Carnet d’entraînement : Trouver le bon angle

12/05 - 15:49 | Il y a 9 ans

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Vendredi 12 mai 2017 : À deux jours d’un match décisif face à Marseille, les Girondins ont économisé les batteries et sont concentrés sur un travail de précision devant le but dans une ambiance feutrée.

La météo qui promettait une semaine infernale aux habitants de la Gironde est finalement printanière sur le Haillan, et les conditions sont idéales pour préparer un Bordeaux-Marseille qui va valoir son pesant d’or. Un léger vent souffle sur le centre d’entraînement des Girondins de Bordeaux, mais le temps est agréable, et les supporters ni accablés par la chaleur ni pétrifiés par le froid, attendent sereinement l’arrivée des joueurs. Un calme qui tranche avec l’effervescence qui trônait dans l’air jadis lors des derniers entraînements avant les chocs de haut de tableau de fin de saison pour un équipe bordelaise qui se battait pour les meilleures places. Les joueurs ne dérogent pas à la règle et prennent tranquillement possession du terrain d’entraînement avec un flegme excluant toute sensation de pression. Pendant que les gardiens se positionnent près de l’espace réservé à la presse et qu’un petit contingent de joueurs commence à échanger quelques ballons près des vestiaires, Plasil, Kaabouni, Maurice-Belay et Gajic prennent la direction des filets de tennis-ballon à l’opposé du groupe. Arrivé de nulle part, Youssouf Sabaly rejoint ses coéquipiers du tennis-ballon en trottinant, succédant à Abdou Traoré, lui aussi attiré par l’exercice.

Près des vestiaires, la routine de l’échauffement. Dans le sens de la largeur, sur une petite distance et sous la houlette d’Eric Bedouet, les joueurs ouvrent les bras pour réveiller le haut du corps tout en courant, puis effectuent des mouvements de jambes circulaires vers l’extérieur et l’intérieur. Eric Blahic observe ses joueurs au plus près, eux qui placent désormais de petites accélérations avant de relâcher. « Il fout la merde lui » plaisante Nicolas Maurice-Belay en taquinant un coéquipier du tennis-ballon. L’ambiance est détendue dans ce groupe de joueurs qui n’aura plus beaucoup de chances de s’exprimer avec les Girondins d’ici la fin de saison. Du côté des gardiens, Over Mandanda multiplie les plongeons au sol avec Franck Mantaux balayant le côté gauche et le côté droit. À ses côtés, Jérôme Prior et Paul Bernardoni travaillent ensemble sur le même type d’exercice.

Pour les joueurs de champ, le rythme s’accélère. Deux groupes se font face. Un joueur part balle au pied, passe le ballon à un coéquipier face à lui qui contrôle et repart en sens inverse dans le même mouvement. L’enchaînement évolue rapidement avec le joueur censé réceptionner le ballon qui vient à la rencontre de son coéquipier au milieu pour un travail de une-deux avant de prendre le ballon et de repartir. Les ballons vivent, ne s’arrêtent plus car les joueurs n’ont plus le droit qu’à une touche de balle. Le mouvement devient très fluide et esthétique avec des joueurs qui se trouvent au centre du terrain, effectuent un une-deux, puis passent en une touche à un coéquipier qui attend le ballon en face. Vêtu d’une chemise couleur bleu de France et portant une cravate, le président Stéphane Martin est sur le terrain d’entraînement, comme aux grandes heures de son prédécesseur Jean-Louis Triaud qui prenait le temps d’affirmer sa présence devant les joueurs avant les matchs importants. Le nouveau dirigeant bordelais s’entretient avec Jocelyn Gourvennec. L’entraîneur girondin équipé de son survêtement est dans une discussion animée avec son président, dans une ambiance de proximité et de respect mutuel entre le technicien de terrain et l’homme de gestion.

Les joueurs, qui en ont terminé avec l’échauffement, se positionnent sur deux ateliers face aux vestiaires. Une cage est occupée par Jérôme Prior avec le groupe Kamano, Laborde et Ounas positionné près de l’espace médias, et l’autre est tenue par Over Mandanda et Paul Bernardoni dans l’équipe composée de Rolan, Arambarri, Mancini et Malcom. L’atelier supervisé par Eric Blahic est celui où François Kamano, avec les cheveux teints en blonds à l’image d’un Sylvain Wiltord dans ses grandes heures girondines, est présent avec Ounas et Laborde. Les joueurs réalisent un circuit simple avec prise d’appui sur une planche, dribble sur l’un des trois mannequins disposés face à eux, et frappe au but. À l’opposé, Eric Bedouet dans le sens du but délivre une passe à un joueur dos au gardien, avec obligation de réaliser un contrôle orienté en se retournant pour s’ouvrir le chemin du but. « Ouais voilà, cet angle là. » Eric Blahic se réjouit devant la première frappe d’Ounas qui fait mouche. Les joueurs ont pour objectif de trouver les angles près des poteaux, de préférence au ras du sol. Quelques joueurs arrivent sur le terrain après un footing, la plupart faisant partie du contingent défensif de l’équipe, et ne s’éternisent pas, regagnant les vestiaires dans le même mouvement.

Sur l’exercice qu’il supervise, Eric Blahic insiste : « Trouvez l’angle, ce n’est pas une question de force. » François Kamano ne suit pas la directive de son entraîneur en plaçant une lourde frappe qui passe au dessus. « Il faut cadrer François » martèle Eric Blahic. Adam Ounas du pied droit, et François Kamano du pied gauche trouvent les petits filets sous un « Ouais » de soulagement e leur entraîneur. L’adjoint de Jocelyn Gourvennec aligne les mannequins qui étaient placés en léger décalage. L’idée, pour les joueurs, est de passer entre les mannequins, dans une zone encombrée demandant de l’application technique. Sur l’atelier géré par Eric Bedouet, les joueurs héritent d’un ballon au centre du terrain, prennent appui sur une planche grillagée en retrait, se retournent pour prendre un nouvel appui sur leur préparateur physique avant de s’orienter vers le but pour frapper.

Pendant qu’un temps de latence s’opère avec un changement de camp pour les joueurs impliqués dans cet entraînement offensif, Théo Pellenard et Cédric Carrasso observent la séance en s’étirant près de l’entrée des vestiaires. Daniel Mancini lance son groupe face à Eric Blahic grâce à une frappe en lucarne. « Voilà. » Eric Blahic est soulagé après une frappe du pied gauche de Malcom, à ras de terre. Le jeune brésilien lève les bras en croix, un sourire franc au coin des lèvres, en échangeant un regard complice avec le coach. « Trouvez-moi les angles » insiste Eric Blahic qui reprend son milieu offensif brésilien après une frappe enlevée : « C’est trop en l’air Malcom. » Daniel Mancini, dans un style très relâche, marque d’une frappe du pied droit enroulée à mi-hauteur. « Voilà, c’est exactement ça » tranche Eric Blahic, très satisfait. Du côté des gardiens, l’entente est au beau fixe avec Bernardoni et Mandanda qui s’encouragent en se tapant dans les mains au moment d’échanger leurs rôles.

Les joueurs doivent réaliser leur première touche de balle après avoir pris appui sur la planche de l’intérieur du pied, avant de se sortir du marquage des mannequins avec une conduite courte de l’extérieur du pied. « Faites-le vite, c’est un geste qui doit être rapide » insiste l’entraîneur adjoint bordelais. De l’autre côté, Prior, main ferme, sort coup sur coup deux frappes d’Ounas et Laborde avant de céder sur un ballon travaillé d’Adam Ounas. « Ça c’est à hauteur de gardien, ça ils aiment bien. Là ils aiment moins » explique Eric Blahic en montrant un espace entre sa main et le gazon. Mauro Arambarri innove en tentant et réussissant un grand pont sur un mannequin de l’extérieur du pied avant de marquer. « Voilà, ça c’est bien » déclare spontanément Eric Blahic avec une once d’agréable surprise dans la voix devant ce geste différent des autres. Diego Rolan s’inspire de son compatriote uruguayen pour marquer lui aussi après un grand pont. Le rythme redescend et la séance touche à sa fin. Gaëtan Laborde finit sur une frappe légèrement écrasée facilement repoussée du pied par Prior.

Chaque joueur, comme c’est devenu la tradition depuis le début de saison, prend à sa charge un élément matériel ayant servi à la séance pour désencombrer le terrain. Avant que son groupe ne ramène les mannequins dans leurs préfabriqué, Paul Bernardoni s’essaye à l’exercice de frappe au but mais son tir est repoussé par un plongeon facile de Mandanda. Sans s’en rendre compte, le terrain est presque redevenu vierge. Seule la deuxième moitié de la pelouse est encore occupée par des petits cerceaux le long du grillage, par des coupelles à l’opposé et par quelques piquets plus au centre car Thomas Touré poursuit son travail de retour à la compétition avec Kévin Plantet. Les deux hommes répètent inlassablement un circuit s’exerçant notamment sur la précision et le dosage avec la nécessité de mettre un ballon au centre d’un cerceau avec une passe très légère. Pendant que les joueurs de tennis-ballon reviennent très tranquillement pour prendre leur douche, Laborde et Ounas travaillent les pénaltys. Un bruit violent faisant vibrer la ferraille réveille la quiétude du Haillan avec une frappe de Laborde sur le poteau. Ounas, lui, enchaîne les réussites.

Igor Lewczuk qui avait fait son apparition sur le terrain quelques instants plus tôt est harnaché à un large élastique relié à un grillage et échange des passes avec Eric Bedouet. Après avoir enchaîné les frappes au but et réussi quelques pénaltys, Gaëtan Laborde quitte le terrain, laissant Adam Ounas et Eric Blahic s’échanger quelques passes longues pour terminer sur une autre note après avoir multiplié les frappes précises pendant une heure et demi. Dans le calme d’une séance en petit comité face à un public en petit nombre, les joueurs Girondins ont répété une dernière fois face à leurs supporters avant de se retrancher samedi à huis-clos et d’entendre le discours des Ultramarines qui feront le déplacement pour les motiver avant un match face à Marseille qui n’aura rien du climat paisible de ce vendredi matin en Gironde.

 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan.

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