Carnet d’entraînement : Du calme, du travail et pas de crise
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Vendredi 4 décembre 2015, au Haillan, les Girondins se sont préparés à affronter Guingamp dans un match crucial pour le maintien. Les joueurs ont travaillé sérieusement et les coachs ont donné de la voix dans une atmosphère loin d’être pesante pour un club plongé dans une situation délicate.
La tendance est fâcheuse depuis les deux derniers vendredis. Pour un rendez-vous donné aux rares supporters encore présents au Haillan à 10h30, les joueurs et le staff ne sont pas à l’heure, certainement en train de se réunir pour évoquer les difficultés récentes. À 10h45, les premières têtes sortent des vestiaires. Le temps est doux, pas trop froid pour un début de mois de décembre, et les joueurs, comme dans du coton, arrivent en jonglant, tranquillement. Le terrain, comme toujours, est prêt avec divers ateliers minutieusement mis en place. Cédric Carrasso, Jérôme Prior et Simon Lefèvre, accompagnés de leur mentor Franck Mantaux, sont les premiers à attaquer leur échauffement. « Allez, c’est parti les p’tits gars » lance l’entraîneur des gardiens à son petit groupe qu’il semble chérir. Les trois gardiens enchaînent les ballons bloqués et les moulinés des bras pour se retrouver en bonne condition dans une séance où ils seront fortement impliqués et sollicités. À l’opposé du groupe de gardiens, proche des vestiaires, les joueurs de champ entament eux aussi l’échauffement. Clément Chantôme, Nicolas Pallois et Lamine Sané sont absents. Frédéric Guilbert et Thomas Touré se contenteront de courir tandis que Pablo sera de nouveau pris en charge par le kiné du club. Les joueurs sont d’abord pris en charge par Sylvain Matrisciano, Sandy Guichard et Patrick Guillou. Willy Sagnol, dont la position est de plus en plus fragilisée, n’est pas présent pour le début de l’entraînement. Autour du terrain d’entraînement, Denis Granjou, journaliste chez RTL et consultant pour Girondins TV, effectue un reportage auprès des rares supporters présents. L’une des questions du journaliste à un fan du club au scapulaire : « pensez-vous que la situation actuelle du FCGB incombe à Willy Sagnol ? ».
La merveille de frappe de Plasil, le tir dans les nuages de Contento
Sur le terrain deux groupes se forment, sous le regard de Willy Sagnol qui vient d’arriver et prend en charge l’un d’eux. Les joueurs ont pour objectif de cadrer chacune de leurs frappes en se faisant des passes à une touche de balle. Le coach bordelais précise d’une voix forte et assurée : « Ce n’est pas parce qu’on demande de placer qu’il ne faut pas marquer ». Les joueurs enchaînent les frappes. Sylvain Matrisciano insiste : « Tir cadré, systématiquement ». « Bravo Jaro » poursuit énergiquement Matrisciano. Jaroslav Plasil vient de trouver la lucarne opposée de Prior sur une merveille de frappe enroulée. De l’autre côté du terrain, Willy Sagnol s’agace devant une passe mal réalisée par Diego Rolan. Deux ou trois séquences plus tard, Rolan récidive, ce qui n’est pas du goût de l’entraîneur principal des Girondins qui hausse le ton : « Diego, applique-toi sur la passe ». Les bleus composés de Isaac Kiese-Thelin, Maxime Poundjé, Adam Ounas, Nicolas Maurice-Belay, André Poko, Jaroslav Plasil, Cheik Diabaté, Cédric Yambéré et Valentin Vada travaillent à l’opposé des oranges dont font partie Milan Gajic, Henri Saivet, Enzo Crivelli, Diego Rolan, Gaëtan Laborde, Robin Maulun, Wahbi Khazri, Diego Contento et Abdou Traoré. Les ballons touchent souvent les poteaux, quelques uns rentrent, et d’autres partent au dessus du grillage à l’image de cette frappe de Maurice-Belay à destination des quelques supporters présents sur place. « Dommage, il faut cadrer Habidou » explique Patrick Guillou à Abdou Traoré. « Il faut cadrer. Si le gardien la sort, après c’est autre chose, mais il faut cadrer » poursuit l’entraîneur adjoint. « Voilà » s’exclament Eric Bedouet et Patrick Guillou devant une belle frappe enroulée à ras de terre de Rolan. « J’aurais du partir avant » remarque Jérôme Prior tout en testant ses appuis. Le gardien remplaçant réalise quelques arrêts intéressants. Au milieu des quelques frappes cadrées et des buts inscrits, un nouveau tir s’envole et quitte le terrain d’entraînement. Cette fois, la frappe de Diego Contento fait mieux que celle de Nicolas Maurice-Belay en terminant sa course sur le parking du centre pour personnes handicapées jouxtant le centre du Haillan. Eric Bedouet, une fois l’atelier terminé, demande au jeune Simon Lefèvre d’aller chercher le ballon, avant que Prior, qui s’était proposé, ne soit devancé par un supporter qui avait décidé de rendre service.
« Les oranges je dois vous aider à marquer ? »
Le dernier galop de la séance d’entraînement présente une opposition entre bleus et oranges. Quatre petites cages sont disposées sur les deux côtés du terrain. Les joueurs sont concernés, crient, bougent, se proposent et se parlent. Diabaté décale Ounas qui ouvre le score pour les bleus suivi par Jaroslav Plasil qui double la mise. Les bleus, omniprésents, triplent le score par Thelin qui avait suivi une frappe d’Ounas contrée par un adversaire. « Bien accompagné » remarque Willy Sagnol après ce but de Thelin d’une madjer. Henri Saivet, agacé par ce but encaissé, s’en prend à Gaëtan Laborde de manière appuyée : « Même pas tu vas l’aider… Tu dois aller l’aider ». Le coach girondin semble lui aussi chagrin : « Les oranges, vous vouez que je mette un chasuble pour que je vous aider à marquer ? ». L’entraîneur bordelais, pince sans rire, va ensuite chambrer André Poko, qui évolue chez les bleus, en le prenant dans les bras. L’avalanche de buts se poursuit pour les oranges qui encaissent trois nouvelles réalisations adverses avant que Khazri ne sauve l’honneur. Deux actions plus tard, Valentin Vada, qui disputait un ballon avec Henri Saivet, s’écroule. Le jeune argentin se tord de douleur et crie au sol. Willy Sagnol demande à Vada de ne pas bouger. David Das Neves, kinésithérapeute du club qui préparait les futurs exercices de Pablo, rejoint le joueur et lui demande si la cheville a tourné. L’exercice est arrêté et les autres joueurs sont invités à aller boire. Tandis que Pablo revient de son footing, Valentin Vada reçoit des salves de bombe refroidissantes sur la cheville. Alors que la dernière opposition de la matinée va débuter, Vada se rapproche du groupe en boitant. « David, il peut jouer ? » demande Sagnol. « S’il a mal il arrête, mais c’est un coup » lui répond David Das Neves.
Laborde, Thelin et Rolan continuent de travailler
Les quatre petites cages ont laissé la places à deux grandes caisses où évoluent Prior et Carrasso. Ce dernier dirige ses coéquipiers. Sa voix porte, insiste, replace, devant les yeux de Pablo qui travaille individuellement. Maurice-Belay dirige aussi ses coéquipiers dans une séance moins fluide et plus hachée. Thelin, toujours aussi sérieux malgré la mauvaise période qu’il traverse, trouve Diabaté seul face à Carrasso. Ce dernier prend trop de temps et se fait contrer. « Un qui fixe et l’autre qui prend la profondeur » demande Sagnol à ses joueurs. Même si l’aspect technique n’est pas criant, l’intensité est indéniable comme le montre un tacle très limite de Wahbi Khazri sur Ounas. Revenu de loin pour tacler le ballon dans les pieds de son coéquipier, Khazri semble nerveux mais tape néanmoins la main de son jeune partenaire. Cheik Diabaté n’a toujours pas de réussite et manque une occasion à cause d’une frappe atypique entre intérieur et extérieur du pied droit en hauteur. Mais le grand malien se rattrape sur l’action d’après grâce à un merveilleux travail de Plasil qui s’enfonce dans l’axe, fixe le jeune Lefèvre remplaçant de Carrasso, et sert Diabaté sur un plateau qui pousse le ballon au fond des filets. « Bravo Jaro » s’enthousiasme Adam Ounas, ravi de l’ouverture du score de son équipe. Un score de 1-0 pour les bleus qui ne bougera plus. Quand la majorité du groupe rejoint les vestiaires, Thelin accompagné de Lefèvre et Sandy Guichard, tire les buts pour les positionner dos au QG du groupe professionnel et continuer à travailler avec quelques coéquipiers. Maxime Poundjé et Milan Gajic restent pour offrir des centres tandis que Laborde, Thelin, Rolan, Poko et Plasil décident de travailler devant le but. Laborde et Rolan ne tremblent pas contrairement à Thelin qui trouve peu le cadre malgré beaucoup de volonté. Volontaire, Pablo l’est aussi. En bord de terrain, pris en charge par Eric Bedouet et David Das Neves, le Brésilien touche le ballon avec les deux entraîneurs sur des exercices de remises après contrôles. « On ne se précipite pas » demande Das Neves. Après quelques échanges, le kiné des Girondins stoppe l’exercice : « Tu ne fais pas la différence entre force et vitesse, tu ne le conçois pas » explique-t-il au joueur brésilien, à l’écoute mais cherchant à se faire comprendre de son thérapeute dans une communication souvent difficile. « Tu as besoin de la force sur un corner, pour le reste, quand tu as le ballon il faut gérer la vitesse et la finesse » poursuit Das Neves. L’exercice est ensuite mieux réalisé. Pablo est plus souple, satisfaisant ses entraîneurs. Pendant ce temps, Gaëtan Laborde enchaîne les buts comme des perles. De la tête, du droit, du gauche, à la volée… Tous les registres y passent, et Laborde fait mouche à chaque coup. Encourageant pour ce jeune joueur qui n’entre pas dans les plans d’un Willy Sagnol qui va peut-être devoir changer son fusil d’épaule et incorporer certains nouveaux joueurs. Pour enfin trouver la bonne formule et sauver sa chemise avant le mois de janvier en se servant au maximum des ressources à disposition.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan