Carnet d’entraînement : Pas encore les vacances

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Vendredi 30 mars 2018 - Le Haillan : D’abord harcelés par la pluie et le vent froid, les Girondins ont courbé l’échine et travaillé la précision sur les centres lors de plusieurs oppositions. Les attaquants ont ensuite terminé face aux buts, sous un soleil timide.
Le vent souffle fort sur la plaine du Haillan qui porte son nom à merveille ce vendredi 30 mars. Les parapluies, même les plus robustes, servent avant tout de paravent malgré les gouttes d’eau qui tombent froidement et s’écrasent lourdement sur l’ancienne pelouse de la CFA des Girondins. Gustavo Poyet et son staff ont de nouveau délocalisé leur dernier entraînement de la semaine sur cette pelouse en souffrance par endroits, à l’image de la zone parallèle à l’entrée où les gardiens ont l’habitude de s’échiner et qui représente aujourd’hui une vaste marre de boue. Trois mètres à droite de cette chienlit herbeuse, les gardiens sous les directives d’un Paulo Grilo déjà en forme malgré les bourrasques et la pluie, enchaînent les plongeons. Les uns après les autres, tous habillés d’un coupe-vent, Costil, Mandanda et Poussin sautent à mi-hauteur pour capter les ballons envoyés à la main par leur entraîneur particulier. Dans leur dos, vers le centre du terrain, Mauricio Taricco avec son bonnet fétiche sur la tête, observe son collègue gérer les gardiens. Face à une rangée de ballons, Mauricio Taricco fait quelques jongles, shoote dans un ballon, discute avec un intendant technique à ses côtés et observe les gardiens mains dans les poches, tuant le temps en attendant que les joueurs fassent leur apparition. Paulo Grillo fait une pause et règle une petite caméra fixée sur un trépied qui fait face aux gardiens et semble les enregistrer pendant ce moment de la séance. C’est reparti. Les gardiens, toujours à tour de rôle, plongent sur un ballon immobilisé au sol, puis se relèvent pour plonger sur un tir rasant adressé par Paulo Grilo. « Ouais Costil, bien joué Costil » tonne l’entraîneur des gardiens bordelais avec un accent portugais très prononcé.
Entre les averses mariées au vent, le ciel noir menaçant laisse place à de courtes périodes d’accalmie où le soleil semble vouloir se faire une timide place. Les joueurs et le staff déboulent sur la fin d’un passage climatique plus tranquille alors que le temps recommence à s’agiter. Les cache-cols et les collants sont encore de sortie pour des joueurs pas encore prêts à se découvrir. Gustavo Poyet est en tête et mène l’ensemble de son groupe. Survêtement matelassé sur le dos, l’entraîneur bordelais laisse tomber son bloc-notes au sol près d’un petit tas de matériel et rejoint Mauricio Taricco. Yassine Benrahou arrive avec un gros sac de ballons. Zeydou Youssouf dépose les bouteilles d’eau à l’entrée du terrain. Après un court moment à tapoter le cuir, les joueurs sont appelés par Gustavo Poyet qui les dirige vers la ligne de ballons. « Allez, deux joueurs sur le ballon » précise Fernando. L’un des deux joueurs prend la balle et part sur cinq mètres en conduite pour rejoindre un coéquipier situé en face qui fait le chemin inverse pour trouver le joueur déjà en place et qui lui fait face. Toutes les surfaces du pied sont utilisées. Les aller et retour se font maintenant en jonglant. Le vent change un peu les trajectoires des ballons qui forcent les joueurs à être plus attentifs. Une averse violente, faite de gouttes venant claquer fortement sur les parapluies, et accompagnée d’un vent soutenu, pointe son nez. Gustavo Poyet se déplace en pas de côtés, pour éviter le vent, tête rentrée. Otavio qui est repassé comme tous ses partenaires à une conduite de balle simple, fronce les sourcils. La pluie ruisselle sur le font de Paul Baysse.
