Le renouveau marseillais

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Ballotés pendant longtemps au sein de la première partie de classement, loin des Européens potentiels, les Marseillais ont redressé la barre et trustent la 5eme place grâce à une série en cours de 9 matchs sans défaite.

La forme marseillaise depuis le match aller

Le 30 octobre 2016, Marseillais et Bordelais se quittaient sur un triste 0-0 au Stade Vélodrome. Rudi Garcia, à peine arrivé au club, se trouvait face à un chantier conséquent et voyait le mois de novembre lui filer sous le nez avec une seule victoire du bout du crampon face à Caen (1-0), et deux déconvenues face à Montpellier (3-1) et Monaco (4-0). Mais un match nul à Saint-Etienne (0-0) en fin de mois avait stoppé l’hémorragie olympienne en déplacement, et finalement posé les bases d’un mois de décembre plus riche. Avec 4 victoires en 4 matchs pour finir l’année 2016, Marseille avait pu passer de la 10eme à la 6eme place du classement. Ce basculement vers l’avant a permis à l’OM de changer le rythme de sa saison, malgré un visage double en janvier et février entre déroutes face à des adversaires plus forts (1-4 au Vélodrome face à Monaco ; défaite 3-1 à Lyon) et succès solides à domicile (5-1 face à Montpellier ou 2-0 face à Rennes). Parfois costauds, parfois très fragiles comme à l’occasion de cette défaite à Metz début février (1-0) ou de cette humiliation face au PSG à domicile à la fin du même mois (1-5), les Marseillais ont tout de même pu rester dans les clous au classement. 7emes en mars, les joueurs du président Eyraud ont réussi à se stabiliser avec une série de 9 matchs sans défaite en championnat depuis la déconvenue face à Paris. Avec un succès fort à Caen (1-5) et une victoire avec la manière face à une équipe niçoise presque imbattable cette saison (2-1), Marseille reste sur une dynamique vertueuse avant de se déplacer à Bordeaux pour une petite finale pour la 5eme place.

L’effectif marseillais

Souvent critiqué, l’effectif marseillais est en train de prouver qu’il tient finalement la route. Dans les cages, Yohann Pelé retrouve des couleurs après des années de galères. Si l’axe centrale paraît parfois fragile avec Rolando et Rod Fanni, les ailes proposent plus de garanties, surtout d’un point de vue offensif, avec Hiroki Sakai à droite et Patrice Evra à gauche. Le premier nommé est un infatigable travailleur dans son couloir et devrait manquer à son équipe avec sa suspension pour le match à Bordeaux. Evra, pour sa part, retrouve du rythme après quelques matchs compliqués. Au milieu de terrain, Grégory Sertic qui endosse un rôle à la fois de récupérateur et de défenseur central n’a pas réussi à s’imposer en tant que titulaire, barré par William Vainqueur qui allie présence physique et propreté technique ou le jeune Maxime Lopez auteur de 3 buts et de 5 passes décisives pour sa première saison au sein du milieu marseillais. Mais c’est surtout Morgan Sanson dans un profil peu éloigné de celui de Sertic qui a fait la différence depuis son recrutement. Avec 4 buts et 12 passes décisives entre Montpellier et Marseille, Sanson est le meilleur passeur du championnat. En position offensive sur les ailes, si Rémy Cabella peine à émerger (2 buts, 4 passes décisives), Florian Thauvin explose. Avec 15 buts et 8 passes décisives, l’ancien bastiais est logiquement devenu un élément qui intéresse Didier Deschamps pour l’équipe nationale. Des statistiques qui éclipsent celle de Dimitri Payet, recrue phare du mercato, qui peine à retrouver sa verve d’antan à Marseille avec seulement 4 buts et 2 passes décisives en 14 matchs. Dans cette équipe olympienne au visage offensif prononcé, Rudi Garcia peut compter sur un buteur récurrent en la personne de Bafetimbi Gomis. Avec 18 buts, l’ancien attaquant de Swansea est le 4eme buteur de L1, reléguant sur le banc Clinton Njie et ses 4 buts. Avec une équipe redorée par son nouvel entraîneur, Marseille sera un challenge de taille pour les Girondins dimanche à 21H.

L’Équipe possible face à Bordeaux : Pelé - Anguissa - Fanni - Rolando - Evra - Vainqueur - Lopez - Sanson - Thauvin - Payet - Gomis (cap)

Trois questions à... Christophe Champy (Rédacteur en Chef du site Le Phocéen - Ancien journaliste de la chaîne OM TV)

WebGirondins.com : Après une première partie de saison chaotique, Marseille est dans les clous pour décrocher une place qualificative en Europa League. Est-ce la grande réussite de Rudi Garcia ?

Christophe Champy : Évidemment, son arrivée a beaucoup apporté, mais plus globalement ce sont les changements fondamentaux à la tête du club depuis le rachat qui sont marquants, avec le départ d’une équipe dirigeante qui était en fin de course. Le mercato d’hiver a été aussi bien géré avec l’arrivée de joueurs de premier plan. Payet même s’il n’est pas encore à son niveau de l’an passé, Patrice Evra qui est un coup médiatique mais aussi un coup pour donner du leadership et de l’expérience à l’équipe, mais aussi Sanson qui a bonifié le jeu de l’OM ont été de bonnes pioches. L’apport de Garcia se voit par sa façon d’établir un plan de jeu, ce qu’il manquait à Marseille ces derniers temps. Ça n’a pas toujours marché car il y a eu des matchs moyens, mais à domicile on a réussi à faire respecter la logique, celle de l’un des plus beaux effectifs du championnat. En ce sens, heureusement que nous avons réussi à atteindre la 5eme place, car jouer en dessous aurait été un échec. Même si la véritable attente ce sera l’an prochain pour les supporters marseillais. Pour résumer, l’apport de Rudi Garcia et tous ces éléments sportifs et extra-sportifs ont donné une nouvelle cohésion au club.

WebGirondins.com : L’équipe est invaincue depuis 9 matchs. Quels sont les éléments moteurs qui permettent cette série ?

Christophe Champy : Il y a plusieurs éléments, mais dans le domaine offensif, Marseille évolue enfin avec des joueurs à leur niveau. Je pense à Thauvin qui est très bon depuis le début de la saison, à Gomis qui met les ballons au fond, à Payet qui apporte une touche technique incomparable, et à Sanson. Morgan Sanson est le joueur dont Marseille avait besoin au milieu de terrain. Il a mis du liant entre les lignes et fait preuve d’un art de la passe et d’un coup d’oeil étonnants. Il n’est pas spectaculaire, mais c’est quelqu’un qui est capable de toucher ses coéquipiers avec des passes de 40 mètres. Et puis, il faut aussi parler de l’atout Yohann Pelé qui est devenu un des gardiens les plus décisifs de L1 depuis quelques temps. Un milieu qui fait les bonnes passes, des attaquants qui concrétisent et un gardien en forme font les ingrédients de la réussite marseillaise en ce moment.

WebGirondins.com : Comment voyez-vous ce prochain Bordeaux-Marseille ?

Christophe Champy : C’est un match intéressant, même si pour moi l’enjeu n’est pas spectaculaire car il ne s’agit entre guillemets que d’une qualification pour l’Europa League et les deux clubs pourraient et devraient s’y qualifier par le biais du championnat. Ce sont deux équipiers qui jouent au ballon avec deux bons entraîneurs. Jocelyn Gourvennec, pour moi, est l’un des entraîneurs les plus intéressants du championnat, et devrait, selon ma conviction personnelle, devenir un élément majeur en Europe d’ici quelques temps. J’espère qu’on va voir ce type de match agréable à regarder que le football nous propose cette saison tant en Europe qu’en L1. En Coupe d’Europe on voit des matchs à 4-5 buts, et en L1 il y a des rencontres enlevées, c’est une belle évolution footballistique cette saison. Les Bordelais auront l’occasion de voir de bons joueurs marseillais, et côté girondin il y a aussi des joueurs à surveiller comme Malcom qui avait été proposé à l’OM et que l’on n’avait pas pris. Aujourd’hui on s’en mord un peu les doigts car c’est quelqu’un capable de beaucoup de choses et qui est supervisé partout en Eurppe. Je compte sur les deux entraîneurs pour nous proposer du spectacle. J’attache beaucoup d’importance aux entraîneurs et à leur façon de mettre leur jeu en place. Je terminerais par cette observation : il y a tellement de bouleversements à l’OM cette saison que ça pourrait bien être l’année où l’invincibilité bordelaise pourrait tomber. Si je devais parier, je mettrais une petite pièce sur une surprise avec une victoire olympienne après 40 ans de disette.

Par Florian RODRIGUEZ