Carnet d’entraînement : Garder le contrôle

13/04 - 15:21 | Il y a 8 ans
Carnet d’entraînement : Garder le contrôle

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Vendredi 13 avril 2018 - Le Haillan : À deux jours d’un déplacement périlleux à Montpellier, les Girondins ont travaillé entre une opposition simple et un atelier de frappes au but après contrôle. Dans la bonne humeur et sous un soleil enfin de printemps, Bordeaux s’est appliqué à continuer son travail pour marquer davantage.

 

Les joueurs girondins sont enthousiastes et galopent à pleins crampons, traversant la zone crayeuse entre les vestiaires des équipes réserves et les terrains synthétiques parallèles. La plupart s’arrêtent saluer les jeunes qui sortent de leurs structures. Mais le coup de chaussure est franc, à l’image de Pablo et de ses crampons à grandes dents, filant avec ses camarades vers le dernier terrain, celui situé face au parking des supporters. L’entraînement de l’avant-veille de match ne se situe pas aujourd’hui sur l’ancien terrain de la CFA, comme à l’accoutumée. Les habitudes changent brusquement. Regroupés à l’entrée du terrain, autour de Gustavo Poyet, les joueurs écoutent le briefing de l’entraîneur dans le calme. Très peu de spectateurs sont présents à 10h malgré un franc soleil et la vision d’un ciel bleu devenu rare ces derniers mois en Gironde. L’ambiance semble elle aussi au beau temps. Younousse Sankharé tient Diego Contento par les épaules, tout comme Valentin Vada avec Jonathan Cafu. « Allez avec Eric » décrète Gustavo Poyet après avoir communiqué auprès de ses joueurs. Lukas Lerager assène une tape amicale derrière la tête de François Kamano et lui serre la main. Les joueurs sont partis pour un échauffement dans le sens de la largeur, sur une quinzaine de mètres près de l’entrée de ce terrain en contrebas du parking visiteurs. Les genoux montent haut de côté, l’un après l’autre, tout en accélérant. Viennent ensuite des accélérations brèves en reculant avant de se retourner et de placer un sprint court.

 

Paulo Grilo, l’entraîneur des gardiens règle sa mini-caméra et place son trépied au bon endroit avant débuter la séance avec ses joueurs. Non loin de là, Costil, Mandanda, Poussin et Rouyard forment un petit cercle et font circuler deux ballons via des passes rapides à la main. L’exercice continue, mais les gardiens sont en mouvement et échangent leur places. Pendant que deux toros se font formés à l’opposé pour la fin de la mise en route des joueurs, les gardiens poursuivent leur mise en condition. L’un des trois gardiens se positionne face aux autres qui enchaînent les petites volées pour leur partenaire. La douceur qui règne au dessus du Haillan donne une tonalité très détendue au moment. Gustavo Poyet passe à proximité des gardiens, s’amène un ballon et commence à jongler tout en marchant avec une grande aisance, pied droit, pied gauche. Tout en se dirigeant vers les toros, l’entraîneur bordelais qui avançait parallèlement aux cages, se retourne et place une volée qui termine dans le but vide. Chez les gardiens, deux ballons sont au sol. Paulo Grilo crie « gauche » à Benoît Costil qui plonge sur le ballon devant lui et se relève pour saisir à deux mains une passe avec rebond faite à la main par Paulo Grilo. La séance s’intensifie pour les gardiens qui sont maintenant gênés par deux gros mannequins gonflables et doivent repousser des frappes à gauche et à droite distillées par un Paulo Grilo positionné très près de sa caméra sur trépied.

 

Du côté des toros, la bonne humeur est au rendez-vous. Meïté chahute avec Sabaly au moment de lui céder sa place au centre du jeu. « Très bien Costil » s’enthousiasme Paulo Grilo avec sa grosse voix à l’accent lusitanien prononcé avant d’enchaîner par un « très bien Gaëtan magnifique, super » à l’adresse de Gaëtan Poussin. Gustavo Poyet siffle énergiquement et se rapproche de la moitié du terrain, près d’une première cage délimitant un espace pour une opposition. « Mettez les ballons là-bas, on a besoin de ballons » demande fermement l’entraîneur des Girondins. Un groupe de joueurs rejoint la moitié de terrain consacrée à l’opposition et s’échangent quelques passes simples. Mauricio Taricco distribue des chasubles et compose deux premières équipes. Poussin garde les cages derrière Baysse, Sabaly, Contento, Sankharé, Lerager, Malcom et De Préville. Face à eux : Costil, Poundjé, Pablo, Otavio, Plasil, Kamano, Cafu et Laborde. L’opposition est libre et débute par une frappe lourde de Cafu qui laisse Gaëtan Poussin au sol pendant deux ou trois minutes avant de se relever sans dommages. Kamano ouvre le score pour l’équipe des chasubles jaunes d’un tir croisé depuis le côté gauche. À quelques mètres de cette opposition, les autres joueurs sont supervisés par Gustavo Poyet. Deux joueurs sont positionnés dos à deux mannequins rouges très légers. L’un d’eux fait mine de faire un appel de balle avant de décrocher pour proposer une solution d’appui à un premier passeur en retrait et la réalisation d’un une-deux. Ce dernier lance directement le deuxième joueur qui fait un appel-contre-appel pour se retrouver dans le sens du but. Après un contrôle, la frappe est attendue. Lewczuk, Koundé, Meïté, Pellenard, Vada et Braithwaite font partie du petit groupe qui inaugure l’atelier. Suite à un contrôle un peu trop long, Lewczuk trouve Mandanda sur sa route. L’international polonais en rajoute volontairement en tombant. « Pénalty » ironise Gustavo Poyet placé au niveau des premiers passeurs pour avoir le jeu face à lui. Meïté marque d’une frappe croisée à mi-hauteur. « Bien Sou, bien » félicite Gustavo Poyet. Théo Pellenard marque du pied gauche malgré la sortie de Rouyard à son encontre et se fait lui aussi féliciter par l’entraîneur. Braithwaite contrôle le ballon, se l’amène et marque après avoir dribblé le gardien. Vada contrôle et frappe de l’extérieur sur la barre. Gustavo Poyet siffle et les joueurs de l’opposition comme ceux de l’atelier de frappes se rejoignent au milieu de terrain pour boire. Le temps semble s’étirer. « Papa c’est la mi-temps ? » demande un enfant à son père avec qui il regarde l’entraînement. 

 

Sankharé, Baysse, De Préville, Lerager et Contento sont passés à la frappe. Malcom, lui, est resté du côté de l’opposition et rejoint l’équipe de Pellenard et Braithwaite. Le jeu reprend et Laborde a rapidement l’occasion de marquer. Après une feinte de frappe mettant Koundé sur les talons, l’attaquant girondin tape instantanément sur le poteau et se prend la tête entre les mains. Mais une occasion de se racheter arrive rapidement pour Laborde qui tente de dribbler Poussin après avoir été lancé en profondeur. Le jeune gardien girondin jaillit et capte le ballon. Un « marque Gueguette » surgit du groupe de joueurs. Du côté des frappeurs, Sankharé marque après un dribble en double contact devant Rouyard. Gustavo Poyet arrête ses joueurs quelques instants et demande plus de précision dans les ballons donnés. Le jeu repart et le coach se réjouit de la première bonne passe : « Ça c’est un bon ballon, ça c’est un but. » « Ouais » hurle Mandanda qui fuse dans les pieds de Paul Baysse à l’entrée de la surface. Un ballon mal donné reste dans les talons de Diego Contento qui, sans élan, place une frappe retentissante du pied gauche sur la barre transversale. « Allez les bleus on ne lâche pas » encourage Fernando avec une petite voix du côté du match. Un nouveau coup de sifflet retentit et les joueurs vont de nouveau boire. Le temps de latence semble de nouveau s’étirer sous les yeux d’un public beaucoup plus fourni qu’en début de séance. L’opposition reprend. Braithwaite est chassé par Baysse et garde la possession du ballon malgré un tacle offensif de son adversaire. L’ancien toulousain, qui attaque dos à la route qui longe le centre d’entraînement, percute et se défait de plusieurs adversaires avant de servir Vada à gauche dont la frappe enroulée fuit le cadre. 

 

Un « frappe Igor » surgit au milieu des joueurs, et le défenseur polonais, au milieu de terrain, s’exécute. La main ferme de Poussin repousse cette frappe forte cadrée mais trop axiale. Braithwaite toujours en jambes, déborde côté gauche et centre pour Malcom en retrait. Le Brésilien jette un coup d’oeil rapide et place une frappe légèrement enroulée, très forte. Poussin est battu mais Contento a la tête dure et dégage sur sa ligne. « Oh bien joué Diego » s’enthousiasme Gaëtan Poussin en se relevant. Les bleus dominent et finissent par concrétiser sur une frappe rasante de Vada dans le petit filet. Chez les jaunes qui sont sur les frappes au but, Pablo tire mollement à côté. Plasil enlève trop sa frappe. Laborde marque de près. Tout comme Poundjé au premier poteau après s’être amené le ballon. « Davy, Davy s’emporte légèrement Gustavo Poyet devant la sortie de Davy Rouyard. Il faut sortir sinon c’est facile. » Malgré sa grande taille, le jeune gardien tranche avec la tonicité de Mandana et encaisse deux lobes, un d’Otavio chambré de loin par Fernando et un autre de Poundjé. Le jeune homme semble atteint moralement mais se ressaisit en plongeant dans les pieds de Laborde. Gustavo Poyet arrête le jeu et montre la façon d’amener l’action grâce à une passe nette, fusant sur le gazon. Un geste technique simple et parfaitement exécuté qui se différencie de quelques passes à rebonds ou approximatives réalisées depuis le début de la séance. L’entraîneur des Girondins demande aussi à ses passeurs de s’adapter à l’appel de balle qui peut être soit réalisé à l’extérieur du mannequin ou à l’intérieur, que cela soit sur le mannequin le plus à droite ou le plus à gauche.

 

Gustavo Poyet s’agace de nouveau après un but encaissé par Davy Rouyard : « Come on Davy ! T’as peur du ballon ? » Le jeune gardien bordelais laisse sa place dans le roulement à Mandanda, tout en baissant la tête. Gustavo Poyet siffle et envoie ses joueurs à la pause : « allez boire de l’eau. » Les hommes du club bordelais ne se font pas prier et on entend les bouteilles plastiques s’écraser sous la pression des doigts à mesure qu’elles se vident. Pendant que les joueurs sont regroupés et récupèrent tranquillement au centre du terrain, Gustavo Poyet abat un travail rapide et efficace en débarrassant les trois mannequins rouges et en plaçant les deux gros mannequins gonflables au niveau du point de pénalty. Costil, Pablo, Sabaly, Contento, Sankharé et Otavio en ont fini avec l’entraînement. Ces mouvements des joueurs vers la sortie déclenchent un mouvement massif du public présent qui se dirige aussi vers la sortie pour espérer quelques photos et autographes. Sabaly et Costil se prêtent avec patience au jeu. Pellenard et Baysse profitent d’un filet de tennis-ballon tendu près de la main-courante et des coupelles délimitant le jeu pour démarrer un duel sous le regard de Mauricio Taricco et Gaëtan Poussin. Paul Baysse tape dans le filet et s’invective : « Oh non, trop facile, j’ai pas le droit. » Les joueurs restants entourent Gustavo Poyet face aux cages où Mandanda et Rouyard attendent le début des opérations. Un joueur se situe au niveau d’un mannequin à l’entrée de la surface de réparation et doit se retourner au moment de la passe pour frapper sans contrôle. Des challenges sont lancés et après plusieurs ratés face aux gardiens, les joueurs entament des pompes. François Kamano dans un style peu académique ne descendant pas sur ses bras et gardant le torse en hauteur ne réalise pas les pompes en bonne et due forme. 

 

La série redémarre. Nicolas De Préville frappe au dessus après un rebond et montre le sol avec le sourire après un cri collectif de désapprobation de ses partenaires. Malcom frappe du pied gauche mais un des mannequins imposants contre son tir qui semblait partir vers le but et termine finalement à côté. Les joueurs sont repartis pour des pompes et semblent les enchaîner. Braithwaite marque d’une frappe croisée du pied droit. De Préville marque d’une frappe en force en lucarne. Malcom croise du pied gauche poteau opposé et Cafu l’imite du pied droit de l’autre côté. Jules Koundé enroule à mi-hauteur et marque. Les filets n’arrêtent plus de trembler. Davy Rouyard, Over Mandanda dans les cages, et Gustavo Poyet au niveau des joueurs, entament à leur tour une série de pompes. « Allez, une touche, même si vous la laissez partir au sol » explique Gustavo Poyet qui a regroupé les ballons et les donne à la main en hauteur pour des reprises de volée ou demi-volée. Vada marque en lucarne et bombe le torse, exultant très fièrement. Après quelques séries, les ballons sont envoyés sur le côté droit et Mauricio Taricco se place en tant que centreur. Les joueurs négocient le nombre de frappes avec Gustavo Poyet. Les ballons envoyés par Mauricio Taricco sont propres, bien ciselés. On reconnaît l’ancien joueurs professionnel au poste de latéral. Vada trouve le poteau de Rouyard et obtient un « bien joué Valé » chambreur de Mandanda. Malcom place une volée du gauche qui part à côté et pousse un « oh non » de dépit.

 

Du côté du tennis-ballon, Paul Baysse vient de remporter son match face à Gaëtan Poussin qui avait pris la place de Théo Pellenard. Taquin, le défenseur central bordelais vient serrer la main du jeune gardien et enchaîne : « Merci d’être venu. Merci de bien enrouler le filet. » Le rangement du matériel sera pour Poussin. Du côté des frappes, Laborde prend mal le ballon et son tir avec rebond, en manque de puissance, est dévié dans les buts par Rouyard qui déclenche une nouvelle fois le dépit de Gustavo Poyet qui se tape dans la main et enrage : « Davy c’est quoi ça ? » « Allez, dernière, concentration » prévient le coach bordelais. Après quelques frappes à tour de rôle, l’entraîneur demande aux joueurs de cesser pour ranger la cage présente au milieu de terrain. « Allez Cafu, Jules venez aider » demande Gustavo Poyet qui insiste en durcissant légèrement le ton devant l’absence de réponse de Koundé obnubilé par les quelques frappes restantes à effectuer. Difficilement, Mandanda et Rouyard ramènent les mannequins imposants vers l’entrée du terrain où un petit fourgon attend pour ingurgiter le matériel. Cafu qui a pris la direction du retour aux vestiaires s’arrête quelques instants pour prendre des photos avec un groupe d’enfants et de jeunes adolescents, tout sourire. Sur le terrain, Malcom, De Préville, Koundé et Meïté restent pour profiter de quelques frappes lointaines sous le soleil. Un ballet presque habituel pour les joueurs qui devront maintenant automatiser leurs victoires jusqu’à la fin de saison pour rendre moins terne un exercice 2017-2018 très compliqué.

 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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