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— Web Girondins (@webgirondins) 30 mars 2018
Gustavo Poyet qui s’est emparé de son cahier en forme de bloc-notes appelle les joueurs, énonce les prénoms et constitue des équipes. Chacun se saisit de sa chasuble tendue par Mauricio Taricco. Plasil grimace, et se réchauffe comme il peut en cachant ses mains dans ses bras de survêtement. L’international tchèque se situe dans un groupe près de l’entée du terrain. En compagnie de Poussin, Laborde, Koundé, Baysse, Vada, Poundjé et Kamano, le milieu central des Girondins entame un toro avec un seul joueur au centre. À quelques mètres d’eux, débute une opposition sur demi-terrain. Mandanda est le gardien d’une équipe composée de Verdon, Pablo, Gajic, Contento, Lerager, Sankharé, Benrahou, Cafu et De Préville. Face à eux : Costil, Lewczuk, Meïté, Sabaly, Pellenard, Tchouaméni, Youssouf, Malcom, Braithwaite et Nilor. Le jeu démarre et Mandanda, dans la cage la plus proche des joueurs effectuant le toro, donne de la voix, de manière affirmée. Les oranges de l’équipe du jeune frère de Steve Mandanda ouvrent le score sur une frappe de près de Sankharé et insistent sur l’action suivante avec De Préville qui remet pour Benrahou dans la zone de surface. Le jeune milieu offensif girondin tente de maîtriser le ballon en hauteur en jonglant difficilement mais Souhalio Meïté intervient physiquement et s’empare du ballon pour relancer. « Serre, serre, fais jouer. » Chacun donne de la voix, guide. Le jeu est vivant et les duels commencent à s’intensifier. Mauricio Taricco, en chasuble rouge, se situe au coeur de la circulation et suit les mouvements, distribuant de petits conseils à la volée.
Théo Pellenard déboule sur son côté gauche et centre pour Mickaël Nilor qui tape le ballon de la tête en le piquant. Over Mandanda dévie la frappe mais ne peut empêcher le but. Le gardien bordelais pousse un juron, déçu de ne pas avoir réussi à mieux faire. Pas le temps de souffler pour les oranges et Sabaly prend le couloir, monte au maximum, jette un coup d’oeil et voit Tchouaméni en retrait. L’international sénégalais met un ballon précis pour le jeune milieu axial des Girondins qui frappe et trouve la base du premier poteau. Le jeu ne s’arrête pas et Cafu tente de protéger un ballon en phase défensive devant un pressing agressif de Sabaly. Les deux joueurs tombent. Gustavo Poyet siffle et félicite ses joueurs : « Bien joué les deux. Bien, bonne défense. » Les contacts deviennent virils et Lewczuk se débarrasse du pressing de Cafu dans sa surface grâce à un contact avec l’épaule qui repousse le joueur offensif brésilien. C’est l’occasion pour les joueurs sans chasuble de contrer et Malcom déboule à pleine vitesse, double Pablo qui tente un tacle désespéré. Le défenseur central brésilien touche l’arrière du pied de Malcom qui prend encore plus de vitesse et marque d’une pichenette en tombant face à Mandanda. « Ah.. aïe, aïe. » Le milieu offensif brésilien des Girondins se relève et vient s’allonger derrière les buts, gémissant et se tenant la cheville. Gustavo Poyet siffle énergiquement et se rapproche du groupe du toro : « Allez on change. » Malcom est pris en charge par le kiné David Das Neves qui lui applique une pression de bombe fraîche sur la cheville. Les joueurs du toro, en chasubles jaunes, ont à peine le temps de s’installer dans l’opposition que Benrahou centre pour Sankharé qui fouette un ballon de sa tête aux cheveux blonds décolorés qui oblige Poussin à se détendre à l’instar des gestes travaillés dès le début d’entraînement.
Baysse, Koundé et Otavio jouent presque à trois derrière tandis que Poundjé et Nilor effectue le travail de pistons chacun sur une aile. Kamano, Vada et Plasil jouent sur la largeur du milieu et Laborde en pointe. En périphérie des joueurs, un homme bonnet sur la tête, et habillé du survêtement des Girondins se précipite sur chaque ballon fuyant l’espace de jeu pour le ramener près des joueurs. « Allez, joue, joue le ballon » demande Gustavo Poyet qui observe avec Eric Bedouet et Fernando depuis le bord du terrain, dos à la main-courante. Les joueurs s’appliquent à chercher un partenaire démarqué sur chaque centre, à l’image de Contento qui ajuste un ballon parfait pour Sankharé, dans le dos des défenseurs centraux, mais la tête du milieu girondin finit à côté des buts. La pluie n’a plus fait son apparition depuis de longues minutes et quelques rayons de soleil redonnent un peu de gaieté. Une gaieté partagée par les joueurs du toro qui enchaînent les cris et les rires. L’opposition est toujours aussi engagée et Baysse touche un ballon en taclant et concède le but. Le défenseur girondin enrage au moment de se replacer. Sous les yeux des joueurs de toro qui patientent désormais et observent leurs coéquipiers, Cafu enfonce le clou pour l’équipe orange et marque d’un tir croisé. Gustavo Poyet siffle, et les oranges prennent leur place au sein du toro. Pas le temps de s’assoupir et le match recommence. Les bleus de Meïté entament fort leur opposition face aux jaunes et l’ancien lillois prêté par Monaco trouve Malcom en taclant, au bout de sa montée. Le joueur brésilien des Girondins marque d’un tir serein en contre-pied.
L’équipe jaune croit être revenue au score sur une frappe de Laborde à bout portant face à Costil. Les joueurs aux couleurs bleues marine protestent. Eric Bedouet, en bord de jeu, tranche et refuse le but pour hors-jeu. « Quoi ? Depuis tout à l’heure tu dis rien » enrage Gaëtan Laborde en regardant son préparateur physique d’un air sévère. Ce dernier rétorque : « Tu rigoles ? Il y a trois mètres de hors-jeu. » Valentin Vada, au milieu de terrain, augmente la pression ambiante et hurle à son tour en direction d’Eric Bedouet : « Oh Eric, y’a pas hors-jeu là !! C’est quoi ça ? » L’emballement du joueur girondin envers son préparateur physique n’est recadré par personne, et seule la reprise du jeu assez rapidement après quelques palabres permet de passer à autre chose. Très calme et discret, Yassine Benrahou qui fait sa séance avec sobriété et est resté pour équilibrer l’équipe jaune qui était en infériorité numérique marque côté gauche d’une frappe croisée. Mauricio Taricco siffle une charge sur Kamano. « Non » proteste le joueur prêté par Monaco avec un sourire au coin des lèvres. Kamano frappe à bout portant sur Costil qui écarte ses jambes et se laisse tomber au sol tout en restant avec le buste droit et contre le ballon de la poitrine. Laborde récupère le ballon et frappe mais Tchouaméni sauve sur sa ligne. Du côté des oranges, toujours en plein toro, l’ambiance est à la franche camaraderie et Contento fait des pompes sous l’air hilare de De Préville. Trois coups de sifflets retentissent sur le terrain. Les bleus à l’image de Lewczuk applaudissent. Tandis que Fernando et Paulo Grilo reculent l’un des buts pour le placer en fond de terrain, près de la marre de boue, le groupe se réunit autour de Gustavo Poyet qui égrène les prénoms. La cage qui représentait la cage ultime du terrain sur le dernier jeu, devient la première cage pour d’autres oppositions à venir sur la dernière moitié de terrain. L’air fatigué, Pablo quitte la séance, exempté de la suite, rapidement suivi par Poundjé, Gajic et Sabaly.
Pendant quelques instants, Gustavo Poyet fait les cent pas, discute avec Paulo Grilo, puis distribue des chasubles. Une équipe prend place sur le terrain d’opposition tandis que les attaquants accompagnés de Meïté attendent en groupe face aux buts. Gaëtan Poussin se place dans les cages et constate en regardant la pelouse dévastée face à lui que les enchaînements ne seront pas des parties de plaisir : « Eh ben, je vais plonger là-dedans… Ça va être beau, on va bien rigoler. » À l’opposé, Benoît Costil joue avec les bleus de Lewczuk, Baysse, Contento, Otavio, Sankharé, Lerager, Cafu et Plasil et Over Mandanda défend le camp des jaunes de Koundé, Pellenard, Verdon, Tchouaméni, Vada, Nilor et Benrahou qui évoluent en infériorité numérique. Le jeu débute par un but serein de Nilor qui croise sa frappe face à Costil. Du côté des joueurs offensifs, Gustavo Poyet qui vient d’arriver après avoir briefé les joueurs de l’opposition, se place dos au but et effectue des une-deux en dehors de la surface avec ses attaquants qui doivent frapper après l’enchaînement. Après un temps d’action assez bref au niveau de l’axe, les joueurs s’excentrent à gauche pour rentrer sur le pied droit. Kamano touche le deuxième poteau, et De Préville place une frappe violente qui heurte le haut du premier poteau. Gaëtan Poussin se détend sur des frappes de Laborde puis Malcom. « Bien joué Poussin » tonne Paulo Grilo avec sa voix de stentor.
Les bruits métalliques de ballons venant taper dans les barres tenant les filets de protections lors des frappes hors-cadres sont les plus présents. Puis les claquements du gant ferme de Poussin sur une frappe au sol de Kamano et sur une demi-volée de Braithwaite retentissent. « Bien Gaëtan » s’enthousiasme Paulo Grilo qui s’avance pour se positionner derrière les buts. Un nouveau poteau est trouvé par un joueur girondin et Paulo Grilo appuie ses encouragements à son gardien : « C’est bien, le poteau, c’est un arrêt. » Gaëtan Laborde frappe sèchement plein axe et Poussin s’allonge dans la fange pour détourner la frappe rasante. Les joueurs se sont excentrés sur la droite, et Gustavo Poyet mime une forme de pression après son une-deux. Meïté marque dans un deuxième temps après avoir vu sa tête piquée repoussée par Gaëtan Poussin. Trois coups de sifflets viennent mettre un terme à l’opposition brève qui s’est déroulée au fond du terrain. Meïté frappe sèchement du pied gauche et Gaëtan Poussin, main ferme, repousse le ballon. « Bien joué Poussin » insiste Paulo Grilo avec sa voix rude. « C’est bon là je suis parti » se motive le jeune gardien girondin avec une pointe d’humour. Les bleus qui en ont fini avec l’entraînement prennent congé. Paul Baysse, visage fermé, tête un peu basse, se dirige vers la sortie et suit Benoît Costil. Tandis que toute l’équipe jaune est positionnée sous une cage et la déplace pour la ranger de l’autre côté de la main-courante, Valentin Vada s’est précipité pour participer aux frappes avec ses coéquipiers.
Les tirs s’enchaînent. Malcom enroule un ballon et Poussin le sort d’une manchette. Après avoir dévissé sa première frappe, Vada marque d’un tir fusant et exulte, bras en l’air, avant de quitter ses coéquipiers. Tandis que Lerager et Meïté se taquinent et s’en vont, bras sur les épaules, Mandanda a pris la place d’un Gaëtan Poussin qui a beaucoup donné et s’envole pour sortir une frappe de Youssouf. « Bien ! » Gustavo Poyet donne trois coups de sifflet et montre la sortie à ses joueurs. Koundé, Nilor, Youssouf, Benrahou et De Préville, en dehors de la surface, restent pour se jauger sur quelques frappes. « Bien » dit Gustavo Poyet après une frappe. Gaëtan Poussin qui en veut encore est revenu dans les cages et s’exclame : « Non pas bien, coach, c’est sa centième frappe. » L’entraîneur girondin amusé par la remarque s’esclaffe. Benrahou trouve la barre sur un coup-franc lointain. Petit à petit, Gustavo Poyet renvoie les joueurs et les oblige à cesser la séance. Le jeunes, en groupe, restent et regardent De Préville s’échiner à frapper de loin. « Pourquoi Nico il a encore le droit de frapper ? » Jules Koundé, en position d’observateur, s’interroge. Malicieux, Gustavo Poyet trouve la parade : « Parce que c’est un attaquant, toi t’es un défenseur. » « Eric ! » L’entraîneur bordelais interpelle Eric Bedouet en montrant de la main le centre de vie des professionnels au loin. Le préparateur physique des Girondins rebondit sur la demande du coach et incite les jeunes joueurs encore sur la pelouse à la quitter pour s’acheminer vers les vestiaires. Après quelques frappes en s’éloignant de plus en plus, toujours à ras-de-terre, et qui ont fait mouche pour la plupart d’entre elles, De Préville se décide enfin à cesser l’entraînement. Le terrain, excentré, est à nouveau désert et livré à lui-même, sous un soleil qui a pris le pas sur les nuages lourds du début de séance. Des nuages gorgés d’une pluie giflante qui ont rendu la séance inconfortable et ont bien rappelé aux joueurs Girondins qu’un état d’esprit combatif était toujours à l’ordre du jour pour finir la saison sans encombre… Rendez-vous dimanche à Guingamp.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan