Interview - Christophe Chabot, président de la Roche Vendée : “On pense que le modèle économique des clubs va s’effondrer"

11/12 - 16:33 | Il y a 1 mois
Les Girondins de Bordeaux vont une nouvelle fois amarrer en Vendée ce samedi à partir de 18h00. Après deux matchs nuls consécutifs, les hommes de Bruno Irlès vont devoir reprendre leur marche en avant pour le dernier match de championnat en 2024. Pour l’occasion, le président du club de la Roche Vendée, Christophe Chabot, s’est confié à WebGirondins.
Interview - Christophe Chabot, président de la Roche Vendée : “On pense que le modèle économique des clubs va s’effondrer"

© Iconsport

Un projet ambitieux, une volonté de créer un modèle économique unique, non, ce ne sont pas des Girondins de Gérard Lopez dont on parle, mais de la Roche Vendée. Le club actuellement 14ᵉ du groupe B de National 2 accueille ce samedi les joueurs de Bruno Irlès, pour un match malheureusement non diffusé. Son président Christophe Chabot fait le point après un début de saison compliqué sur le plan sportif. L’an passé le club a raté la montée en National pour un but face au Paris 13 Atletico.

Tout d’abord, pouvez-vous nous confirmer qu’il n’y a pas eu d’accord concernant la diffusion du match ?

Oui, je dirais malheureusement, il n’y en a pas eu. Ce n’est pas du tout pour sanctionner qui que ce soit et surtout pas Bordeaux. C’est simplement que l’on a pris, en début de saison, la décision de ne diffuser aucun match chez nous. On ne fait pas exception pour Bordeaux tout simplement. On considère que nous devons traiter toutes les équipes de la même manière.

Comment jugez-vous votre début de saison ?

Il est relativement catastrophique, par rapport à ce que l’on a montré l’an dernier. Cela étant, il est relativement conforme à ce qu’on avait malheureusement prédit parce que, quand vous ratez la montée pour un but, c’est un peu la double peine.

Premièrement, vous vous faites piller certains de vos meilleurs joueurs. Et ceux qui sont restés ont inconsciemment un coup au moral. Les recrues qui arrivent arrivent également avec énormément de pression parce que justement, il faut essayer de faire mieux que l’année précédente.

Et quand on se prend les pieds dans le tapis comme on fait au départ de la saison, on est dans une spirale inverse à celle de l’an dernier. Donc c’est un mauvais début de saison, peut-être l’un des plus mauvais depuis bien 15 ans.

“On a eu beaucoup de vent contraire et tous les gens qui jouent contre nous, nous disent que nous avons une belle équipe”


Vous pensez qu’il y a encore un traumatisme chez ceux qui étaient là l’an dernier ?

Oui, ils sont un petit peu amers. Il fallait que ceux qui arrivent fassent un petit peu oublier ceux qui étaient partis, mais c’était mission impossible et je ne leur en veux absolument pas d’ailleurs.

On a recruté de bons joueurs, mais qui se sont mis la pression dès les premiers matchs en disant : nous, on vient pour jouer la montée avec La Roche, car ils sont finis exæquo l’an dernier. Et puis on s’est pris les pieds dans le tapis. Cela étant, je n’ai aucune inquiétude quant à nos capacités pour rester en N2. On a eu beaucoup de vent contraire et tous les gens qui jouent contre nous, nous dit que nous avons une belle équipe. Et je peux dire que nous avons une belle équipe.

Vous personnellement, quel est votre rapport, votre histoire avec le club de la Roche Vendée ?

J’ai toujours évolué dans le milieu du football. Mais le football au bord du terrain. J’ai été une première fois président sur la côte vendéenne à Bretignolles-sur-Mer où on a eu la chance de jouer 8 montées en 15 ans. C’était vraiment fabuleux. J’étais très jeune, c’était de mes 25 à mes 40 ans.

Et puis, il y a une quinzaine d’années, j’ai eu des copains au club de la Roche qui m’ont demandé de les rejoindre. Je suis donc dans ce club depuis 15 ans, avec une première période de 5 ans comme président, puis une période comme partenaire uniquement, puis de nouveaux présidents depuis 5 ans.

On peut remarquer une certaine culture du football en Vendée, c’est quelque chose de très ancré ?

C’est à la fois quelque chose d’intéressant à vivre, car effectivement, on est, je crois, le département en France avec le plus d’équipes en National (N2, N3). On est 7, peut-être 8 dès la saison prochaine. Ça s’explique par le fait qu’on a un esprit de clocher très développé qui est accompagné par des industries plutôt solides aux quatre coins du département. Ce qui fait que chaque ville de Vendée de moyenne importance dispose d’un partenaire solide à côté.

Donc, c’est à la fois passionnant à vivre, mais également, c'est ce qui prive la Vendée d’un club élite. On est en positionnement très concurrentiel les uns par rapport aux autres. Et nous, nous mettons en place un projet qui a vocation à faire les choses différemment par rapport à ce qui se fait aujourd’hui.

Vous auriez aimé que des clubs fusionnent pour avoir un club vendéen fort ?

Oui. Nous, notre projet c’est ça. Notre discours c’est ça. On pense que le modèle économique des clubs va s’effondrer. Il faut dire les choses comme elles sont. Entre les difficultés des collectivités, entre la fuite de certains budgets joueurs et la tension économique générale, on ne croit pas que le modèle actuel va perdurer.

Et donc, il faut imaginer quelque chose qui unit les clubs, les uns avec les autres. Cela existe déjà dans certaines régions. Il faut qu’on s’unisse avec nos voisins qui actuellement ne sont pas partisans de ce projet.

Pour vous, le modèle économique du football français s’essouffle et on est à un tournant ?

Absolument, je ne vois pas comment on va pouvoir tenir avec ce modèle économique qui est basé, à la fois sur nos départements, à la fois sur les aides des collectivités qui sont à bout de souffle et puis une ou deux industries par club. Ce qui fait que les clubs sont tributaires de la santé, mais également de l’humeur d’un dirigeant ou d’un groupe. C’est très fragile.


“À huit jours d’écart, recevoir les célèbres et historiques Girondins de Bordeaux et les non moins célèbres aujourd’hui brestois, c’est un événement majeur pour nous.”

 


C’est pour cela que vous avez créé cet été une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) ?

Absolument, on a créé quelque chose de nouveau. C’est un projet que l’on veut fédérateur sur lequel, pour le moment, on a quelques vents contraires parce que, justement, comme tous les nouveaux projets, il dérange un peu.

Mais on a surtout un vent d’adhésion actuellement, puisque le projet veut qu’on s’unisse en très grand nombre. Il faut attirer des entreprises, des particuliers, supporters du club, mais surtout attirer d’autres clubs. Notre objectif est donc d’associer, dans cette SCIC, de petits ou moyens clubs vendéens pour devenir les copropriétaires de ce futur club. Aujourd’hui, on a déjà environ 25 clubs qui nous ont rejoints. On en espère 50 d’ici la fin de la saison.

Pour revenir au sportif, vous enchainez la réception des Girondins de Bordeaux et du Stade Brestois en Coupe de France. Il doit y avoir un certain engouement en cette fin d’année ?

Effectivement, si on m’avait dit ça il y a un an, j’aurais rigolé. À huit jours d’écart, recevoir les célèbres et historiques Girondins de Bordeaux et les non moins célèbres aujourd’hui brestois, c’est un événement majeur pour nous.

Surtout l’opportunité d’organiser deux belles fêtes. On veut également montrer que, quand il y a de belles affiches, les Vendéens se mobilisent. Pour l’instant, les réservations pour ces deux événements se passent très bien, même si j’ai l’impression que le fait que l’on reçoit Brest la semaine prochaine fait qu’il y a un peu moins d’engouement pour Bordeaux.

On imagine qu’il y a peu de chance que les supporters girondins soient autorisés à se déplacer ?

À priori, sur les réunions que nous avons eues avec la préfecture, les supporters girondins ne seront pas autorisés à se déplacer. Même si le bruit court que certains viendront quand même.

Nathan Hanini

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