Entretien. Maëlle Seguin : "Lorsque les Girondins ont chuté, c'était violent pour tout le monde", confie l'ancienne bordelaise
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Maëlle Seguin : "Au FC Nuremberg, il y a une vraie reconnaissance de la section féminine"
Depuis son départ du club au scapulaire à l'été 2024, la jeune joueuse française a déposé ses valises du côté de Guingamp lors de la saison 2024/2025, avant de signer au FC Nuremberg en Allemagne, cet été. L’ancienne Bordelaise raconte sans détour son départ et sa renaissance en Allemagne dans La Bordelaise sur WebGirondins.
WebGirondins : Pourquoi as-tu décidé d'aller jouer en Allemagne, au FC Nuremberg ?
Maëlle Seguin : J'étais ouverte à toutes les options. Ma dernière saison avec Guingamp était très compliquée. J'avais besoin de lancer un nouveau chapitre dans ma carrière. Le FC Nuremberg me suivait déjà lorsque j'évoluais aux Girondins de Bordeaux. La signature s'est faite naturellement, puisque les contacts avaient déjà été établis. Le club est bien structuré, c'est ce qui m'a convaincu de signer ici.
Comment se passe ton intégration dans le club ?
Je n'ai pas de difficultés à m'adapter. Le groupe est exceptionnel, les joueuses sont à l'écoute de mes besoins. Elles sont toujours présentes lorsque j'ai des problèmes. Il y a évidemment la barrière de la langue, mais en Allemagne, ce n'est pas un problème, tout le monde sait parler anglais. Les échanges sont facilités. Depuis que je suis arrivé, je ne me suis jamais senti à l'écart.
Le club de Nuremberg met en avant la section féminine, à travers les réseaux sociaux notamment, qu'en penses-tu?
C'est vrai, dans ce club, il y a une vraie reconnaissance de la section féminine, l'équipe a une véritable identité. On a notre propre sponsor qui nous organise des événements. La semaine prochaine, on va à Berlin. Grâce au sponsor, je vais pouvoir réaliser plus facilement mon stage pour mes études. Beaucoup de choses sont mises en place autour de nous, on n'est vraiment pas à plaindre.
Au niveau des infrastructures, est-ce qu'il y a une différence notable avec les clubs de D1 Arkema ?
Non je ne dirais pas ça. Les terrains sont très propres, on a une salle de musculation, tout est mis en place pour qu'on performe sur le terrain. À Bordeaux, lorsque j'y étais encore, tout était très bien aussi. La prise en charge de ma blessure se passe à merveille. J'ai des soins tous les jours et je suis dans un centre de réhabilitation spécialisé. J'ai des kinés à ma disposition pour m'accompagner dans ma période de convalescence.
Quelle est la nature de ta blessure ?
La syndesmose, c'est une blessure au niveau des ligaments situés entre le tibia et le péroné, juste au-dessus de la cheville. Heureusement, je n'ai pas eu besoin d'opération, car le ligament n'a été que partiellement rompu. Mais il me faut du temps pour récupérer. J'ai commencé la réathlétisation depuis le début de la semaine. Je reviens doucement, mais sûrement. J'espère pouvoir reprendre la compétition début décembre.
Un extrait de l'entretien à écouter :
"Pour un promu, les Girondines font un bon début de saison"
As-tu toujours des contacts avec les anciennes Girondines ou les joueuses de Guingamp ?
Oui, je suis régulièrement en contact avec beaucoup de joueuses avec qui j'ai joué à Bordeaux. Notamment avec Serena Pinto ou encore Marion Haelewyn, parce qu'on était très proche. Lorsque je rentre en France, je viens voir jouer les filles de Bordeaux en D3. Et j'échange aussi avec mes anciennes coéquipières de Guingamp.
Est-ce que tu suis le début de saison des Girondines en D3 ?
Oui, j'essaie régulièrement de demander aux filles comment se passent les matchs. Pour une équipe promue, je trouve qu'elles se débrouillent plutôt bien. Elles font un bon début de saison, pour une équipe qui n'est pas attendue. Elles ne sont pas dans la zone de relégation. Certes, elles ne sont pas dans le haut du tableau non plus, mais ce n'est pas ce qui leur est demandé. Donc je trouve que le début de saison est assez cohérent.
Comment as-tu vécu ton départ des Girondins de Bordeaux ?
