Les Canaris au bout de leur envol

08/05 - 17:42 | Par la rédaction | Il y a 11 ans

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Limitée par son interdiction de recrutement, l’équipe du FC Nantes vit une deuxième saison dans l’élite depuis la remontée à son image : cohérente, solide, mais un peu juste pour prétendre fréquenter les places de choix en L1.

La forme de l’équipe

La saison nantaise qui s’achèvera dans trois rencontres pourra être qualifiée de satisfaisante. Privés de recrutement suite à l’affaire Bangoura, les Nantais ont attaqué leur deuxième saison consécutive dans l’élite depuis la remontée avec un effectif construit pour jouer le maintien. Un effectif parfois limité mais courageux, qui a permis à Nantes de bien démarrer sa saison puis de s’installer dans la première partie de tableau à l’issue des matchs aller. Quelques victoires précieuses à l’extérieur, notamment chez des concurrents pour le maintien comme Evian (0-2 en octobre), Caen (1-2 en novembre) ou Lorient (1-2 en décembre) ont aidé les Canaris à se positionner. Mais la justesse de l’effectif et la CAN qui a privé le FC Nantes de son patron de la défense Papy Djilobodji, ont fait redescendre le club de Loire-Atlantique à un classement plus réaliste au regard de son potentiel (11eme à la 36eme journée). Battus à l’extérieur (Reims, Montpellier), ou tenus en échec (Rennes, Nice) par des équipes chez qui ils réussissaient des coups lors des matchs aller, les joueurs de Michel Der Zakarian ont également connu des défaites à domicile face à Bastia (0-2) ou Caen (1-2) qui ont fait la différence dans la tableau de marche. Après avoir battu Marseille (1-0) le 17 avril, Nantes n’a pas su enchaîner en concédant le nul à Toulouse (1-1) et en s’inclinant à domicile face à un PSG en quête de titre (0-2). Avant de se déplacer pour participer à la clôture de l’histoire du football au Stade Chaban-Delmas avec le derby de l’Atlantique, les Nantais, 11emes, visent une 10eme place qui collerait parfaitement à leur peau après une saison où ils n’ont jamais été réellement en danger pour le maintien.

Les joueurs, l’effectif

Les Nantais, peu prolixes offensivement, peuvent compter sur une défense sérieuse et solide. Guidée par Rémy Riou, régulier et rarement auteur de bévues, la défense s’appuie également sur Papy Djilobodji (absent pour le match à Bordeaux), l’un des piliers de l’équipe. Moins rayonnant que les saisons précédentes, le défenseur sénégalais qui demeure un élément clef de la structure nantaise, devrait être cédé à un autre club la saison prochaine. À ses côtés, Oswaldo Vizcarrondo, défenseur central à l’ancienne, fait régner la loi dans la surface avec une prédilection pour le jeu serré et la lutte avec les attaquants adverses au détriment de la vitesse gestuelle. Sur l’aile droite, Issa Cissokho est incontournable de par son activité. Un constat qui ne vaut pas pour l’aile gauche où ni Chaker Alhadur ni Olivier Veigneau n’ont réussi à prendre le poste, ce qui inspira Michel Der Zakarian de titulariser le milieu offensif Vincent Bessat à cette position reculée. Coqueluche du public nantais, Bessat partage la vedette avec l’atypique Lucas Deaux qui occupe le poste de milieu relayeur et l’enfant du pays Jordan Veretout. Joueur le plus décisif de l’équipe, Veretout symbolise les difficultés nantaise pour produire un jeu offensif assez efficace pour franchir un cap malgré son potentiel et sa bonne saison. Auteur de 6 buts et 4 passes décisives, le jeune nantais, milieu offensif, devance l’attaquant Yacine Bammou au classement des buteurs du club (4 buts) et Serge Gakpé (3 buts). Gakpé qui quittera Nantes libre l’an prochain pour le Genoa, malgré l’insistance de ses dirigeants pour éviter ce cas de figure lors du dernier mercato d’hiver. Légers au niveau des statistiques offensives, les Nantais n’ont pas pu compter sur Johan Audel pour rehausser les chiffres (2 buts, 1 passe décisives). Très intéressant dans la conduite du jeu offensif, l’ancien attaquant de Valenciennes et de Stuttgart n’aura jamais réussi à prendre le contre-pied de ses blessures pour être l'élément moteur d'une attaque qui représente le vrai point noir de la saison du club de Waldemar Kita.

Les statistiques

 

L’analyse du jeu : l’exemple de Nantes-PSG

Nantes propose un jeu qui n’a pas pour vocation d’être fermé, mais l’équipe de Michel Der Zakarian reste plus à l’aise dans les phases défensives qu’offensives. Malgré cette assise défensive sérieuse, Nantes a souffert dans l’axe de la défense face à Paris. En manque de réaction sur le premier but, Vizcarrondo montre quelques signes de faiblesse lorsque le jeu s’accélère et que les passes rapides s’enchaînent. Le défenseur vénézuélien, loin d’être le seul fautif sur les buts encaissés, présente une certaine lenteur pour intervenir sur les attaques adverses réalisées par des joueurs incisifs. Offensivement, les Nantais ont été maladroits, avec des difficultés pour semer le trouble dans la défense adverse, faute d’appels de balle suffisamment bien répartis. Sur l’une des actions dangereuses du FC Nantes, Jordan Veretout déclencha une frappe à l’entrée de la surface, alors que trois coéquipiers se trouvaient à ses côtés. Mais ces derniers, en manque d’inspiration, ne proposèrent que des appels de balle orientés dans la même direction alors que le côté gauche de la surface parisienne était totalement libre. Si l’équipe nantaise est capable de jouer avec enthousiasme, son manque de tranchant offensif peut l’exposer à des contres meurtriers lorsque la défense centrale se retrouve confrontée à des combinaisons adverses rapides. Les Girondins de Bordeaux auront intérêt à exploiter la lourdeur de l’axe nantais, ou le manque d’affinités de Vincent Bessat avec le poste de latéral gauche, si Michel Der Zakarian décide de le titulariser de nouveau. Mais les Bordelais devront aussi éviter les ballons longs et contourner les duels, en se méfiant des individualités nantaises qui auront à coeur de relever les statistiques offensives du club en jouant une fin de saison sans grande pression.

3 questions à… Olivier Quint (ex milieu offensif du FC Nantes entre 2001 et 2006 - Consultant pour France Bleu Loire Océan)

WebGirondins : La saison du FC Nantes reflète-t-elle bien le potentiel de l’équipe ?

Olivier Quint : Je crois que l’équipe est à sa place. Il ne faut pas oublier que l’interdiction de recruter a pesé dans le déroulement de la saison. C’est un effectif qui manque parfois d’expérience, avec des jeunes intéressants comme Bammou ou N’Koudou. Le club a fait un très bon début de saison, mais nous savions pertinemment que le collectif était en surrégime. Aujourd’hui Nantes est 11eme, mais accrocher la 10eme place qui est un objectif pour le club serait logique et mérité par rapport à la saison qui a été réalisée. Cet objectif annoncé par les dirigeants et les joueurs est cohérent.

WebGirondins : Nantes devra-t-il modeler son effectif l’an prochain ?

Olivier Quint : L’interdiction de recruter va être levée cet été, et c’est une bonne chose car une absence de recrutement sur la 3eme saison en L1 depuis la remontée serait très préjudiciable. Il y a deux stratégies possibles pour le club : soit renouveler l’effectif à 70% en vendant tous les joueurs cadres et repartir sur quelque chose de différent, mais c’est assez risqué, ou alors renouveler cet effectif à 30%. Dans ce cas, quelques ventes suffiraient pour recruter des joueurs qui apporteraient un vrai plus. Mais là encore, il ne faut pas se tromper de profil : Nantes a une équipe jeune et des joueurs qui ont l’expérience de la L1 devraient l’aider à progresser.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce Bordeaux-Nantes

Olivier Quint : Déjà, je ne serai pas du déplacement, et j’aurais bien voulu voir ce dernier match à Chaban-Delmas car je pense que ce sera une très belle fête. Je vois un match ouvert. Bordeaux doit gagner pour accrocher un ticket européen en fin de saison et Nantes n’a plus rien à jouer et sera libéré. Bordeaux risque d’avoir la pression. Quand tu joues le dernier match de l’histoire d’un stade, il y a forcément de la tension, une petite pression sur toi. Bordeaux a plus à perdre que Nantes. C’est pour cela que je vois bien Nantes faire un coup à Bordeaux. Peut-être pas jusqu’à gagner, mais je pense que le FC Nantes peut faire un bon nul. Je vois bien un 2-2.

Par Florian Rodriguez

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