Entretien - Johab Pascal (Ex-Girondins) : "Le minimum dans un club professionnel est d'annoncer la nouvelle en personne"

25/09 - 16:14 | Il y a 8 mois
Johab Pascal est un joueur de football de 23 ans, né en Guadeloupe de parents haïtiens. Formé aux Girondins de Bordeaux pendant presque 10 ans, il se retrouve aujourd’hui libre au terme de son premier contrat professionnel. Il est de la génération des Tchouameni, Koundé ou Youssouf. Il répond aux questions de WebGirondins.
Entretien - Johab Pascal (Ex-Girondins) : "Le minimum dans un club professionnel est d'annoncer la nouvelle en personne"

© Iconsport

WebGirondins : Bonjour Johab, comment vas-tu ?

Johab Pascal : Ça va merci. Je vais bien. Je suis avec ma famille donc tout va bien.

Tu vis pour la première fois une fin de contrat dans ta carrière de footballeur, es-tu resté à Bordeaux ?

Je suis resté sur Bordeaux quelques jours. Après je suis vite monté sur Paris. Parce que je me disais que c'est mieux d'être en famille. Vu que j'étais en vacances, je suis monté sur Paris pour retrouver ma famille. Les derniers mois, c'était un peu chaud, car je ne voyais rien venir par rapport à ma situation. J'essaie de rester positif. Heureusement, il y a ma famille à côté pour pouvoir me soutenir et ne pas tomber sur de mauvais sentiers. Il faut se concentrer sur le travail, patienter et attendre un projet qui me corresponde.

Tu as fait le stage avec les joueurs de l'UNFP c'est bien ça ?

Oui, c'est ça. J'ai fait le stage les deux dernières semaines. Je n'étais pas là au début. J'ai fait trois matchs et c'est une bonne expérience.

Ça permet d'échanger aussi, j'imagine, avec des joueurs qui sont dans la même situation que toi

Exactement. Là-bas on est tous sans contrat. On a été très solidaires entre nous. C'est comme une petite famille. On est bien traités, bien accueillis. J'ai été bien accueilli par les autres joueurs. Franchement, c'est une belle expérience.


"Humainement, la formation aux Girondins m’a fait grandir"



Et comment gères-tu ton maintien en forme physique ? Comment t'organises-tu ?

Avant l'UNFP j'étais sur Bordeaux. Je travaillais avec un préparateur physique qui me permettait de garder la forme avant d’intégrer l'UNFP. C'est pour ça que quand je suis arrivé à l'UNFP, je n'étais pas à la rue. Je n'étais pas à la traîne physiquement. Et ensuite là, depuis que je suis à Paris, je m'entraîne tout seul. Je vais à la salle. J'essaie de garder le rythme. Je fais des exercices de cardio, de renforcement, j'arrive à aller sur les terrains aussi. À côté de chez moi, il y a un terrain. Je vais souvent retoucher la balle.

Ton agent Christophe Hutteau t’accompagne-t-il aussi dans cette période ?

Il croit en moi, c'est déjà bien. Parce que s' il ne croyait pas en moi, on ne travaillait pas ensemble. Il n'est pas inquiet de la situation. Il faut juste patienter et attendre le bon projet qui se présente. Je lui fais confiance et je lui donne ma totale confiance. C'est son travail. Mon travail, c'est de garder la forme et être prêt pour mon prochain club.

Revenons sur ton parcours de footballeur. Où et quand as-tu débuté le football ?

J'ai débuté à l'âge de 5 ans en Guadeloupe, dans une équipe dans la commune du Gosier, à l’AS Dragon. Depuis tout petit, j'ai baigné dans le football grâce à mes frères et à mon père. Eux aussi étaient dans le même club que moi. Donc, depuis tout petit, j'ai été élevé dans le football.

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Comment passes-tu de l'âge de 5 ans à l'AS Dragon aux Girondins de Bordeaux ?

Je suis arrivé en France métropolitaine à l'âge de 11 ans. J'ai joué à Drancy et à l’US Persan (95). Ensuite, je suis arrivé aux Girondins. Lorsque j’étais à Drancy, de nombreux clubs pros me suivaient et c’est là où les Girondins m'ont repéré.

À quel âge arrives-tu à Bordeaux ?

J’ai 14 ans quand j'arrive à la formation aux Girondins de Bordeaux. J'ai fait deux années de préformation. Et ensuite, j'ai fait trois ans aspirants, deux ans stagiaires et trois ans pros. J'ai signé un contrat professionnel en 2020 pour 3 saisons.

Tu as joué un match en pro dont on va parler dans un instant, mais avant, je souhaite savoir, que retiens-tu de ta formation à Bordeaux ?

Franchement, ma formation a été top. Ça s'est vraiment très bien passé. J'ai eu de très bons éducateurs pour me guider. Humainement, ça m’a fait grandir. On quitte tôt le cocon familial. On part très tôt de chez nous. Et malgré ça, on a été très bien accueilli. Je me suis fait de très bons copains, il y a eu de l’entraide et un esprit familial fort. Les Girondins de Bordeaux sont un club familial. Les dirigeants m'ont bien accueilli. Ça s'est très bien passé au centre.


Son premier contrat pro :
"C'est du soulagement. Car là d'où je viens, derrière moi, j'ai toute ma famille qui croit en moi"



Tu es d'une génération qui a vu sortir des joueurs importants comme Aurélien Tchouameni et Jules Koundé

Oui, Zaydou Youssouf aussi. J'ai fait ma formation avec eux et on a joué souvent ensemble. Je les ai vu grandir, on a grandi ensemble. J'ai vu leur évolution. Ça me fait plaisir qu'ils soient là où ils sont.

Ils avaient signé pro un peu plus tôt que toi ?

Oui, un peu plus tôt. Pendant ma formation, j'étais souvent blessé. Je n'arrivais pas à enchaîner les saisons, et je n'arrivais pas à enchaîner les matchs. Malgré ça, je n'ai pu signer Pro. Ils savaient que j'étais un bon joueur. Mais physiquement, je n'arrivais pas à suivre. Ils m'ont toujours fait confiance. J’ai été beaucoup aidé par rapport à ça. Maintenant, ça va mieux (NDLR Il compte 47 matchs avec la National 3 des Girondins).


"Les dirigeants par l'intermédiaire du directeur sportif Admar Lopes m'ont fait espérer beaucoup de choses, et au final, cela n'a pas été respecté"



Quand tu signes ton premier contrat professionnel en 2020, que te dis-tu ?

C'est du soulagement. Car là d'où je viens, derrière moi, j'ai toute ma famille qui croit en moi. Pour moi, il y a juste une chose qui compte, c'est que je perce. J'ai ressenti du soulagement. Ensuite, je me suis dit que ce n'était pas fini. C'était juste le commencement d'une nouvelle histoire. Au début, je ne me suis pas emballé. Je me suis dit que le plus dur restait à faire.

Aujourd’hui, tu es en fin de contrat. Qu'est-ce qui t'a manqué pour poursuivre l'aventure aux Girondins ? Comment le club a annoncé la nouvelle ?

Pendant mon contrat de 3 ans comme professionnel de 2020 à 2023, il y a eu beaucoup de bouleversements. Beaucoup de changements de dirigeants, de coach, un changement de propriétaire. Les nouveaux dirigeants par l'intermédiaire du directeur sportif Admar Lopes, l'année dernière, m'ont fait espérer beaucoup de choses, et au final, cela n'a pas été respecté. Je ne sais pas si c'était à cause du coach ou autre, mais ils n'ont pas été vraiment très francs avec moi. À la fin, je n'ai même pas eu de réunion avec eux pour m’annoncer qu’il ne me prolongerait pas. C'est Christophe Hutteau mon agent qui m'a annoncé la nouvelle. Le minimum dans un club professionnel c’est d'annoncer la nouvelle en personne au joueur même si ça fait mal.

D'autant que tu es au club depuis l'âge de 14 ans

Je m’y attendais de toute façon, car durant la saison il m’avait fait espérer des choses et cela ne s’est pas concrétisé.


"On va essayer de rendre le peuple Girondin fier de nous"


 

Et pourtant, le club fait appel à toi en janvier 2022 pour jouer un match de Coupe de France à Brest, dans une situation un peu rocambolesque au club, puisqu'il y a une épidémie de Covid. Peux-tu nous raconter comment cela s’est passé ?

J’étais en vacances de Noël, et j'ai reçu un message du coach Chalmé dans le groupe WhatsApp. Il nous dit qu'il y a quelques joueurs qui doivent revenir, car il y a plusieurs joueurs qui sont touchés par le Covid chez les pros. Il nous dit qu'on doit revenir rapidement pour s'entraîner avec eux et jouer le match de Coupe de France le 2 janvier. Le lendemain, je reviens. Je prends le train et j’arrive à Bordeaux. J'arrive, on s'entraîne 2 jours et après il y a match. On s'entraîne 2 jours à part avec notre équipe réserve. Donc, on s'entraîne à part sans les pros. La veille du match, on s'entraîne avec les pros. Il n'y avait pas d'automatisme. On ne s'était pas préparé de la meilleure des manières.

Après, quand on t'appelle pour jouer un match de Coupe de France, on ne pense pas à ça. On donne tout. Le match arrive avec beaucoup de pression positive. On arrive au match. On n’a rien à perdre. On est là à cause de circonstances qu’on ne contrôle pas. On va essayer de faire le taf. On va essayer de rendre le peuple Girondin fier de nous. Si on perd, on perd avec la manière. On a essayé de tout donner et on perd 3 à 0 (NDLR Dont deux penaltys). Je pense que si on avait mieux préparé la semaine avant cette rencontre nous aurions pu être plus performants. Les deux entraînements n’ont pas suffi.

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Tu avais joué avec Emeric Depussay au milieu, Hwang et Briand devant.

J'ai eu de bons retours sur ma prestation

Ce sera ton seul match avec Bordeaux en pro

C’est pour ça que j’ai dit qu’ils ne m’ont pas vraiment donné ma chance. Comme ils n’avaient pas le choix, ils m’ont fait jouer contre Brest. Je n’ai pas été mis en lumière.

Quel est ton poste de prédilection

Milieu relayeur, soit 8 ou numéro 6. Je me débrouille bien techniquement, et je vois bien le jeu avec un bon pied gauche.

Quelle est ton envie de footballeur ?

Je ne te cache pas que le football me manque énormément. Quand on est dans un club, on s'entraîne tous les jours, on a cette routine du football. Cette routine me manque. j’ai envie de vite retrouver un club et d’avoir du temps de jeu le plus rapidement possible.

Tu as des contacts ?

J’ai des pistes, mais rien de concret pour l’instant.

Ça peut-être à l'étranger ?

Je vise d'abord la France avec le championnat National 1 et Ligue 2, l’étranger ce sera si cela n'aboutit pas en France.

N.P

#Socio WebGirondins