[Exclu] Romain Manci (Ultramarines): « À nous de mettre une pression positive avant Bordeaux-OM »

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Romain Manci, co-responsable des Ultramarines Bordeaux, a vibré plus d’une fois à l’occasion d’un Bordeaux-Marseille. Imprégné par la culture de ce choc, il revient avec WebGirondins sur ses souvenirs marquants, et l’importance de la transmission. Une transmission de l’histoire aux plus jeunes des supporters, mais aussi aux joueurs auxquels les Ultrasmarines rendront visite samedi à 15h à la veille du choc Bordeaux-Marseille de dimanche soir (21H).

WebGirondins : Bonjour Romain. Quel est ton premier souvenir d’un Bordeaux-Marseille ?

Romain Manci : Bonjour. Mon premier souvenir c’est un Bordeaux-Marseille en 1989. On gagne 3-0 avec une fameuse reprise de Jean-Marc Ferreri, ancien marseillais, face à Gaëtan Huard qui deviendra plus tard un gardien historique bordelais. J’avais 8 ans et demi et ça faisait une ou deux saisons que j’allais au Stade Lescure avec mon père. J’ai ce souvenir de l’entrée des joueurs avec un spectacle des supporters avec des briquets : tout le monde avait allumé son briquet lorsque les joueurs ont pénétré sur la pelouse. J’ai aussi ce souvenir de ces ballons lancés en tribunes par les ramasseurs de balle. À l’époque, le sponsor du moment offrait des ballons avec le nom du match inscrit dessus. 6000 ballons environ étaient jetés dans les tribunes pour les supporters.

WebGirondins : Et ton plus beau souvenir, quel est-il ?

Romain Manci : Sans doute le 4-1 de la saison 1998-1999 qui se termine en apothéose à la fin avec le titre devant Marseille. Ce fameux match à Lescure avec quatre buts en une mi-temps seulement. C’est un de mes souvenirs les plus forts. Je me souviens aussi de ce 3-3 en 2005 où on se sauve à la dernière minute de la dernière journée. La saison suivante, Fernando qui était arrivé à Bordeaux égalise dans les arrêts de jeu face à Barthez. Avec ce but, Menegazzo sauve la série face à l’OM et prive les Marseillais de la Ligue des Champions. C’est un super souvenir, car avec les ultras, nous avions prévu le coup avec une belle banderole. Sur celle-ci, nous avions inscrit : « Marseillais, la prochaine Coupe d’Europe tu la verras à la télé ». Ce qui est assez incroyable c’est que le premier groupe ultra marseillais est né en 1984 et qu’ils n’ont jamais connu une victoire de leur club en terres bordelaises.

WebGirondins : Te souviens-tu d’une ambiance particulière en tribunes concernant ces affrontements entre Girondins et Olympiens ?

Romain Manci : La première chose qui me vient en tête, c’est plutôt à l’occasion d’un voyage à Marseille. En 2009, on vient d’être couronnés Champions de France devant Marseille. Lors de la 4eme journée de la saison suivante, Bordeaux se déplace au Vélodrome. Nous sommes un millier de supporters à avoir fait le déplacement. Ce qui est marquant, c’est que nous arrivons en retard, presque au coup d’envoi du match. Et à ce moment-là, nous sortons une banderole sur laquelle nous avions inscrit ceci : « Marseillais, prosternez-vous devant le champion en titre ». Il y a eu des huées énormes de la part de tout le Vélodrome. Les supporters étaient fous, et prêts à nous lancer leurs bouteilles en plastique. Heureusement il n’y a pas eu de blessés. Et de notre côté, nous avons bien rigolé. D’ailleurs on a souvent trouvé de quoi chambrer les Marseillais de par l’histoire commune entre les deux clubs.

« Les joueurs ont besoin qu’on les touche au niveau de l’orgueil »

WebGirondins : Chaque année, avec les ultras, vous vous rendez au Haillan pour motiver les joueurs avant ce match. As-tu un souvenir particulier d’une réaction d’un joueur ?

Romain Manci : Malheureusement il y a très peu de retours de la part des joueurs. Entre guillemets, ils n’ont pas trop la conscience de ce que cela représente pour les supporters. Mais au fil du temps, à force de répéter l’évènement, ils commencent à réaliser un peu plus. Aujourd’hui, nous nous déplaçons à 15h au Haillan, et il faudra avoir le même discours, mais en appuyant sur les jeunes qui viennent d’émerger sur ces derniers matchs. Ils ont joué quelques fois dans un stade presque vide. Là ce sera différent, on veut leur mettre une pression positive. Une pression qui veut dire : « lâchez-vous pour pouvoir donner le meilleur de vous-mêmes ». Il faut donner du plaisir aux supporters qui vont faire le déplacement. On a tout un travail à faire de notre côté. Un travail qui se poursuit avec cette demande, qu’on a notamment faite, d’obtenir 7 points avant la fin de la phase aller et l’arrivée de nouveaux joueurs.

WebGirondins : Selon toi, les joueurs manquent-ils de culture club aujourd’hui pour pouvoir prendre la pleine mesure d’un tel match ?

Romain Manci : Je pense qu’il manque de culture club, c’est évident. Mais notre rôle à nous, à défaut de l’avoir au club, c’est d’apporter cette culture là. Et je pense que le club voit d’un plutôt bon oeil notre intervention puisque personne n’est capable de rappeler aux joueurs l’histoire du club au sein même de ce dernier. On doit leur expliquer les raisons de l’importance d’un Bordeaux-Marseille. Les joueurs ont besoin de psychologie, qu’on les touche au niveau de l’orgueil, qu’on aille piquer leur image. On va leur répéter qu’il ne serait pas très valorisant pour eux d’être dans la première équipe à perdre contre Marseille à Bordeaux depuis 1977.

WebGirondins : Au sein du virage, est-ce que cela t’arrive de devoir raconter l’histoire de ces confrontations aux plus jeunes ?

Romain Manci : Effectivement, les plus jeunes sont en demande. Ils veulent connaître l’histoire des confrontations, connaître ce qu’il s’est passé à la fois sur le terrain mais aussi au sein du virage. Là on est dans l’histoire et la culture club. Ils adhèrent ensuite à cette histoire et la défendent. Il faut savoir qu’il y a pas mal de jeunes nés en 1998-1999 dans le virage. Ces jeunes là n’ont même pas connu les buts de Zidane en 1998. On en rigole souvent entre nous, on les chambre par rapport à ça. C’est aux plus anciens de bien leur expliquer ce qu’il s’est passé dans l’histoire du club. Les plus jeunes sont fiers ensuite de cette histoire et ils s’approprient cela.

WebGirondins : On parle beaucoup du record à préserver, mais dimanche est-ce qu’un match nul serait suffisant ?

Romain Manci : J’ai envie de te dire : joker. Mais pour parler franchement tout dépendra de ce qu’il se passera au prochain mercato. On a mis la pression et on ne compte pas relâcher. Un nul peut suffire pour préserver le record, mais il faudra aussi voir le contenu et ce que vont proposer les joueurs.

WebGirondins : Demain, pour le premier Bordeaux-Marseille dans ce nouveau stade, qu’est-ce qu’il se passera dans ta tête ?

Romain Manci : Je vais espérer que tout se passe bien tout simplement. J’espère qu’il y aura une bonne ambiance. Je veux une belle première. Ma crainte c’est que le rêve se transforme en cauchemar. Mais il n’y a pas raison. Il va y avoir un beau tifo comme d’habitude. La tribune sud est pleine depuis lundi. Pour le reste du stade il reste encore des places et j’invite les gens à nous rejoindre. On attend encore le premier guichet fermé de la saison.

Interview réalisée Par Florian RODRIGUEZ