Carnet d’entraînement : Tennis-ballon avant Saint-Etienne

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Vendredi 4 mai 2018 - Le Haillan : À deux jours d’un déplacement intéressant pour la fin de saison à Saint-Etienne, les Girondins ont pratiqué des toros et des tennis-ballon pendant la majorité de la séance du jour. Même les gardiens ont pris part au jeu.
Le soleil brille sur Le Haillan et la pelouse du terrain se situant près du parking des visiteurs est rayonnante. Non-loin de là, l’impression de désordre règne avec les camions de chantier, les grilles et la poussière autour des vestiaires des équipes réserves qui sont l’objet de travaux depuis des mois. Mais ici, sur le premier terrain visible par les supporters, le calme est au rendez-vous. Une cage amovible est disposée à côté d’une cage fixe. Cinq filets de tennis-ballon sont tendus à l’opposé de la main-courante, et autour d’eux, des coupelles pour délimiter les terrains. La camionnette blanche utilisée pour transporter le matériel finit par arriver. Paulo Grilo et Eric Bedouet en sortent rapidement avec du matériel. Le préparateur physique des Girondins s’affaire et installe quelques coupelles dans le sens de la longueur du terrain. Subitement, les joueurs arrivent, et simultanément, des ballons jaunes sont étalés sur la zone de jeu par les entraîneurs adjoints.
Paulo Grilo, l’entraîneur des gardiens, et Benoît Costil discutent, proches l’un de l’autre. Eric Bedouet demande à ses joueurs de s’emparer des ballons et de se mettre par deux. Mais la moitié du groupe n’est pas encore présente. « Allez prenez un ballon pour deux et mettez-vous face-à-face » ordonne le préparateur physique des Girondins. Pendant que Lerager et Braithwaite commencent à échanger des ballons accompagnés d’autres partenaires, une poignée de joueurs arrive. Parmi eux Cafu, chantonnant, ou Vada lui aussi de bonne humeur, prenant son coéquipier par les épaules. Sans se presser ce petit groupe prend possession du terrain sous l’oeil d’un Eric Bedouet impatient. Le technicien girondin répète : « On se met en place tout de suite. » Les joueurs se font des petites passes du plat du pied à distance rapprochée. « Eric, mets-toi avec quelqu’un » demande Paul Baysse, pensant qu’un joueur se retrouverait seul. « Sou il ne veut pas travailler » taquine un joueur à propos de Meïté. De l’autre côté du terrain, sur le terrain de tennis-ballon le plus éloigné, Paulo Grilo et ses gardiens Costil, Mandanda et Poussin ont débuté une partie sans avoir fait d’exercices ballon en main auparavant. Les deux premiers affrontent les deux plus jeunes portiers.
Les joueurs de champ poursuivent leur travail de passes. Le ballon doit être contrôlé intérieur, décalé extérieur avant de faire une passe de l’intérieur, le tout du même pied. Jérôme Prior s’est inséré dans le groupe et tapote le ballon avec Meïté. « Un contrôle, une passe » demande maintenant Eric Bedouet à ses deux lignes de joueurs qui atteignent facilement le milieu de terrain, et se sont très légèrement éloignées. « Ce n’est pas si facile que ça de faire un bon contrôle » fait remarquer Eric Bedouet en faisant le tour des binômes. La symphonie du jour est celle des ballons dosés et contrôlés qui donnent un bruit à base de « pop ». Les contrôles se font intérieur pied droit, puis les passes du pied gauche, et inversement. « Pas de semelle » précise Eric Bedouet, habitué de voir certains joueurs friands de cette surface du pied qui peut être rédhibitoire à certains endroits du terrain. Gustavo Poyet, lui, est à quelques mètres et observe ses joueurs en compagnie de ses adjoints Fernando et Mauricio Taricco. Les joueurs jonglent en une touche, puis montent le ballon pour se le passer de la tête. Olivier Verdon et Pablo travaillent ensemble, et leur gabarit similaire leur permet d’être accordés pour cette phase du travail. Kamano et Sabaly, qui ne sont pas habituellement des joueurs très friands du jeu de tête, prennent leur échange à coeur et tentent jusqu’au bout de conserver le ballon en l’air, les yeux rivés sur ce dernier.
Eric Bedouet demande maintenant aux joueurs de s’écarter et de revenir sur un jeu de passes avec contrôle libre. « Attaquez le ballon » insiste le préparateur physique historique des Girondins de Bordeaux. Les passes sont rasantes, puis tendues et enfin réclamées à environ un mètre du sol. La réussite n’est pas au rendez-vous et de nombreux ballons obligent un déplacement au joueur ou l’utilisation des mains pour éviter que l’une des passes ne finisse dans le visage d’un spectateur appuyé contre la main-courante. Aurélien Tchouaméni récupère de justesse des deux mains un ballon trop fort de Paul Baysse. « Pardon » s’excuse l’ancien joueur niçois qui réédite son geste, en frappant le ballon plus fort et plus haut. Cette fois, Tchouaméni ne peut s’en emparer et le tir manque de toucher un journaliste avant de terminer sa course sur la butte herbeuse qui entoure le terrain d’entraînement. L’exercice prend fin et trois groupes de toros se forment près des filets de tennis-ballon. Le groupe le plus à gauche se compose des joueurs sud-américains de l’effectif avec Kamano, Verdon et Sabaly en renfort. Les autres groupes sont eux plus mélangés, les jeunes formés à Bordeaux n’étant pas concentrés dans la même équipe. Le jeu débute, et Gustavo Poyet, très calme depuis le début de la séance observe ses joueurs en compagnie d’Eric Bedouet. Du côté du groupe des Sud-Américains, la joie est au rendez-vous et les cris et les rires se succèdent. Alors que les autres joueurs évoluent dans le calme, Verdon, Malcom, Pablo et Vada poussent un hurlement collectif et s’enlacent tout en sautant sur place. Décidément le plus animé, le groupe des Brésiliens et Argentins voit Valentin Vada pousser un cri tonitruant et sortir du toro tout en exprimant une joie sans retenue en courant dans tous les sens. À quelques mètres de lui, le jeu, relativement calme, s’anime légèrement dans le groupe Baysse, Braithwaite, Koundé, Lerager où quelques tacles se succèdent. À la réception d’une chandelle partie haut dans le ciel, Braithwaite effectue un contrôle qui colle à son pied et réagit de manière euphorique à son beau geste en riant.
Gustavo Poyet donne un coup de sifflet et tout le monde se réunit autour du charriot contenant les bouteilles d’eau. Les joueurs ne manquent pas l’occasion de s’hydrater après cette première longue partie d’entraînement. « Milan contre Igor », « Jules ». Gustavo Poyet donne les équipes du tennis-ballon, tout en faisant chanter les prénoms avec son accent espagnol. Les gardiens, eux, n’ont pas cessé leur match et continuent comme si de rien n’était. Un temps de latence laisse la possibilité à Kamano et Cafu de plaisanter en balançant leurs jambes vers le filet à plusieurs reprises, chacun d’un côté, mimant des reprises de la semelle. « Allez c’est parti, quatre minutes » indique Fernando. Le jeu commence petitement. Meïté remet mollement dans le filet de la poitrine. Dans le groupe suivant, Baysse tape lui aussi avec peu d’entrain dans le filet. Gustavo Poyet est très calme, loin de son activité habituelle, et regarde ses joueurs en compagnie d’un jeune intendant chargé de partir récupérer chaque ballon qui s’éloignerait de la zone de jeu. Les quatre minutes écoulées, l’entraîneur girondin siffle et s’avance vers les filets, regardant attentivement sa fidèle planche de notes avant de répartir de nouveau les joueurs. Ces derniers redémarrent tandis que l’entraîneur bordelais, pensif, prend quelques notes. Paul Baysse, en petite forme depuis le début de la séance, manque sa reprise et adresse un coup de pied de dépit dans un haut de survêtement juste après l’exécution de son geste avec le ballon.
Gustavo Poyet siffle à plusieurs reprises pour signer la fin des matchs et en lancer d’autres. Le calme est saisissant et les adjoints que sont Mauricio Tarrico, Fernando et Eric Bedouet sont chacun présents sur l’un des terrains pour jouer calmement le rôle d’arbitre. Théo Pellenard manque sa volée qui s’éloigne. « Oh non, intérieur du pied » corrige, dépité mais avec une pointe de malice, Nicolas De Préville. Jérôme Prior fait toujours partie des joueurs de champ et fait équipe avec De Préville et Pellenard. « Théo, Paul. » Gutavo Poyet réorganise de nouveau. La séance s’étire à ce rythme étrange, entre phases peu enlevées de tennis-ballon, coups de sifflet et compositions des matchs annoncés par l’entraîneur girondin. Le coach bordelais navigue, tranquillement, et se replace après chaque début d’opposition pour contempler ses joueurs dans le silence. Une attitude rare chez l’entraîneur uruguayen habitué à se démultiplier sur le terrain et à commenter brièvement mais régulièrement les actions de ses joueurs. Le public est plutôt garni aux abords du terrain pour un vendredi hors vacances scolaires, mais les supporters semblent anesthésiés par la douceur ambiante et désarçonnés par un entraînement répétitif qui se déroule finalement assez loin d’eux.
Les trois entraîneurs adjoints positionnés sur les tennis-ballons sont silencieux. Gustavo Poyet, un peu plus loin et seul, balaye ses groupes du regard. La séance s’étire, les automatismes des joueurs sont à peine freinés par un temps mort un peu plus long et la possibilité d’aller s’hydrater à quelques pas des petits terrains de jeu. Les gardiens qui n’ont jamais cessés de jouer au pied depuis le début de la séance poursuivent leur opposition sans se lasser et rien ne présage d’une suite avec leur utilisation dans les cages. Un groupe de trois personnes qui passent au loin, le long du terrain, en faisant un footing, apportent du dynamisme à la scène et tranchent avec le tableau très répétitif depuis le début de la séance. Du côté des gardiens, Poussin et Mandanda sont allongés au sol, dépités, tandis que Paulo Grilo et Costil se tombent dans les bras. Trois coups de sifflet énergiques sont donnés par Gustavo Poyet. De nombreux applaudissements retentissent. Et les ballons volent de toutes parts en direction des buts et de l’entrée du terrain.
Certains déplient les filets, d’autres prennent la direction de la sortie. « Les gars, le matériel » demande timidement Eric Bedouet dont l’appel n’est pas véritablement entendu. Youssouf Sabaly se met quelques instants dans les cages avant de laisser la place à Over Mandanda et Gaëtan Poussin. Une atmosphère de dernière semaine d’entraînement flotte à trois journées de la fin du championnat. Pendant que Cafu et Otavio, positionnés face à Eric Bedouet au milieu du terrain, se retournent et sprintent au « top » donné par le préparateur physique, quelques joueurs se sont placés face aux buts. Meïté, Koundé, Tchouaméni, Youssouf, De Préville et… Jérôme Prior, sont les seuls joueurs à être restés en compagnie des deux gardiens. Le public, lui, s’est largement dispersé, attiré par le départ des autres joueurs. Koundé place une première frappe largement au dessus et Tchouaméni enchaîne en croisant trop sa tentative. Prior donne une petite frappe facilement arrêtée plein axe par Mandanda. Jules Koundé se rattrape et marque d’une frappe barre rentrante. Cafu qui s’est joint au groupe enroule et trouve la lucarne. Chaque joueur doit passer un ballon à Fernando qui remet en une touche. Otavio a lui aussi rejoint les frappeurs et marque d’un tir croisé. De Préville imite son coéquipier brésilien d’une frappe sèche. Le reste du staff, autour de Gustavo Poyet, est de nouveau en observation à l’entrée du terrain. Jules Koundé frappe largement au dessus et son ballon vole au-delà des filets de protection. « Bien joué ça » chambre un partenaire. Le jeune défenseur girondin s’illustre de nouveau, sur une frappe qui cogne le poteau avant d’heurter la tête d’Over Mandanda qui s’était couché. Le gardien bordelais reste un moment au sol, touché par cette frappe puissante. Le jeune portier girondin finit par se relever, seul, et a du mal à récupérer.
Tchouaméni enroule une frappe sur la barre. Les tirs s’enchaînent après les petites remises de Fernando. Sans mannequins devant le gardien, ni oppositions, certaines frappes font mouche, d’autres sont loin du cadre. Au loin, Gustavo Poyet est reparti à pied, seul. Le pas du technicien girondin est détaché, tandis que dans son dos les joueurs continuent à se faire plaisir face aux gardiens, avec une réussite très aléatoire. À l’image d’une saison girondine en passe de se terminer sans éclat, à moins d’une victoire à Saint-Etienne dimanche qui apporterait un intérêt aux deux derniers matchs à disputer au sein de ce très long exercice 2017-2018.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan