandre Brucato. Les bons gestes se suivent, avec Mauro Arambarri qui enroule un ballon du pied droit et trouve les filets sous les « bien joué, ouais » de ses coéquipiers. Malcom, qui en a terminé avec son atelier, vient rejoindre Thomas Touré. Ballon placé, prêt à frapper, le Brésilien se fait chiper le ballon par Patrick Guillou, facétieux, qui tape à sa place. Loin d’être perturbé, Malcom place un nouveau ballon, impassible, et frappe au dessus. Le temps se gâte considérablement. Mais les joueurs continuent de travailler. Eric Bedouet apporte une variante à l’atelier principal. Le joueur reçoit une passe d’un partenaire, remet au mur, oriente sur un côté et doit reprendre le centre de son partenaire. Milan Gajic centre pour Thelin. Le plat du pied du suédois fait mouche. Malgré la pluie qui devient battante, chaque joueur effectue son dernier passage avec sérieux. Thomas Touré enrage en manquant son dernier coup-franc, prêt à recommencer. Il est freiné par Patrick Guillou. « Allez, c’est fini. C’est fini Thomas » ordonne l’entraîneur adjoint de Sagnol, soucieux de préserver son joueur. Sans broncher, Touré récupère les mannequins pour les ranger. « Allez vite, vite, vite » demande Eric Bedouet à Malcom qui semble pris de vitesse par le centre de Poundjé. En extension, l’ancien joueur de Corinthians trouve la lucarne opposée et en perd son bonnet, prouvant que malgré son gabarit qui ne le prédispose pas à jouer de la tête, cet aspect du jeu n’est pas un point faible pour lui. Il est temps pour les joueurs, qui ramènent les quelques ballons encore sur la pelouse, d’aller se mettre à l’abri, pour bien préparer le déplacement à Reims et ne pas prendre l’eau défensivement.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan