Carnet d’entraînement : Une reprise animée

01/01 - 19:15 | Il y a 8 ans

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Vendredi 1er juillet 2016 : Pour le premier entraînement public de la saison 2016-2017, Jocelyn Gourvennec et son staff ont rapidement imprimé leur patte avec des exercices de ballon pour une période de reprise. Du mouvement entrecoupé d’une intervention inattendu des Ultras venus mettre les choses au point avec certains joueurs.

Le ciel laiteux, les ballons posés sur le terrain, les plots qui attendent que les joueurs les contournent, le climat doux et serein... Rien ne semble avoir changé par rapport à la saison 2015-2016 au Haillan. Et pourtant, c’est désormais Jocelyn Gourvennec qui est sur le terrain, fait les cent pas, visiblement en pleine réflexion, et Éric Blahic, son adjoint, qui affine les derniers détails de la séance avec Jean-Jacques Gresser qui remplace Éric Bedouet pendant l’Euro. Le public est plutôt présent par rapport à la saison dernière ou une petite dizaine de supporters se massaient autour des terrains lors des journées maussades. Sur le terrain proche du parking visiteur - le terrain professionnel étant occupé par la sélection belge - Jocelyn Gourvennec discute avec Éric Blahic, semble-t-il impatient de travailler avec ses joueurs. Après quelques minutes d’attente, le groupe fait son apparition après un footing mené par le nouveau préparateur physique Kévin Plantet qui incite les joueurs à freiner : «Allez c’est bon on relâche». Les fidèles du Haillan sont là et refont le monde. On aperçoit des visages connus comme celui d’Alain Bauderon, commentateur pour Gold FM qui prend quelques photos. Les joueurs, eux, quittent rapidement leurs chaussures de running pour enfiler leurs crampons. Le soleil commence à pointer le bout de son nez, et David Das Neves, le kinésithérapeute du club, demande aux vigiles de ramener de l’eau, conscient de la difficulté de ces premiers jours de reprise. Après quelques jongles pour prendre contact avec le ballon, Jocelyn Gourvennec incite ses joueurs à se réunir : «Allez les garçons, venez».

Éric Blahic prend la parole d’une voix calme et posée et indique les axes de travail pour la séance : «Faites les choses bien, ça ne sert à rien d’inventer. Soyez exigeants dans le travail». Les joueurs commencent à conduire le ballon. Éric Blahic, à l’image d’un Pierre Espanol en fin de saison passée, prodigue moult conseils : «Prenez de la place, testez vos sensations. Le ballon est plus léger, touchez avec l’intérieur et l’extérieur». « Ne faites pas de longues lignes droites, essayez de vous éviter » poursuit l’ancien entraîneur adjoint de Guingamp. Jocelyn Gourvennec apporte lui aussi sa touche : «Prenez l’info, allez dans l’espace où il n’y a personne». L’exercice évolue : les joueurs, au croisement d’un coéquipier, doivent mettre le pied sur le ballon et récupérer celui de l’autre joueur. Les coachs demandent du mouvement. Éric Blahic oriente l’exercice sur plus de vivacité : «Je ne veux plus de ballon à l’arrêt. Maintenant, c’est le même exercice mais en vous faisant des passes». 
 

«On est là parce qu’on a un problème avec M.Poko»
 

L’ambiance est studieuse. Au milieu de l’exercice, on perçoit sur le bord du terrain des mouvements de personnes. Comme une vague, une trentaine de membres des Ultramarines, qui étaient présents en retrait et assistaient à la séance sans se faire remarquer, enjambent la main courante et pénètrent sur le terrain d’un pas décidé. Ulrich Ramé et le responsable de la sécurité du club, David Lafarge, qui étaient sur place, leur emboîtent le pas.

Les Ultramarines, qui avaient tenu secret cette volonté de faire irruption au sein de l’entraînement, font cesser la séance. Les joueurs et le staff sont incrédules. Les entraîneurs sont salués par les supporters qui s’excusent auprès d’eux pour cette entrée impromptue. Les joueurs n’en mènent pas large, et un bref silence règne, jusqu’à ce que Florian Brunet, l’un des responsables du mouvement, prenne la parole d’un ton fort et déterminé : «Nous sommes là car nous avons un problème avec M.Poko. M.Poko il a déliré. Il s’est pris en photo fumant une chicha avec le maillot de l’OM et il a craché sur nous les gens qui aimons le club». 


Public comme joueurs, tout le monde écoute attentivement le discours. Le moment est inédit et rare aux Girondins. «On vous l’a dit en fin de saison dernière, la chicha c’est fini. Et qu’est-ce qu’on voit dix jours plus tard ? M.Poko en train de fumer une chicha avec le maillot d’une équipe que nous ne portons pas dans notre coeur, loin de là poursuit Florian Brunet. Vous sortez après des contre-performances, vous fumez la chicha, non mais vous vous foutez de qui ?».

Tour à tour quelques membres prennent la parole, le ton est sec. Florian Brunet poursuit : «On tient à vous dire que c’est hors de question que vous nous pourrissiez la saison comme l’an passé. Oh, l’amour du maillot, vous savez ce que c’est ? On était là avant vous, on était là avant tout le monde ici sur ce terrain. Alors là on est venu vous expliquer les choses. Si on avait voulu on serait venus à 300». Aucun joueur n’intervient et le représentant des Ultramarines ponctue son discours : «Le coach a notre confiance. Vous devez suivre l’exemple de Cédric, vous devez suivre l’exemple de Jaro. Vous devez suivre l’exemple de Jérémy Toulalan, Jérémy on te souhaite d’ailleurs la bienvenue. On sera très attentifs cette saison».

À la fin du discours, des supporters applaudissent, et l’un d’eux, à proximité confirme avec ses amis : «Ça leur fait du bien des fois d’entendre ça». Alors que les supporters présents sur le terrain prennent le chemin du retour, un début d'échauffourée éclate. Malcom fait quelques gestes de mécontentement de la main, et Adam Ounas délivre quelques noms d’oiseaux qui ravivent la tension. Ulrich Ramé retient l’un des supporters qui était prêt à en découdre et réussit à le calmer.

 

Toulalan facile, consciencieux et appliqué

 

Jocelyn Gourvennec réunit de nouveau son groupe en cercle après cet évènement. Alors que les joueurs commencent à récupérer les ballons, un des Ultramarines, retourné près des spectateurs avec son groupe, s’en prend verbalement à Ounas, toujours aussi agacé par les mots prodigués par le jeune bordelais. «Les gars, les gars s’il vous plaît» demande Jocelyn Gourvennec de façon diplomatique. Le calme revient petit à petit et les joueurs, en jonglant, font claquer les ballons. Tout rentre dans l’ordre.

Réactif et consciencieux, tel qu’il a été décrit dans son portrait sur WebGirondins, le coach bordelais élimine un ballon pas assez gonflé à son goût. Après ces jongleries, Éric Blahic répartit deux groupes de joueurs et prévient : «Les gars, s’il y a des questions c’est maintenant». Sur les deux parties du terrain, l’exercice est le même : beaucoup d’enchaînements de petites courses souples et de redoublements de passes. Chaque joueur a un rôle bien précis au fur et à mesure du circuit qu’il doit parcourir. Le départ demande de sauter cinq plots puis de réceptionner une passe, faire un une-deux avec un autre coéquipier qui part en contrôle orienté vers une nouvelle série de plots et de prendre sa place. Le tout sur des séries répétitives autour d’un rectangle et de mannequins censés représenter les adversaires.

Éric Blahic fait preuve de dynamisme et demande aux joueurs de changer de rythme sur la prise de balle. Jocelyn Gourvennec explique ses attentes à son groupe de joueurs en prenant Thelin pour exemple : «Vous n’avez pas d’obligations sur les remises. Isaac il fait ce qu’il veut, il peut choisir sa façon de faire». Jérémy Toulalan, est très propre dans tous les gestes réalisés et effectue consciencieusement chaque passage. Les jeunes gardiens Over Mandanda et Gaëtan Poussin participent à ce travail avec les joueurs de champ tandis que Cédric Carrasso peaufine son retour avec David Das Neves à l’autre bout du terrain. Le portier girondin paraît aminci, plus léger dans ses déplacements.

L’entraînement touche à sa fin et les joueurs ramènent le matériel avant de s’étirer sous la houlette de David Das Neves. À la fin de l’exercice, Éric Blahic insiste pour que les joueurs remettent leurs bouteilles dans la glacière et ne les laissent pas traîner. Alors que les joueurs quittent le terrain, Ulrich Ramé prend Cédric Carrasso par les épaules et Jérémy Toulalan se prête volontiers à une photo avec un supporter. Jocelyn Gourvennec, qui est le dernier à s’en aller, demande au responsable de la sécurité à discuter avec quelques membres des ultras. Si le technicien breton n’a pas apprécié d’être interrompu en pleine séance, une compréhension mutuelle est née de ce premier échange.

Quant à Adam Ounas, il s’est excusé pour ses mots auprès des ultras, clôturant ainsi de la meilleure manière cet épisode. Avec un entraîneur déterminé et beaucoup de ballons pour une troisième séance hebdomadaire, et un rappel à l’ordre ferme mais sans insultes de leurs supporters, les joueurs ont pris la mesure des attentes à venir de la sphère globale du FC Girondins de Bordeaux.

 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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