Carnet d’entraînement : Se remettre en ordre de marche
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Jeudi 6 avril 2017 : Les remplaçants girondins à Angers mercredi soir ont eu droit à une séance poussée face au but. Combinaisons axiales et de couloir étaient au programme avec la volonté de travailler la force offensive dans des conditions de travail idéales grâce à un temps clair et doux.
Le Haillan est calme et paisible. Les pelouses ont été fraîchement tondues et le soleil brille baignant les terrains de ses rayons. Sur le terrain des professionnels, quelques mannequins rouges, à l’opposé des vestiaires, attendent, figés que les joueurs viennent s’animer autour d’eux. Plus loin, une flopée de ballons règne au milieu de terrain, et quelques plots et trois planches disposés en décalage garnissent l’espace de jeu proche du centre professionnel. Les joueurs font leur apparition, dix minutes après l’heure de début d’entraînement indiquée, laissant deviner une réunion d’avant séance ou un moment de vidéo.
Eric Blahic distribue des chasubles vertes, jaunes et roses. La groupe qui sort des vestiaires est silencieux. Paul Bernardoni, crâne rasé à blanc et presque sosie de Nicolas Pallois observé de loin, accompagne Jérôme Prior et Franck Mantaux vers la cage disposée derrière les mannequins pour un échauffement. Le groupe de joueurs qui va réaliser la séance d’entraînement entame un tour d’échauffement. D’habitude assez prolixes et facétieux, les joueurs discutent sans éclats. Rapidement, les joueurs de champ s’arrêtent au niveau de l’espace occupé par les plots et planches. L’exercice est une mise en route pour préparer les joueurs à combiner avec dynamisme.
Les footballeurs professionnels girondins effectuent un circuit partant d’un plot, tapent sur une planche, et cherchent le une-deux avec un partenaire à l’opposé. Le chemin du retour demande également un jeu contre une planche, une conduite de balle rapide et un jeu avec un autre partenaire. Un groupe de jeunes joueurs allemands, vêtus de survêtements rouges estampillés Hessen, le land allemand de la ville de Francfort, rejoint les abords du terrain d’entraînement avec leurs éducateurs pour suivre la séance girondine.
Prêts pour attaquer le moment clef de la séance, les joueurs migrent à l’opposé du terrain pendant que les gardiens se mettent en place. Simultanément, les titulaires du match à Angers pénètrent sur le terrain d’entraînement, revenant d’un footing extérieur ou de quelques tours de vélo et s’alignent contre le grillage pour pratiquer des étirements. Sur l’atelier, les remplaçants du match de Coupe de France se placent à des endroits précis.
Trois joueurs sont en retrait dans l’axe du terrain avec Mancini en premier passeur. Six autres éléments sont placés dans les couloirs, trois par côté, et quatre joueurs plus offensifs se trouvent dans l’axe du terrain. Alors qu’Eric Blahic débute ses explications, Diego Contento adresse quelques mots en Allemand aux jeunes joueurs présents au bord du grillage fermant le terrain, à la grande surprise du groupe ravi de pouvoir échanger même brièvement avec l’ancien défenseur du Bayern Munich.
Le jeu dans l’exercice du jour est varié et propose plusieurs circuits pour arriver au but. Une passe peut être longue de la part de Mancini vers une aile pour une remise du latéral en une touche à l’intérieur entre deux mannequins pour un coéquipier qui part au but. Une autre variante pour le jeu sur l’aile est un travail de petites passes à trois au milieu de terrain avant de décaler sur le côté pour un nouveau jeu à trois aboutissant soit à un centre soit à une perforation dans la surface. Dans les deux cas, le premier joueur touché sur l’aile, dos tourné au but, remet à un coéquipier face à lui qui avance et sert un troisième partenaire soit dans le couloir soit dans l’espace vers la surface. Le premier joueur d’aile touché permute avec le deuxième pour prendre sa place et assurer les arrières. Concernant le jeu dans les séquences dans l’axe du terrain, un joueur en pivot est trouvé pour une remise en une touche pour un attaquant chargé de frapper au but presque instantanément.
Eric Blahic demande du rythme à ses joueurs. « Vous n’y êtes pas, mettez-vous dedans. Il n’y a pas un ballon qui arrive, mettez du rythme » déplore l’entraîneur adjoint bordelais au début de l’exercice. Les titulaires bordelais d’Angers, assis en pleine phase d’étirements, ont les yeux rivés vers le travail de leurs partenaires. Arambarri, Traoré et Mancini sont les lanceurs de jeu. Sur l’aile gauche, Poundjé, Contento et Pellenard animent le couloir. « Mieux que ça la déviation. » Eric Blahic demande plus de précision sur le deuxième temps d’attaque dans l’axe devant permettre à l’attaquant de se mettre en position de frappe. Contento lancé dans la surface manque le cadre. « Mieux que ça Diego » enrage Eric Blahic. Théo Pellenard place une frappe qui s’envole vers le ciel bleu girondin. « Tu dois cadrer là-dessus Théo. Tu as tout le temps » s’agace de nouveau Eric Blahic.
Malcom en position de remiseur trouve Laborde dont la frappe croisée fait mouche. L’entraîneur adjoint girondin retrouve un moment de satisfaction, et prend confiance : « Ça y est vous êtes dedans. » Le jeu commence à se fluidifier. Jocelyn Gourvennec, mains dans le dos, derrière Mancini, observe ses joueurs sans intervenir, l’air sombre. Jérôme Prior s’agace après une frappe de Maurice-Belay et propulse un ballon hors du terrain d’une frappe en cloche. Après plusieurs temps de jeu, une pause est décrétée. Eric Blahic délivre quelques consignes et tape affectueusement sur l’épaule de Diego Contento avant de faire reprendre le jeu.
Le travail axial évolue avec la nécessité pour le frappeur de décrocher sans prendre le ballon avant de se retourner pour recevoir la passe de son partenaire remiseur pour un travail d’appel-contre-appel. Lors des séquences sur les ailes, les attaquants doivent fuser premier et deuxième poteau pour réceptionner les centres. Diego Contento en position de frappeur tente un lob aléatoire qui passe à côté des cages tenues par Bernardoni. « Les gars, il faut marquer » insiste Eric Blahic devant l’échec de son défenseur. Jorris Romil, positionné côté droit, entend la remarque du technicien marine et blanc et croise une frappe à mi-hauteur qui ne laisse aucune chance à Prior. Younes Kaabouni, en position axiale, marque sur l’action suivante et reçoit des applaudissements. Une gratitude dont ne bénéficie pas François Kamano, attentiste en position de passeur dans l’axe et qui se fait reprendre de volée par Eric Blahic : « Ta passe n’est pas nette François car tu es arrêté, tu es sur les talons quand tu reçois le ballon » L’entraîneur adjoint girondin ne lâche pas ses joueurs et insiste : « Soyez mobiles les attaquants dans l’axe. » La passe en profondeur sur le travail de remise doit être donnée entre deux mannequins censés représenter les deux défenseurs centraux adverses. Laborde, face à Prior, tente un ballon piquet sans conviction qui reste dans ses crampons et finit dans les gants du gardien. « Il faut marquer Gaëtan. » Eric Blahic serre les dents.
Valentin Vada, face au but, place une frappe croisée sur laquelle Bernardoni se détend. « Bien joué Valé » encourage Eric Blahic. Toujours impassible, Jocelyn Gourvennec observe Malcom partir dans la surface et trop croiser sa frappe au grand regret d’Eric Blahic qui pousse un cri de rage. Bernardoni, très concentré, fuse dans les pieds de Maurice-Belay pour faire avorter une attaque. Peu en réussite, François Kamano, enroule une frappe qui passe à côté. Sur l’action suivante, Valentin Vada dévisse sa tête sur un très bon centre de Pellenard. Le jeu ne connaît pas de temps mort et Gaëtan Laborde marque d’un poteau rentrant et double la mise sur l’action suivante. Un but qui déclenche trois coups de sifflet de la part du bras droit de Jocelyn Gourvennec. « Les gars venez ici » répète à plusieurs reprises Eric Blahic qui regroupe les joueurs vers le centre du terrain.
Un débriefing est opéré pendant cinq minutes. Les joueurs écoutent religieusement tandis que Jocelyn Gourvennec et Kévin Plantet, restent en retrait en observateurs. Si le préparateur physique girondin reste aux abords du groupe, Jocelyn Gourvennec repart, seul, en direction des vestiaires et quitte la pelouse. « Ramenez les mannequins » demande Eric Blahic qui prend Malcom par l’épaule et lui glisse quelques mots supplémentaires. Les joueurs, telles des fourmis ouvrières, délestent rapidement le terrain des mannequins avec chacun un élément sous le bras. Nicolas Maurice-Belay prend un petit groupe à part pour faire part de ses conseils. Sabaly, Malcom et Kaabouni écoutent les remarques du joueur expérimenté. Arambarri et Vada s’infligent une prolongation d’entraînement en additionnant les tours de terrain, tout d’abord à vive allure, puis à allure fractionnée.
Près de l’espace presse, Gaëtan Laborde s’essaye au rôle de gardien dans une cage amovible décalée sur le côté du terrain face à Pellenard et Kaabouni. Sans gant, l’attaquant girondin se couche, claque les ballons. Sur la même ligne, mais à l’opposé, Jules Koundé récupère des ballons, les aligne, et tape quelques coups-francs dans un but vide. Lentement, le terrain finit par retrouver son calme habituel après une séance où l’élimination de la veille en Coupe de France semblait encore peser dans les têtes.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan.