Reims en manque de bulles

27/02 - 06:30 | Il y a 10 ans

© Iconsport

Très irrégulier à l’image de beaucoup d’équipes de L1, le Stade de Reims vit un début d’année tendu avec une absence de victoire en championnat en 2015. 15emes au classement, les Rémois ont perdu leur jeu et manquent actuellement de cohérence collective pour s’éloigner du bas de tableau.

La forme de l’équipe

À l’instar de beaucoup d’équipes de milieu de tableau qui ont réussi à tenir tête au PSG, le Stade de Reims a payé cher son match nul inaugural face au club francilien (2-2, 1ere journée). Le mois d’août qui avait bien démarré avec ce point pris face à l’ogre parisien fut catastrophique avec trois défaites de rang, dont deux revers face à deux promus et concurrents pour le maintien (0-2 à domicile face à Caen, et 4-2 à Lens). Une amélioration tant au niveau du jeu que des résultats avait été ensuite constatée par les observateurs du club malgré une certaine fragilité marquée par quelques déroutes conséquentes (0-5 face à Marseille notamment). Après une fin d’année très correcte, et un jeu intéressant (face à Evian ; 3-2), le club présidé par Jean-Pierre Caillot s’est effondré. Ce dernier, qui avait qualifié dans les colonnes du journal L’Union le match à Nice de « purge » (0-0, 14eme journée), assiste depuis le 3 janvier et une victoire en Coupe de France sur le terrain de Saint-Maur (1-3) au long trou d’air dont est victime son équipe. Aucune victoire rémoise n’est à signaler depuis ce résultat. Pire : cinq défaites, une élimination en Coupe de France, et un nul 0-0 à domicile face à la lanterne rouge messine ont dessiné les mois de janvier et février des Rouges et Blancs. Seul le nul 2-2 sur le terrain de Marseille lors de l’avant-dernière journée apporte une note d’espoir dans le calendrier morose de l’équipe.

Les joueurs, l’effectif

Jean-Luc Vasseur, qui a pris la succession d’Hubert Fournier en début de saison, a de suite cherché à poser son empreinte avec le recrutement. Le coach parisien, qui avait réussi à faire remonter Créteil en L2 et à maintenir le club cristolien, s’est entouré d’hommes côtoyés avec les équipes de jeunes du PSG qu’il entraîna jusqu’en 2011. Une stratégie qui n’a pas payé cette saison car les Valentin Roberge (ex-Sunderland) ou Chris Mavinga (Liverpool, Rennes, Rubin Kazan), respectivement 7 et 8 matchs en championnat, ne sont pas les vrais piliers défensifs que recherchait le coach rémois (le Stade de Reims est la moins bonne défense de L1 avec 42 buts encaissés). Antoine Conté (21 matchs) joue davantage et semble tenir la route derrière et les cadres comme Mickaël Tacalfred ou Kossi Agassa dans la cage sont revenus après avoir été écartés à des moments différents de la saison. Derrière, Aïssa Mandi est un élément important qui permet un retour d’une stabilité défensive relative depuis son retour de la CAN disputée avec l’Algérie. Offensivement, David N’Gog (ex-Liverpool), lui aussi ancien poulain du coach rémois à Paris (avec Roberge et Mavinga), manque de réussite avec seulement 3 buts inscrits. Parmi les titulaires en puissance d’Hubert Fournier, Antoine Devaux et Prince Oniangué sont toujours indispensables, mais le dernier nommé auteur de 2 buts et 2 passes décisives est loin de ses grosses statistiques affichées la saison dernière pour un milieu récupérateur (10 buts et 4 passes décisives). Le départ de Grzegorz Krychowiak qui assurait l’essentiel de la récupération du ballon semble peser et empêcher les Devaux et Oniangué d’apporter ce soutien offensif particulier venu du milieu et qui caractérisait Reims l’an passé. Enfin, Diego Rigonato, milieu offensif/attaquant et ses 4 buts et 4 passes décisives et Benjamin Moukandjo et ses 7 buts (meilleur buteur du club) font partie des éléments les plus décisifs. Avec un effectif honnête, mais quelques joueurs un peu éloignés de leur niveau supposé, Jean-Luc Vasseur connaît des difficultés à faire évoluer son équipe vers des positions plus confortables.

Cliquez sur le nom des joueurs pour les voir en vidéo

Les statistiques

 

L’analyse du jeu : l’exemple de Reims-Metz

Les Rémois pouvaient espérer prendre un peu d’air en s’imposant à domicile face à une équipe messine dans une dynamique très négative. Las, le jeu des Champenois a manqué d’accélération. Sans passer à la vitesse supérieure, en gardant un rythme égal, les joueurs de Jean-Luc Vasseur n’ont pas réussi à se défaire de messins bien organisés. Le jeu proposé par Reims fut marqué par un ballon longtemps porté. Pourtant, lorsque les Rémois ont tenté de dynamiser le jeu ou de toucher un minimum le ballon, de bonnes opportunités se sont présentées. Le côté droit fut le côté fort de Reims lors de cette rencontre avec le latéral droit Aïssa Mandi qui se proposa beaucoup et réussit des centres très propres. Devant lui, Benjamin Moukandjo, positionné milieu offensif droit, repiqua à plusieurs reprises vers le but. Ce positionnement du buteur sur l’aile peut être un danger pour les Girondins si les milieux de terrain ne suivent pas les avancées du joueur camerounais vers la surface. Diego Contento ou Maxime Poundjé devront être épaulés car la liaison Devaux (absent samedi face à Bordeaux), Mandi, Moukandjo orientée sur le côté droit fut à l’origine des meilleures actions rémoises. À contrario, le rythme relativement calme du Stade de Reims obligea Mickaël Tacalfred à pousser quelques actions au milieu de terrain et à participer au jeu. Le défenseur central fut pris par quelques contres sur ce genre d’actions, et connut des difficultés pour revenir sur l’adversaire. Une situation qui obligea Antoine Conté à compenser et Franck Signorino à gagner l’axe en laissant derrière lui un espace très intéressant dans la surface de réparation. Qu’il s’agisse de provoquer l’axe central, et notamment Tacalfred, ou bien de prendre l’espace sur des contres, la matière existe pour des joueurs comme Wahbi Khazri, Nicolas Maurice-Belay ou Thomas Touré friands de duels face aux défenseurs centraux.

Cliquez ici pour voir le résumé de Reims-Metz

 

3 questions à… Timothé Crépin (ancien journaliste pour France Football ou encore L’Union-L’Ardennais - Consultant pour France Bleu Champagne dans l’émission « 100% Stade de Reims »)

Webgirondins : L’équipe de Reims est-elle en réel danger pour le maintien, ou pensez-vous qu’elle dispose d’une avance suffisante par rapport à ce que vous observez chaque weekend (5 points sur Evian) ?

Timothé Crépin : Je ne pense pas que Reims descendra en L2. Très franchement quand je vois les équipes qui sont derrière et certaines très bonnes rencontres que le Stade a pu fournir, je ne peux pas croire à l’hypothèse d’une descente. Ce serait en tous cas historique : aucune équipe n’est descendue avec 28 points au compteur à la trêve. Après, il est vrai que l’année 2015 est catastrophique, je crois d’ailleurs que l’équipe est sur le même rythme que Metz qui est bon dernier. L’excuse valable mais peut-être un peu trop mise en avant par tout le monde au sein du club, c’est que la CAN a perturbé l’équipe. C’est vrai que perdre Mandi, Oniangué ou Moukandjo n’est pas anodin, mais les joueurs sont revenus et cela ne peut pas justifier de relativiser le nul réalisé contre Metz comme cela a été le cas après la rencontre.

Webgirondins : De l’extérieur, on a l’impression que Jean-Luc Vasseur ne parvient pas à imprimer son style sur cette équipe rémoise. Qu’en pensez-vous ?

Timothé Crépin : J’ai envie de défendre un peu Jean-Luc Vasseur. C’est un novice en L1, comme tout le monde il a besoin d’expérience. En début de saison il a tenté des choses notamment à Saint-Etienne ou face à Caen alors que l’équipe n’était pas trop mal, et cela a coûté des points avec deux défaites. Je me souviens notamment de Signorino, le latéral gauche, sorti au profit d’un attaquant, ce qui avait fait basculer le match dans le mauvais sens face aux Stéphanois. Quelques choix ont été mal compris, mais je pense qu’il a appris qu’il ne fallait pas trop faire de folies tactiques en L1. Son erreur a peut-être aussi été de vouloir créer cette connexion avec les recrutements d’anciens jeunes du PSG comme Roberge et Mavinga qui sont aujourd’hui de vrais flops, il faut le dire. Si on ajoute N’Gog qui ne fonctionne pas très bien, et que l’on ajoute cela à la mise sur le côté de cadres comme Tacalfred au début de saison, cela a posé question à Reims. Il se dit qu’en hautes sphères, le président Caillot grince un peu des dents vis-à-vis du coach et qu’il est monté au créneau pour réintégrer le capitaine Tacalfred par exemple. Mais Jean-Pierre Caillot est quelqu’un qui laisse du temps à ses entraîneurs, comme il l’avait fait avec Hubert Fournier à une époque où les résultats ressemblaient à ceux d’aujourd’hui. Finalement, Jean-Luc Vasseur en est à sa première saison, ce n’est jamais simple, mais je me demande s’il faut lui laisser une chance d’asseoir son projet ou si la marche de la L1 est trop haute pour lui, je suis partagé. Par exemple, je pense qu’il manque de mordant. Le coach donne l'impression de voir tout très beau dans le meilleur des mondes, cela peut agacer. Et il se dit que le vestiaire commence à ne plus être très en phase avec lui… Je ne dis pas qu’il faudra changer de coach, mais c’est à surveiller.

Webgirondins : Comment voyez-vous ce Bordeaux-Reims ?

Timothé Crépin : Je regarde de temps en temps Bordeaux, et pour suivre Reims de manière pointue, je ne vois pas comment Bordeaux ne pourrait pas gagner. Sur la forme du moment je me pose la question car Bordeaux semble bien revenir et Reims n'y est absolument pas. Cela dit, tout n’est pas à jeter à Reims car la défense commence à sortir la tête de l’eau, mais c’est maintenant l’attaque qui est défaillante. Je ne dis pas que Carrasso va passer une soirée tranquille, mais pas loin. La place d’attaquant de pointe devrait se jouer entre De Préville et N’Gog avec Charbonnier en retrait, mais pour l’instant, offensivement, Reims n’est pas dangereux. Après, c’est aussi une équipe qui retrouve des couleurs face aux grosses équipes, et je classe Bordeaux parmi les bonnes équipes du championnat. Ce serait limite frustrant de voir l’équipe se surpasser et ramener un résultat de Bordeaux et savoir qu’elle est ensuite capable de produire des matchs comme celui réalisé face à Metz le weekend dernier.

FR POUR WEBGIRONDINS

#Ligue1