C'était une grande désillusion, je ne m'attendais pas à ça. Quand j'ai signé mon contrat pour trois ans, je comptais l'honorer, j'avais planifié mes études en parallèle. Je m'étais projeté sur ces trois années. Lorsque le club a chuté, ça a été violent pour tout le monde. Toutes les joueuses ont dû trouver un nouveau projet au dernier moment. C'était difficile.
"Patrice Lair a été très important pour nous"
Est-ce que la saison 2022-2023 avec Patrice Lair en D1 Arkema a été un cadeau empoisonné pour vous, les jeunes joueuses, étant donné que vous sortiez directement des U19 ?
Je pense qu'il nous manquait forcément un palier. Entre la catégorie U19 et la D1 Arkema, il y a un gouffre. Tu te retrouves face à des joueuses, qui, pour certaines, jouaient en première division depuis au moins dix ans. Il nous manquait plein de choses, pour prétendre à performer dans cette ligue. Mais je ne l'ai pas ressenti comme un cadeau empoisonné. Cette situation a été bénéfique pour les jeunes joueuses, puisque ça nous a permis de rentrer directement dans le grand bain. C'est de cette façon que tu acquiers de l'expérience. Même si c'était parfois difficile mentalement, nous en sommes sortis grandis. Le groupe était uni, on a ressenti des émotions très fortes durant cette saison. Je n'en tire que du positif.
Qu'est-ce que tu retiens de Patrice Lair, ton ancien coach aux Girondins de Bordeaux ?
Beaucoup de choses. Il m'a aidé à développer mon mental. Il a souvent été dur avec le groupe, mais c'était dans l'optique de faire progresser ses joueuses. Il a été très important pour nous.
Comment est-ce que tu décrirais ton jeu en tant que milieu de terrain ?
En France, avec Patrice Lair, on parlait de moi comme une joueuse qui mettait de l'impact et qui récupérait les ballons. Ma force était l'aspect défensif. J'ai beaucoup travaillé l'aspect offensif, sur la façon dont je pouvais aider dans le jeu et à la relance. Depuis que je suis en Allemagne, le paramètre qui change le plus par rapport à la France, c'est l'impact physique. Il y a beaucoup d'intensité dans le jeu, les duels, mais aussi les courses. Je me suis retrouvée à être la joueuse frêle, sur qui on compte plus dans l'aspect technique que dans le domaine physique. Donc, aujourd'hui, je ne sais plus comment me caractériser (rires). En France, il y a beaucoup plus de jeux de possession. En Allemagne, c'est davantage du jeu direct avec une grande intensité.
"J'ai envie de m'imposer en tant que titulaire indiscutable à Nuremberg"
Est-ce que tu poursuis tes études à côté de ta carrière de footballeuse ?
Depuis l'année dernière, je suis dans une formation BTS en distanciel via le CNED. On ne peut pas dire que j'ai un réel projet professionnel à côté du football, mais j'essaie d'avoir quelque chose à côté au cas où. Ça me permet de changer d'air et de déconnecter un peu du football lorsque j'en ai besoin. Beaucoup de joueuses de mon équipe ont aussi d'autres activités à côté, donc on essaie de se motiver ensemble en se réunissant dans des cafés, par exemple. C'est difficile d'être motivé lorsque tu fais tes études en distanciel.
Comment est-ce que tu imagines la suite de ta carrière ?
Pour le moment, je veux me concentrer sur mon contrat de deux ans à Nuremberg. J'ai vraiment envie de m'imposer en tant que titulaire indiscutable dans cette équipe. Quand j'aurai atteint cet objectif, on verra.
Est-ce que tu échanges avec ton coach ?
Notre coach est hollandais. Il parle allemand, mais principalement anglais. C'est un entraîneur qui se concentre beaucoup sur la communication. S'il y a le moindre souci, je sais que je peux aller lui parler, que ce soit sur le football ou sur un autre sujet. Il est à l'écoute de ses joueuses et ça, c'est génial.
Est-ce qu'il y a un championnat particulier qui t'intéresse ?
Aujourd'hui, c'est le championnat anglais. On ne va pas le nier, c'est le championnat qui a complètement explosé. Le football aux États-Unis peut aussi être très intéressant, étant donné que le football (soccer) est plus populaire chez les filles que chez les garçons.
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