Une Soupe en Soap

04/11 - 19:53 | Il y a 9 ans

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La Garonne coule doucement à Bordeaux. Son courant berce doucement la belle endormie. Rien ne semble la perturber. Même le temps ne semble plus avoir de prises. La ville s’est habituée à voir son club de foot tomber dans un certain anonymat, sans vraiment de passion, sans vraiment d’ambition et à peine quelques tensions. En Gironde, on se satisfait d’une 6ème place laborieuse, d’un exploit ici ou même d’une désillusion raisonnable. Une qualification heureuse  pour une coupe européenne attire même quelques satisfécits. Bien sûr, il reste toujours un nostalgique ou deux pour nous rappeler qu’il y a 25 ans monsieur  Bez avait fait de ce club un monument, un grand de France. Mais on ne les écoute plus, ou à peine, résigné que nous sommes à vivre nos rêves uniquement en ressassant le passé. Mais la construction du nouveau stade a redonné une certaine lueur d’espoir aux supporters, la nouvelle enceinte allait être synonyme de nouvelles ambitions, il faut bien le remplir ce stade, pensait on naïvement. Le club si calme, si feutré montre des signes de fissures évidentes. Il faut se méfier de l’eau qui dort, elle peut se transformer en soap navrant … 

Le Haillan, ton univers impitoyable … 

Samedi soir, Ajaccio 22H. Les joueurs quittent le terrain après une prestation indigne d’une équipe de foot. Les Bordelais ont littéralement laissé le ballon aux corses mais sans l’intention de jouer le contre. Ce match ressemblait à une longue lamentation où l’issue ne peut se terminer que dans une procession vers le calvaire le plus proche. Le feuilleton commence, voici les quelques personnages principaux, un casting de haut vol. 

Jean Louis Triaud, L’Homme au Chapeau 

Propriétaire d’un domaine viticole, Jean Louis répète, à qui veut l’entendre, qu’il occupe la présidence du club bénévolement. Mal rasé, une cigarette au bec, il hante les tribunes et le Haillan, la mine maussade. A chaque défaite, il se fâche, il rale, il rouspète comme un chiffon de papier dans un théâtre d’ombre, impressionnant les quelques personnages de pacotilles et n’amusant plus guère les passants qui subissent ce spectacle depuis trop longtemps. A son actif, un joli palmarès, à son passif, des années d’inertie et un club qui s’effondre doucement dans un anonymat pathétique. Malgré tout, régulièrement, il parvient à surprendre son petit monde. A peine utilisé l’an passé et guère  convaincant quand ce fut le cas, l’homme au chapeau n’hésite pas à faire resigner Traoré et dans la foulée offre un contrat à Jussie qui enchaine, pourtant, les blessures. 

C’est surtout l’homme de main du propriétaire. Cette fonction l’oblige à quelques cocasseries qui pourraient nous faire rire si nous ne subissions pas, chaque semaine, le match de notre équipe. Après le départ en retraite de Planus, le retour de prêt d’Ilori et la blessure de Sané, l’Homme au chapeau aimait à plaisanter sur la qualité suffisante de l’effectif à pourvoir aux petits problèmes du quotidien. L’effectif est taillé pour l’Europe selon lui, largement capable d’atteindre cette fameuse « 6ème place » qui, soit dit en passant, n’est aucunement qualificative dans l’ordre les choses. Rappelons-le quand même. 

Il se dit sceptique sur les médias, mais il aime en faire le tour. Avec quelques tours de passe-passe et un peu d’ironie, il s’en sort avec les honneurs. C’est l’élément comique (ou tragique) du feuilleton Girondins.

Nicolas de Tavernost, L’homme qui ne parlait pas

Le personnage énigmatique de notre soap. Il est l’homme du chéquier, celui qui décide. Il parle d’ambition et cause chiffon ou l’inverse, on ne sait plus très bien. De temps en temps, il se rend au stade, sourit à la caméra et repart chez lui. On se demande parfois pourquoi il est là. Une question qu’il semble aussi se poser aussi par moment. Il parle peu et quand il le fait c’est pour rappeler la nécessité de l’austérité, du raisonnable. Pas de passion, du raisonnable que du raisonnable …même quand ce n’est plus raisonnable. 

Willy Sagnol, l’homme en sursis ou l’homme du petit dej’

L’an passé, Sagnol se sortait d’une polémique qui l’avait dépassé au sujet du football stéréotypé africain et de son manque d’intelligence. Un an plus tard et débarrassé de cette image guère envieuse, Sagnol ne respire pas plus la sérénité. Sud-Ouest nous apprend que le groupe l’aurait plus ou moins lâché, ne supportant plus ses remarques et les contraintes inhumaines qu’il imposait. Attention, les quelques lignes que vous allez lire peuvent choquer les plus jeunes parmi. Sautez quelques lignes si vous ne vous en sentez pas capable.  Les petits déjeuner étaient collectifs et obligatoires, parfois même y’avait même plus de jus d’orange fraichement pressé. Les joueurs ne comprennent pas les consignes, ou les oublient. De son côté, l’entraineur manque clairement de tact. Quand la composition n’est pas hallucinante, il choisit de placer les joueurs d’une façon assez aléatoire comme s’il avait parié la veille avec copain. « Tu vas voir, je vais leur mettre Poko Ailier droit, c’est tellement gros que ça va passer non ? ». Donc Sagnol aurait et le conditionnel est de mise dans ces circonstances deux matchs pour sauver sa tête. Il va donc renoncer aux croissants et donner des consignes de matchs plus simples. Autant pour les viennoiseries, on peut envisager une solution, autant … 

« Les rebelles » alias Monsieur Touré et Monsieur Prior

Tancé par le public après un match ridicule en Corse, nos deux rebelles auraient pu et dû faire profil bas devant des supporters qui se sont tapés un voyage en avion, de l’attente, un stade champêtre pour voir un spectacle clownesque. On peut comprendre que deux gamins puissent péter un peu les plombs. Dans le dernier épisode de notre feuilleton préféré, la scène se joue à l’aéroport d’Ajaccio. On peut y apercevoir Carrasso tenter de raisonner sa doublure en improvisation d’insultes sous le regard hagard de l’entraineur adjoint  et à coté, comme sur un plan séquence digne d’Hollywood,  Touré qui insulte allègrement une supportrice.  Plutôt que de s’excuser platement, Thomas s’enfonce en prétextant se mettre au niveau des supporters. Donc, on peut imaginer qu’il effectuera son voyage à Sion avec ses propres moyens, qu’il ne sera pas payé pour le déplacement et le match. Il devra même poser un jour de congés pour pouvoir jouer.   

Dans ce contexte, difficile de percevoir une éclaircie ou un petit coin de ciel bleu pour ce match d’Europa League à Sion. Pour le prochain épisode rendez-vous ce jeudi soir à 19h.

Plus belle la vie…en Suisse

Sion, petite bourgade de 32 000 habitants, de l’autre côté des Alpes (il faut admettre que l’autre côté existe …), sur une petite place pittoresque, la vie s’écoule tranquillement. Le FC Sion est leader de son groupe en étant invaincu, solide et sans rien voler à personne. Tout semble se passer parfaitement mais comme dans tout soap, les acteurs ne valent pas le scénario qui lui-même, pourtant, ne vaut déjà pas un clou. On se passera volontiers de l’accent pittoresque pour la touche locale. Intéressons plutôt à l’actualité des rouges et blancs, spécialiste « mondial » de la Coupe de Suisse. Tout n’est pas rose, le président est accusé d’insulte raciste lors du dernier match à Bordeaux. Des arcanes du pouvoir, nous ne connaissons pas grand-chose, soyons honnête. Toujours est-il que l’UEFA  a décidé, en catimini, de ne pas instruire l’affaire, qui, de facto, n’en est plus une désormais. 

En championnat, les suisses paient leur réussite continentale. Sion reste certes cinquième mais perd régulièrement. Dernier exemple en date ? Une déroute 3-0 contre le huitième du championnat Lugano (rien à voir avec Diego, que les choses soient claires). Les supporters s’inquiètent de la fébrilité de leur défense mais aussi de l’animation offensive. Carlitos déçoit et ne semble plus dans les petits papiers des fans. On est assez proche finalement !!!

Le match de jeudi est vendu comme l’évènement de l’année qui offrirait une qualification quasi certaine pour les 1/16ème  de l’Europa League. Le stade de Tourbillon sera rempli, submergé de petit drapeau rouge et le public oubliera vite les petits soucis du quotidien pour soutenir ses gars pour un exploit sans précédent. Mais sur leur forum, les supporters suisses doutent de leur capacité à remplir le stade au vu du prix des billets proposés par le club. Un dernier rebondissement comique ? 9 000 drapeaux perdus dans un stade à moitié vide ? Avec des rires enregistrés ? 

Le groupe Bordelais

Carrasso, Prior - Contento, Guilbert, Pallois, Pablo, Sané, Yambéré - Chantôme, Maurice-Belay, Ounas, Plasil, Poko, Saivet, Traoré - Crivelli, Diabaté, Jussiê, Touré.

A noter le retour d’Ounas qui revient de blessure et de Contento qui dispose d’une nouvelle chance. Diabaté revient également après son but avec la réserve contre Cholet.

Whabi Khazri est suspendu, suite à sa perte de contrôle au match aller.

Pour ne pas louper le prochain épisode, soyez attentif. Rendez-vous ce Jeudi à 19h sur Bein pour le match du dernier espoir. Réaction attendue et espérée, vainement ? Vous le saurez dans le 324578ème épisode de « Haillan, ton univers impitoyable ». 

@LeCartel15

#Europa League