Metz, pas encore le purgatoire

24/04 - 13:45 | Il y a 10 ans

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Donnés pour morts et expédiés en Ligue 2 par la majorité des observateurs du football, les Messins n’ont pas abdiqué malgré une situation très compromise. Revigorés par deux victoires de rang, les joueurs d'Albert Cartier se déplacent sans complexe à Bordeaux.

La forme de l’équipe

Le FC Metz, promu en L1 en fin de saison dernière, retrouvait l’élite plein d’enthousiasme au mois d’août, fort d’un passé fleuri dans la plus haute division. Auteurs d’un mois d’août solide ponctué par une victoire à domicile face à Lyon (2-1), les Messins continuaient leur bon début de saison en réalisant un mois de septembre presque parfait (3 victoires, une seule défaite). Le promu semblait parti pour créer des problèmes à ses adversaires et faire un peu mieux que le maintien. Mais la dure réalité de la première division a rattrapé le club lorrain avec une terrible série de 18 matchs en L1 sans victoire. Contrairement à ce que les statistiques peuvent laisser croire, l’équipe messine ne fut pas ridicule et quelques matchs face à des grosses cylindrées de la L1 auraient pu basculer du côté grenat, notamment à domicile (0-1 face à Monaco, 2-3 face à Saint-Etienne, 0-0 face à Bordeaux). Depuis sa belle victoire à la maison face au concurrent toulousain, sur le score de 3-2 le 4 avril, Metz a retrouvé une consistance confirmée par une nette victoire face à Lens (3-1). Avec 8 points de retard sur Evian, premier relégable, et un calendrier offrant des noms ronflants aux hommes d’Albert Cartier pour la fin de saison (Bordeaux, PSG, Marseille, Monaco), les pronostiques sont toujours aussi défavorables. Mais le regain de forme des joueurs, les derniers résultats, et un match en retard à disputer, même à Paris, peuvent redonner une lueur d’espoir du côté de la Moselle.

Les joueurs, l’effectif

L’effectif messin est composé de joueurs généreux qui ont lutté de haute volée pour s’offrir la possibilité de remonter en L1. Privés de leur talisman Diafra Sakho, parti à West Ham l'été dernier, les Messins ont eu des difficultés à trouver un nouvel élan en attaque. Modibo Maïga, Juan Falcon ou Federico Andrada ont eu pour mission de combler le vide laissé par l’attaquant sénégalais. Maïga 8 buts et Falcon 4 buts n’ont pas démérité mais font partie d’un collectif qui a douté à travers sa longue série de matchs sans victoire. Yeni N’Gbakoto, jeune joueur offensif créateur et provocateur balle au pied, réalise une saison correcte avec 5 buts mais une seule passe décisive au compteur. Élément moteur du jeu messin en L2, N’Gbakoto n’a pas explosé. À la décharge de ce jeune joueur : la découverte de la L1, et l’absence de son compère Sakho avec qui l’entente était parfaite. C’est peut-être au milieu de terrain que le FC Metz a connu des difficultés pour construire son jeu et solidifier ses schémas. En l’absence de Romain Rocchi, élément prépondérant du milieu messin et blessé au genou depuis plusieurs mois, Guirane N’Daw a tenté de retrouver son niveau sochalien mais sans réellement y parvenir. Une situation qui s'est améliorée depuis plusieurs matchs et l'émergence du duo de récupérateurs composé d'Ahmed Kashi et de Ferjani Sassi. Le dernier nommé, international tunisen de 22 ans, est peut-être la bonne trouvaille du mercato d'hiver messin. Très bien placé et bon relanceur, le coéquipier de Wahbi Khazri en sélection tunisienne participe à la meilleure forme messine. Après l'éclosion tardive d'un duo de récupérateur efficace, le milieu lorrain a aussi manqué d’un leader dans l’animation du jeu. Florent Malouda effectue une saison honnête, mais le poids de l’âge (35 ans), et d’une carrière qui a demandé beaucoup d’efforts et de sacrifices ont réduit le rendement de l’ancien international tricolore (3 buts). Enfin, défensivement, les Grenats ont peut-être manqué de solutions. Les défenseurs Sylvain Marchal, Jérémie Choplin ou Guido Milan présentent tous les trois un profil similaire : puissant, dur sur l’homme, mais avec un déficit de vitesse. À l’instar des défenseurs centraux, les jeunes latéraux Romain Métanire et Gaëtan Bussmann ont beaucoup cravaché (respectivement 28 et 27 matchs) dans une saison compliquée pour un effectif parfois limité mais sérieux et volontaire.

Les statistiques

L’analyse du jeu : l’exemple de Metz-Lens

Le jeu messin a été étouffant pour Lens qui n’a pas réussi à trouver la solution pour contrer un pressing très généreux et un dynamisme collectif important. Sur chaque ballon lensois, les hommes d’Albert Cartier ont exercé une pression bien organisée permettant de relancer une fois le ballon récupéré. Organisation dans le pressing, mais aussi attaques en masse avec des vagues offensives réalisées par une équipe bien en bloc ont émaillé le match des Mosellans. Le mouvement permanent des joueurs et la participation des milieux de terrain défensifs et des défenseurs aux attaques ont permis aux Messins de se créer facilement des situations dangereuses. La situation de Lens, dernier mais rarement hors-sujet comme l’a prouvé son match à Bordeaux, n’enlève rien à la qualité de la prestation messine. Metz a retrouvé un allant qui caractérise les équipes qui jouent leur va-tout sans retenue. Mais cet enthousiasme débordant peut avoir des conséquences si les attaquants n’effectuent pas les mêmes mouvements que les défenseurs, en revenant combler les espaces en phases défensives. Lors de courtes périodes, face à Lens, les milieux de terrain à vocation défensive et les défenseurs ont du composer sans le retour des joueurs offensifs. Sans conséquence face à Lens qui s’est peu projeté, ces oublis dans le repli défensif peuvent poser problème face à des équipes qui attaquent en nombre comme pourrait le faire un Bordeaux déterminé à remporter le match après sa déroute à Lille.

3 questions à… Albert Cartier (Entraîneur du FC Metz)

WebGirondins : Depuis deux rencontres, votre équipe semble redevenir celle qu’elle était en début de saison. Partagez-vous ce point de vue ?

Albert Cartier : Je dirais que l’équipe a retrouvé plus de fluidité dans le jeu, avec une animation offensive qui est meilleure, plus dynamique. Mais nous ne sommes pas passés d’un extrême à l’autre en deux matchs. Tout ce que nous avons fait avant n’est pas à jeter. Le tournant de notre saison c’est certainement le match aller face à Bordeaux. Ce match vient après deux défaites de notre part. Pour une équipe avec de jeunes joueurs, le doute peut s’imposer, et repartir sur une victoire peut changer les choses. Je ne dis pas que nous devions gagner ce match, mais je dis que nous avions la possibilité de le faire avec notamment un pénalty non transformé. Aujourd’hui nous avons plus de confiance et de réussite, les deux vont ensemble. On a retrouvé des choses intéressantes. Maintenant, nous allons affronter Bordeaux. Est-ce que nous serons capables de refaire les mêmes choses contre Bordeaux, face à un adversaire d’un autre niveau ? Nous allons voir dès samedi si nous pouvons rééditer nos bons derniers matchs.

WebGirondins : Votre équipe ne semble pas résignée, quel discours lui tenez-vous ?

Albert Cartier : Je dis à mes joueurs qu’il jouent chacun pour la carrière de l’autre. Chaque joueur peut influencer le futur de son coéquipier. Si chacun voit les choses de cette manière, de façon collective, on voit les choses autrement. Il faut aussi sortir du grand jeu du foot pour aller vers le grand jeu de la vie : prendre des habitudes de partage, de don de soi, de sacrifice. D’un point de vue plus sportif, je leur dis : « nous ne sommes pas dans la meilleure des positions, mais concentrons-nous sur l’idée de prendre un maximum de points jusqu’à la fin, et voyons ensuite ». L’an dernier Sochaux était très mal en point au même moment de la saison et en 5 matchs les Sochaliens sont revenus à la hauteur d’Evian. Notre calendrier est encore plus compliqué que celui de Sochaux, mais c’est aussi ça qui est motivant, cela peut nous permettre de créer un exploit dont on se souviendra.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce Bordeaux-Metz ?

Albert Cartier : Je pense que le match sera serré car Bordeaux a besoin de points, et nous en avons besoin aussi. Il n’y a rien de facile dans le football. Bordeaux est une bonne équipe, expérimentée avec des joueurs appliqués et bien disciplinés dans le cadre collectif. Ce sera serré comme un match où les deux équipes veulent faire un résultat pour récupérer des points.

Par Florian Rodriguez 

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