Guingamp, pas si petit que ça

31/01 - 06:35 | Il y a 10 ans

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Rapidement promis à une saison en enfer, le club de Guingamp a redressé la barre pour devenir un des poils à gratter du championnat de L1. Portés par le 3eme meilleur buteur du championnat, Claudio Beauvue, les Bretons assurent à domicile mais ont réalisé quelques coups à l’extérieur qui doivent alerter les Girondins (PAOK en Europa League, Reims et Lille en L1).

La forme de l’équipe

Les guingampais ont très mal entamé le championnat, naviguant dans la zone rouge, avec en point d’orgue une cinglante défaite à domicile face à Nice fin octobre (7-2). Le mois de novembre, légèrement ensoleillé par une victoire face à Minsk en Europa League (2-0), fut du même acabit avec une série de quatre défaites consécutives toutes compétitions confondues. Le président de l’EAG, Betrand Desplat, sonna la révolte avant le match couperet face à Caen en conférence de presse (2 décembre 2015) : «Je veux voir des lions et des loups affamés sur le terrain». Le lendemain, les Costarmoricains renvoyaient les Caennais à leur statut de promu en signant une large victoire 5-1. Depuis, le bilan des hommes de Jocelyn Gourvennec est impressionnant puisque sur les douze derniers matchs, toutes compétitions confondues, les Guingampais n’ont perdu que deux rencontres, ont partagé une fois les points et ont remporté leurs dix autres confrontations. Il est à noter que l’une de leurs victoires eut lieu à domicile face à Paris et que les deux défaites furent infligées par Monaco (2-0, Coupe de France) et Marseille à l’extérieur (2-1, L1).

Les joueurs, l’effectif

Claudio Beauvue est mis en évidence par ses statistiques. Milieu offensif reconverti attaquant de soutien, le joueur guingampais est actuellement 3eme meilleur buteur du championnat avec dix buts. L’effectif compte également un autre buteur en la personne de Christophe Mandanne (ex Dijon) auteur de six buts. Autour de ces deux buteurs, l’effectif guingampais est homogène et compte quelques joueurs ayant connu le haut niveau. Sylvain Marveaux qui a pu goûter à la Premier League avec Newscastler fait partie de ceux-là. Avec quatorze matchs au compteur et deux passes décisives, l’ancien rennais revient petit à petit dans le rythme après avoir peu joué en Angleterre. Au milieu, Younousse Sankharé s’affirme comme le patron de l’entre-jeu en ayant distribué trois passes décisives en championnat. Autour de lui, des joueurs comme Lionel Mathis et ses 32 matchs de coupe d’Europe, ou Jérémy Pied et ses dix matchs de Ligue des Champions dans les crampons, apportent de la ressource à l’EAG. Enfin, derrière, le pari de Guingamp est en train de payer avec le latéral droit danois Lars Jacobsen. À 35 ans, le défenseur a pris part à douze rencontres en L1 (toutes en tant que titulaire), et apporte son expérience du haut niveau avec ses trois saisons en Bundesliga (Hambourg, Nuremberg), ses trois années en Premier League (Everton, Blackburn, West Ham) et ses 69 sélections en équipe du Danemark.

Les statistiques 

> Guingamp a très peu réussi à Bordeaux sur les neuf dernières confrontations à Chaban-Delmas. Les Girondins dominent par sept victoires à une tout en partageant les points avec leur futurs visiteurs à une reprise. L’an dernier, en L1, les Bordelais s’étaient nettement imposés 5-1 (Diabaté 3 fois, Rolan, Jussiê, Diallo pour Guingamp) tandis que la dernière victoire des Bretons sur les terres girondines remonte au 9 septembre 2000 (0-2, buts de Bruno Rodriguez et Yannick Baret). À cette époque, Bordeaux comptait dans ses rangs des joueurs comme Roche, Pauleta, Dugarry, Wilmots ou encore Laslandes. Guingamp, de son côté, faisait débuter un certain Florent Malouda, et comptait sur Hubert Fournier, l’actuel coach lyonnais, pour diriger sa défense centrale.
 

> Guingamp et Bordeaux se rejoignent sur une statistique : le nombre de tirs cadrés depuis le début de la saison. Les Costarmoricains et les Girondins totalisent chacun 85 tirs cadrés.
 

> Claudio Beauvue a disputé quatre matchs face à Bordeaux au cours de sa carrière. L’ancien joueur de Châteauroux n’a pas encore inscrit de but face au club au scapulaire sur ses quatre matchs disputés en tant que titulaire. L’an dernier, il fut expulsé à la 89e minute du match au Roudourou (victoire de Bordeaux, 1-0).
 

> Les Guingampais sont prolifiques lors du dernier quart d’heure de leurs matchs avec une majorité de buts inscrits dans ce timing (cinq réalisations), mais également une large part de buts encaissés (neuf réalisations concédées à l’adversaire).
 

> L’équipe guingampaise est homogène : seuls neuf joueurs totalisent moins de dix matchs disputés cette saison en L1 sur un total de 27 éléments. À titre d’exemple, seize joueurs girondins ont disputé moins de dix matchs sur un effectif officiel de 32 joueurs (gardiens compris). Autre élément de la régularité guingampaise, l’équipe dispose quasiment du même classement à domicile et à l’extérieur (11e à domicile, 12e à l’extérieur, 12e au classement général). Bordeaux, de son côté est la 7e équipe à domicile, mais seulement la 10e à l’extérieur. 

L’analyse du jeu : l’exemple de Guingamp-Lorient

Guingamp a pratiqué face à Lorient un jeu direct, favorisant des attaques axiales à destination immédiate de Claudio Beauvue ou Christophe Mandanne, associés en attaque. Une autre façon d’attaquer dans l’axe a été mise en oeuvre par Younousse Sankharé dans le style «box to box» en partant de loin et en perforant le coeur du jeu pour libérer des espaces aux attaquants. Les constructions par les ailes ont été moindres car Dorian Lévêque ou Lars Jacobsen ont plutôt laissé l’initiative des offensives à Thibaut Giresse et surtout Jérémy Pied qui cherchaient à repiquer dans l’axe pour éventuellement se mettre en situation de frappe. L’ancien lyonnais a également tendance à devenir deuxième attaquant lorsque Claudio Beauvue ou Christophe Mandanne s’excentrent.

Beauvue et Mandanne ont joué très proches l’un de l’autre, cherchant à se trouver régulièrement. Le point fort de cette équipe guingampaise est sans doute cette faculté à prendre l’axe du terrain et à trouver ses deux attaquants rapides dans la course. En revanche, il est à noter que Christophe Mandanne a eu tendance à porter le ballon et à le perdre de temps à autre au moment où le bloc guingampais remontait, ce qui peut exposer cette équipe à des contres dangereux.

Si les milieux excentrés défendent beaucoup à Guingamp dans le schéma 4-4-2 classique offert notamment face à Lorient, lors des phases de pressing défensif, l’espace entre les milieux excentrés et les défenseurs latéraux guingampais est assez important. Ce vide entre les joueurs de chaque couloir peut favoriser une équipe comme Bordeaux lorsque des joueurs comme Maurice-Belay et Contento ou Mariano et Rolan combinent. Enfin, si Bordeaux peut être en danger au milieu, avec ces joueurs rapides et axiaux, la défense centrale bretonne présente aussi quelques fragilités. Face à Lorient, il est à noter que quelques appels entre le défenseur central et le latéral ont porté leurs fruits et auraient pu coûter cher. Toujours dans ce registre, Jérémy Sorbon a tendance à sortir assez facilement de son axe et à laisser son compère de la défense esseulé, mettant un peu de temps à revenir. Une bonne indication pour des Girondins qui pourraient décider d’aspirer l’axe guingampais pour favoriser l’écart naturel entre les joueurs excentrés et profiter de ces failles pour lancer des offensives sur les ailes et désordonner le bloc breton qui se regroupe assez rapidement. La donne pourrait être changée si Jocelyn Gourvennec modifiait son système et remontait Christophe Kerbrat d’un cran aux côtés de Mustapha Diallo dans un milieu à trois autour de Younousse Sankharé, protégeant davantage son axe défensif central.

En résumé :

Les + Guingampais face à Lorient :

> Mandanne et Beauvue très en jambe. Un duo qui se trouve facilement et attaque frontalement.

> Des milieux offensifs qui accompagnent les attaquants. Présence récurrente de Jérémy Pied dans la surface adverse.

Les - Guingampais :

> Des ailes qui semblent exploitables et des latéraux qui n’apportent pas un soutien de poids aux attaques.

> Une défense centrale qui peut laisser des espaces entre le central excentré et le latéral. 

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