Gourvennec, un an après

11/06 - 07:00 | Il y a 9 ans

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Arrivé avec son staff il y a un an pour remettre de l’ordre dans une équipe bordelaise aux abonnés absents, Jocelyn Gourvennec a su se faire adopter grâce à des qualités techniques mais aussi une intelligence relationnelle. Retour sur les points clefs de sa saison.

Le premier entraînement collectif 

1er juillet 2016, le staff technique et les joueurs prennent leurs marques au Haillan sur le premier terrain près du parking des visiteurs. L’atmosphère est calme, et les quelques supporters présents sont ravis de pouvoir assister à cet entraînement inaugural, accoudés à la main-courante, avec une visibilité qui n’est pas gâchée par un grillage contrairement au terrain d’entraînement officiel. Après dix bonnes minutes, un groupe des Ultramarines pénètre sur le terrain et vient régler ses comptes oralement avec André Poko devant le regard surpris de Jocelyn Gourvennec et Eric Blahic. Après avoir vertement sermonné Poko et adressé un message au groupe, les ultras quittent le terrain, mais un accrochage verbal avec Adam Ounas envenime les choses et des mots fusent. Le coach girondin, avec calme et fermeté, demande aux supporters de laisser l’équipe s’entraîner. À la fin de la séance, le coach girondin s’isole avec le responsable de la sécurité des Girondins et Florian Brunet, l’un des responsables des Ultramarines, pour faire connaître son opinion sur l’évènement. L’entraîneur bordelais a peu goûté l’épisode, mais fait preuve d’ouverture et pose sa première patte dans la relation avec son nouvel environnement de travail.

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Les matchs amicaux

Au-delà des résultats des matchs amicaux, le groupe bordelais semble bien vivre cette période de préparation avec son nouveau coach. Chaque joueur montre de la volonté et l’atmosphère autour des Girondins est bonne. L’entraîneur bordelais attache de l’importance à disputer ces matchs dans la région et demande à ses joueurs de faire preuve d’un esprit de groupe quand certains sont tentés d’aller se doucher après avoir été remplacés et sont invités à regarder la suite du match. En privé, les joueurs apprécient le début des opérations, et personne ne semble mis de côté même si une ossature se dégage petit à petit avec la volonté affirmée de débuter la saison en 4-4-2. La campagne est moyenne avec des deux victoires, deux nuls, et deux défaites, mais le coach bordelais travaille inlassablement son système et quelques actions tranchantes donnent espoir pour la suite.

À revivre  -> les Tops et Flops de Bordeaux-Milan en match amical le 17 juillet 2016 : 

Le début de saison

Si Bordeaux subit une lourde défaite à Toulouse à l’issue d’un non-match lors de la 2eme journée (4-1), l’équipe de Jocelyn Gourvennec séduit jusqu’à la fin du mois de septembre. Le premier match face à Saint-Etienne est enlevé et Bordeaux va même jusqu’à mener 3-0 (3-2 score final) et les Girondins manœuvrent parfaitement à Lyon début septembre (1-3) ou à Metz à la fin du mois (0-3). Le jeu pratiqué est fluide et souvent tourné vers l’avant et d’aucuns commencent à retrouver du plaisir à suivre des Girondins où l’entraîneur bordelais semble avoir rapidement imprimé son style de jeu sur l’équipe. 

Le creux de la vague 

À partir du mois d’octobre, Bordeaux piétine et finit par s’enliser. En championnat, les Girondins vont vivre trois mois très difficiles avec un bilan presque famélique : 12 matchs, 2 victoires, 6 nuls et 4 défaites. Les mauvaises performances s’accumulent mais l’entraîneur girondin garde une communication positive et ne perd pas son sang froid. À chaque résultat négatif, Jocelyn Gourvennec dresse une analyse brève et ne tombe pas dans la remise en question de son effectif. Tactiquement, le coach girondin prend la mesure mi-décembre que son 4-4-2 ne fonctionne plus et essaye un 4-3-3 prometteur face à Nice en Coupe de la Ligue (3-2). Les Girondins finissent la phase aller à la 10eme place alors qu’ils se trouvaient en 6eme position le 1er octobre.

La reprise en main

Le mois de janvier signe l’installation définitive du 4-3-3 avec trois joueurs à la récupération. Parallèlement, le staff technique continue de faire répéter les gammes aux entraînements. Le travail est inlassable, le contenu des entraînements se répète et les résultats et adversaires n’influent pas beaucoup sur les séances qui visent à rendre le collectif plus sûr de lui. Malgré la tempête, le staff ne bouge pas d’un iota et le mois de janvier, mois de la relance bordelaise, est le symbole de cette régularité technique avec des séances où l’exigence semble monter d’un cran. Jocelyn Gourvennec, très bien épaulé par Eric Blahic, Kévin Plantet, Franck Mantaux et Eric Bedouet, devient de plus en plus pointilleux. Les ex-techniciens guingampais reprennent les choses en main et sont décidés à insister sur leur méthode auprès des joueurs et à l’appliquer sans concession.

Une phase retour gagnante

Malgré une fin de saison au ralenti (4 matchs nuls sur les 4 derniers matchs), Bordeaux redresse la barre et parvient, grâce à la victoire du PSG en Coupe de France face à Angers, à se qualifier pour le tour préliminaire d’Europa League. Une mission accomplie pour Jocelyn Gourvennec qui, s’il ne le clame pas en public, est un entraîneur ambitieux et conscient du standing des Girondins. La phase retour est prolifique pour Bordeaux qui ne perd que 5 matchs sur 25 toutes compétitions confondues et passe de la 10eme place à la 6eme en L1, rattrapant sa longue descente entre octobre et décembre. Le bilan est prometteur et les Girondins se classent même à la 3eme place du championnat retour (à égalité avec Marseille et Nice mais avec un goal-average supérieur). Seul couac, l’élimination en quart de finale de Coupe de France à Angers (2-1) après un match assez lent où l’entraîneur bordelais avait décidé de faire tourner sur le front de l’attaque en donnant leur chance à Ménez et Rolan bien décevants en cet après-midi d’avril. 

Le bilan

Avec une qualification pour l’Europa League au bout du suspens, Jocelyn Gourvennec a réussi une première saison girondine satisfaisante. S’il a parfois été critiqué pour des changements tardifs, ses coups gagnants dans certaines rencontres ont rééquilibré les commentaires. Surtout, sa régularité dans la travail et dans la communication ont permis d’éviter une saison morose alors que celle-ci prenait une mauvaise tournure fin 2016. Juste avec ses joueurs, malgré l’épisode Carrasso qui ne peut être occulté au moment de faire le bilan - même s’il ne dépend pas directement et uniquement de l’entraîneur - Jocelyn Gourvennec a suscité l’adhésion de ses joueurs en compagnie de son staff. Apprécié des supporters grâce à un discours positif à leur égard, séduisant pour les joueurs y compris venant de l’extérieur à l’image de Benoît Costil qui a signé aux Girondins en grande partie pour travailler avec lui, l’entraîneur bordelais est maintenant bien installé à Bordeaux. Avec sa prolongation de contrat jusqu’en 2020, Jocelyn Gourvennec est plus que jamais le solide entraîneur du présent girondin. Avant, peut-être, de devenir l’un des grands entraîneurs de demain. À condition, comme Lucien Favre a pu le faire à Nice, de réussir à hisser son équipe au dessus de sa condition actuelle. Voici le challenge à venir pour l’entraîneur breton des Girondins.

À relire, le portrait de Jocelyn Gourvennec sur WebGirondins en mai 2016, une semaine avant sa signature : cliquez ici

Par Florian RODRIGUEZ

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