Interview exclusive – Daniel Dutuel : "Zidane n'a jamais été introverti"

28/01 - 07:02 | Il y a 12 ans

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Après être passé à l'AJ Auxerre (1982-1993) et l'OM (1993-1994), Daniel Dutuel est resté deux saisons à Bordeaux. En exclusivité pour WebGirondins, l'ancien milieu de terrain revient sur parcours aquitain et évoque l'actualité du club au scapulaire. Entretien.


Vous avez passé deux saisons sous les couleurs girondines (1994-1996). Quels sont les principaux souvenirs que vous conservez de cette période ?

Immédiatement, je pense à l'épopée européenne lors de la saison 1995-1996. Nous avions débuté notre parcours par la Coupe Intertoto, pour finir par atteindre la finale de la Coupe UEFA face au Bayern Munich (défaite 3-1, Dutuel a marqué le but bordelais, Ndlr). En quart de finale, nous avions éliminé le grand Milan : il s'agit encore à ce jour de l'un des exploits marquants de l'histoire du foot français. Cette saison-là, j'étais convaincu qu'on allait faire de grandes choses. Il y avait un paradoxe. D'un côté, on galérait en championnat et de l'autre, on se transcendait en coupe d'Europe. On avait créé une équipe vraiment compétitive, l'effectif était assez ample. Aujourd'hui, un tel parcours européen semble improbable pour un club français...

Comment jugez-vous la période que traversent les Girondins de Bordeaux depuis quatre ans ?

Ils ne s'en sortent pas si mal ! Les clubs doivent débourser de plus en plus d'argent, il y a eu l'instauration de la taxe à 75%... Si l'on considère les moyens et l'effectif de Francis Gillot, le bilan est très bon. La saison était mal engagée, mais l'entraîneur a su garder son calme. Après, la véritable question est la suivante : « Quels sont les objectifs fixés à Gillot ? ». Tout est une question de priorité. A priori, il s'agit de bien figurer en championnat. Connaissant Francis, je sais qu'il veut gagner le plus de matches possible.

Quel pensez-vous de la politique sportive et financière du club ?

Quand le groupe M6 est arrivé, ce n'était pas pour faire de l'argent. Bordeaux pourrait-il vivre sans M6 ? Quand tu es un champion inattendu, comme Montpellier en 2012, tu dois réévaluer les salaires de bon nombre de joueurs. Donc, la marge de manœuvre est réduite pour l'enveloppe allouée au mercato. Il faut ajouter à cela les diverses primes, qui peuvent plomber l'économie d'un club. Tout ça, Bordeaux l'a vécu après son titre en 2009. Aujourd'hui, le financier a clairement pris le dessus sur le sportif.

« Les anciens défenseurs deviennent souvent de très bons entraîneurs »

Avez-vous toujours des contacts avec des membres du club ?

Oui, essentiellement avec des gens qui opèrent au niveau administratif. J'ai gardé contact avec Jérôme Bonnissel, qui travaille à la cellule de recrutement. Avec Thierry Bonalair également, qui est devenu superviseur pour les Girondins en 2011. Quant à Francis Gillot, j'ai joué contre lui quand il évoluait comme joueur au RC Lens. Il était défenseur central. D'ailleurs, j'observe que les anciens défenseurs deviennent souvent de très bons entraîneurs. Laurent Blanc en est l'illustration parfaite. Ils voyaient beaucoup le jeu, cela aide pour devenir un bons tacticien.

Durant vos deux saisons bordelaises, vous avez évolué aux côtés de Zinedine Zidane. A l'époque, sentiez-vous déjà qu'il allait devenir un joueur hors du commun ?

« Zizou » a pris le temps d'affiner plein de choses lors de son passage à Bordeaux. Ce qu'il faisait à l'entraînement était exceptionnel. Ses dribbles, ses contrôles de balle... Il voyait tout plus vite que les autres. Après, de là à imaginer qu'il allait devenir le meilleur joueur au monde... C'est compliqué (rires).

Quel type d'homme était Zinedine Zidane ?

Un mec de son âge, toujours en train de déconner avec Christophe Dugarry. Ils s'amusait sur un terrain. C'était un super mec dans le vestiaire ! Contrairement à ce que beaucoup d'observateurs pensent et disent, il n'a jamais été introverti. C'est juste que sa carrière est rapidement montée en flèche et il a dû se protéger. Il était intelligent et réfléchissait avant de donner des réponses à certains questions.

Le 4 février 1995, vous avez marqué un but en 1/16 ème de finale de la Coupe de France face à Mont-de-Marsan. Or, le ballon était entré dans les filets par un trou situé à l'arrière du but. Sur le coup, saviez-vous que le but n'était pas valable ?

Non, je vois le ballon au fond. Des recherches ont ensuite été effectuées mais elles n'ont jamais permis d'identifier l'endroit par lequel le ballon était entré. C'était à la limite du paranormal ! C'est fou. Peut-être que j'avais un don fou... (rires).

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