Carnet d’entraînement : En attente d’un sursaut ?

30/01 - 08:10 | Il y a 10 ans

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Vendredi 29 janvier 2016 : Après la cuisante élimination en demi-finale de Coupe de la Ligue mardi à Lille (5-1), les Girondins se sont entraînés en effectif réduit avec pour objectif de bien préparer leurs attaques pour gêner le Stade Rennais dimanche.

Enfin, le brouillard s’est levé. Au niveau météorologique en tous cas. Car sur le terrain, les Girondins ont encore du travail. « Il y aura une opposition avec des attaques placées » explique Franck Mantaux, toujours fidèle au poste, à ses trois gardiens, regroupés à l’opposé des vestiaires, pour se préparer à la séance. Jérôme Prior désormais titulaire annoncé, à demi-mots, Lucas Bobe, un visage habituel cette saison, et le très jeune Gaëtan Poussin (17 ans), gardien des U19 sont là. Les trois gardiens juvéniles se font des passes au pied avec une technique déjà sûre. « Voilà les gars, la technique, c’est bien » se satisfait Franck Mantaux devant ce petit groupe sérieux et concentré. Les joueurs de champ, eux, s’échauffent près des vestiaires sous ce petit brouillard qui disparaît rapidement pour faire place à un agréable soleil qui vient baigner le Haillan et le transformer en cocon douillet. Une fois l’échauffement terminé, les joueurs prennent possession du terrain et se font des passes sous les ordres de Patrick Guillou et Eric Bédouet, rapidement rejoints par Willy Sagnol et Sylvain Matrisciano. Très vite, Eric Bedouet demande à ses joueurs, en binôme, de se faire des passes à mi-hauteur, puis de taper du coup de pied à ras-de-terre. « On tape au sol, ça ne monte pas, ça glisse » insiste Bedouet. « C’est facile, la pointe du pied en bas » explique le préparateur physique en mimant le geste. L’ambiance est détendue. Les absences de Sané et Khazri, sont marquantes. On apprend rapidement via les smartphones que le dernier nommé est cédé à Sunderland. Cédric Yambéré et Milan Gajic ne sont pas non plus présents. Cette mise en bouche technique se termine par un travail de passe, suivi d’un contrôle orienté, et d’une accélération pour conclure. Au même moment, le sol terreux, derrière le grillage du centre d’entraînement, est foulé par quelqu’un. Le bruit du pas évoque un sportif aguerri. Un coup d’oeil suffit pour voir Nicolas Pallois courir, très à son aise. 

« Allez Thomas, on ne lâche pas »

Sur le terrain, le gros du travail commence. Deux équipes s’opposent au centre d’un terrain délimité. Une troisième équipe positionne quatre joueurs autour de la zone de jeu et un autre élément au milieu. La consigne est simple : les joueurs à l’extérieur et le central n’ont droit qu’à une touche de balle pour faire vivre le ballon en transition. « Pok, une touche, c’est ok ? » demande Plasil à André Poko qui est dans son équipe. « Ah, ok » acquiesce le joueur gabonais attentif aux paroles de son coéquipier. Plasil donne de la voix pour orienter les joueurs au centre de l’action : « seul Cheky » adresse l’international tchèque à son coéquipier Diabaté pour l’informer. « Ça vient, ça vient » commente Diabaté pour aiguiller l’un de ses coéquipiers à son tour. Plasil est bavard et ne cesse de replacer ses partenaires. L’ambiance est studieuse, comme souvent, mais sans une intensité trop forte ni un sentiment de connivence entre les joueurs. Clément Chantôme ne participe pas à la séance et se contente d’un footing autour du terrain. Patrick Guillou en profite pour l’arrêter et lui prendre son chasuble afin de participer à l’exercice, les oranges étant en sous-effectif. Le ballon circule bien, les équipes tournent, il y a du dynamisme. Les passes claquent. L’exercice demande beaucoup de mouvements. Les coachs en sont conscients. « Allez Thomas on ne lâche pas » encourage Sagnol en s’adressant à Touré. « Allez, ça ne dure pas longtemps » insiste l’entraîneur bordelais. « Appuyez les passes, il y a des passes qui meurent » remarque Sylvain Matrisciano. Willy Sagnol profite de la fin de l’exercice pour parler à Poko : « André, quand tu donnes le ballon à Cheick, s’il ne te le remet pas c’est qu’il ne peut pas ou qu’il ne t’a pas vu, alors déplace-toi, ne reste pas figé ». Les gardiens sont sollicités pour deux nouveaux ateliers. « Je sais que ce n’est pas drôle » compatit sérieusement un des membres du staff en les appelant. Les hommes de l’ombre vont servir de sparing-partners à des attaques sans opposition comme on en voit souvent lors des entraînements des Girondins. 

« Tu es seul devant le but, tu dois marquer »

Le premier atelier, encadré par Eric Bedouet, est inauguré par Enzo Crivelli, Adam Ounas et Diego Contento. Le joueur conduit le ballon, contourne un mannequin, se sert d’un petit muret en bois pour obtenir une remise de balle et transmet à Diego Contento. Ce dernier adresse un centre que doit terminer l’attaquant. La réussite n’est pas au rendez-vous et Ounas comme Crivelli manquent d’engagement dans le dernier geste. Bedouet s’agace et demande aux joueurs d’aller plus vite dans l’exécution des mouvements. Les frappes partent au dessus des cages de Lucas Bobe. « Tu es seul, tu dois marquer » explique Eric Bedouet, légèrement dépité, à Adam Ounas. À l’opposé du terrain, côté vestiaires professionnels, le reste du groupe s’applique à préparer des actions et à les terminer face à Jérôme Prior. « N’ayez pas peur de vous décaler, ça va pousser Poko et Fred sur les ailes explique Willy Sagnol. Contre Lille les latéraux étaient beaucoup trop bas car vous n’avez pas assez écarté ». Vada, très disponible, est l’élément le plus souvent touché. Alerté par Rolan, le jeune argentin écarte le jeu. L’Uruguayen centre en première intention pour Diabaté qui lobé aisément Prior. « Passez-vous le ballon, déplacez le bloc » répète Sagnol à plusieurs reprises. Le coach bordelais ne lâche pas ses joueurs et encourage Touré qui réussit un but du plat du pied. « On écarte dans un premier temps, et on resserre ensuite » indique l’entraîneur girondin. Nicolas Pallois, lui, est revenu sur le terrain, et enchaîne les tours de piste, suant à grosses goutes, le regard déterminé. « Ça va mieux qu’hier Nico ? » demande Patrick Guillou à son joueur qui passe à côté de lui. « Oui, c’est mieux» lui répond l’ancien niortais. Le travail se poursuit sur le terrain et Poundjé trouve Plasil dans l’axe au grand contentement d’un Sagnol, rageur : « oui c’est ça ! Par contre, mets le ballon au sol, pas en l’air. L’adversaire est en train de basculer, il est en difficulté. Si tu mets le ballon au sol, ça arrive plus vite ». Une petite pause sert à incorporer Ounas, Contento et Crivelli à l’atelier collectif et à envoyer Poundjé, Rolan et Diabaté faire le travail avec Eric Bedouet.

Des soucis d’attention, Sagnol explose

Willy Sagnol, clair dans ses propos, prend le temps de détailler ses attentes avant de reprendre le jeu : « c’est difficile de trouver de la vitesse si on n’a pas d’abord touché un attaquant. Ça veut dire que la défense est en place. D’abord on touche Adam, Enzo ou Thomas et ensuite on prendra de la vitesse ». Sur la première action de cet exercice où aucune opposition n’est présente, Ambrose, en position arrière, transmet le ballon à son latéral, Diego Contento. Willy Sagnol intervient tout en laissant le jeu se poursuivre « Jean, en priorité Thomas qui est dos aux défenseurs, ensuite il peut trouver Diego qui sera plus à l’aise pour faire avancer le jeu ». Le jeu continue sur une deuxième phase où Jean Ambrose réédite le même circuit que son entraîne ne souhaite pas voir en passant le ballon à Contento. « Ça ne marche pas en match ça. Diego ne peut rien faire » répète Sagnol en commençant à lever le ton. L’action suivante sera celle de trop pour l’ancien joueur du Bayern Munich. Le ballon circule par le milieu, revient en arrière et passe par Frédéric Guilbert à droite qui joue sur un joueur mal positionné. « Fred » hurle Sagnol. Le crie est rauque. « Tu n’écoutes pas ou quoi ? ». Le coach des Girondins est furieux. « D’abord on touche l’axe et ensuite on joue sur le côté » reprend Willy Sagnol très agacé. Frédéric Guilbert baisse la tête et ne répond pas, sous les yeux de Nicolas Pallois qui s’est laissé distraire de son footing par la colère de son coach. Vada et Plasil sont très en vue de leur côté et son les animateurs du jeu. Le dernier nommé profite d’une petite pause pour venir donner quelques explications à Frédéric Guilbert qui fait grise mine. Malgré les consignes, le jeu se poursuit sans toujours toucher les attaquants. À l’inverse, une action en triangle entre Vada, Contento et Rolan qui est venu remplacer Touré, respecte le schéma de jeu demandé et aboutit par une tête non cadrée de l’Uruguayen. L’exercice se termine sur cette action, et Sagnol en profite pour prendre Jean Ambrose à part pour le recadrer techniquement. La séance se termine par une opposition 6 contre 6, accompagnée d’un joker au milieu de terrain, sur une surface très réduite. Une opposition classique marquée par du déchet et quelques beaux mouvements. « Bien joué Thomas, mais tu ne regardes pas après » fait remarquer Sagnol à Touré après une bonne passe. « C’est ça Enzo » s’enthousiasme Plasil sur une finition sereine de son attaquant. Sur l’action suivante, Vada prend l’axe et se faufile grâce à sa technique. Sa frappe est totalement manquée et le jeune argentin s’en veut. « C’est pas grave bien joué Valentin » encourage Sagnol. « C’est bien Valé » insiste Plasil pour saluer l’initiative de son coéquipier. La séance d’entraînement se termine paisiblement après cette opposition sans heurt. Tout le monde regagne tranquillement les vestiaires sous le beau soleil qui perce le ciel bordelais. « Le matériel, ho les gars » crient en coeur Bedouet et Mantaux qui sont chargés d’objets ayant servi à l’entraînement. « Jean, le matériel » insiste le préparateur physique en s’adressant à Ambrose. Le seul joueur à faire écho aux demandes des entraîneurs. Les autres font la sourde oreille, probablement déjà concentrés sur l’opération rachat face à Rennes dimanche.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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