Carnet d’entraînement : Exploser et se proposer

13/11 - 18:35 | Par la rédaction | Il y a 11 ans

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Ce vendredi 13 novembre 2015, les Girondins ont foulé les pelouses du Haillan en petit comité. 14 joueurs se sont retrouvés dès 10h30 pour travailler l’explosivité et le dynamisme ballon au pied. Entre calme extrême et chambrages légers, les joueurs ont bien travaillé. 

Un ciel gris, un temps légèrement frais, et des odeurs de pelouse humide. Pas de doute, le mois de novembre est enfin arrivé sur le centre d’entraînement du Haillan. Dès 10h25, pour une séance prévue à 10h30, les premiers professionnels sortent des vestiaires professionnels et n’entrent pas sur le terrain principal. Tous se dirigent vers les terrains en contrebas, proches du parking consacré aux visiteurs, armés de chasubles de couleurs. Dans une ambiance très calme, Nicolas Pallois et Nicolas Maurice-Belay blaguent, tandis que Clément Chantôme et le même Maurice-Belay serrent la main de retraités, fidèles de tous les jours. Patrick Guillou décharge un petit utilitaire où se trouve le matériel, transporté depuis le QG principal des professionnels. Les chasubles bleus affronteront toute la séance les chasubles jaunes. Parmi les bleus, sont présents principalement des joueurs en manque de temps de jeu ou des jeunes joueurs de la CFA : Diego Contento, Isaac Kiese-Thelin, Ilias Hassani, Sofian Valla, Valentin Vada, Gaëtan Laborde et Robin Maulun. Chez les jaunes, ce sont des joueurs plus habituels de l’équipe première : Cédric Yambéré, Frédéric Guilbert, Nicolas Maurice-Belay, Nicolas Pallois, Jussiê, Maxime Poundjé et Clément Chantôme

La séance débute sous les yeux d’une quinzaine de supporters, accoudés à la main courante, profitant d’une vue non gâchée par le grillage de l’habituel terrain d’entraînement. Des petits exercices de passes sans contrôle inaugurent la séance, suivis de jongles et passes instantanées. Les appuis sont aussi travaillés avec un jeu en duo où l’un des joueurs envoie le ballon à la main pour son coéquipier censé remettre en une touche après avoir adapté ses pas. Diego Contento et Isaac Kiese-Thelin travaillent ensemble. Les exercices s’enchaînent et les bleus comme les jaunes travaillent autour de plots formant un rectangle : contrôle de l’intérieur du droit, orientation du ballon avec l’extérieur du gauche et passe de l’intérieur du gauche incitent les joueurs à travailler les contrôles orientés et à enchaîner rapidement. Eric Bedouet insiste : « fléchissez sur vos jambes, soyez souples ». Willy Sagnol, de son côté, seul et dos à l’activité de ses hommes, observe les gardiens s’entraîner au loin et rejoint son staff, le regard un peu noir. Eric Bedouet, toujours attentif, demande à ses joueurs de travailler le disponibilité dans un jeu consistant à redoubler de passes. Willy Sagnol s’adresse à Clément Chantôme et annonce la couleur : « c’est de l’exercice préparatoire avant de la tonicité ». 

Sous les yeux d’un Cédric Carrasso au regard sombre, qui achève son tour de terrain, et un Thomas Touré qui attend lui aussi de participer à un exercice avec le kiné du club, les joueurs attaquent l’explosivité. Sur la même ligne, deux joueurs sont en concurrence au niveau de la course. Patrick Guillou joue le juge arbitre. Les courses s’enchaînent dans une ambiance on ne peut plus calme. Mais plus le jeu avance, plus les joueurs entrent dans l’ambiance. Pallois chambre le jeune Valla en éclatant de rire : « Je fais 30kg de plus que lui et je vais plus vite, incroyable ». Thelin gagne l’un de ses duels et exulte d’un « oui » rageur après avoir entendu Patrick Guillou le déclarer vainqueur. Willy Sagnol, de son côté reproche aux « jeunes de se faire bouffer par les vieux ». Sandy Guichard, le préparateur physique qui assiste Eric Bedouet, commande le prochain atelier. Le but : à partir de plots positionnés au centre, contourner un piquet d’une couleur définie au dernier moment par le préparateur physique (rouge ou blanche) et revenir à la case départ. Cet exercice, utilisé dans des variantes différentes dans le monde du professionnalisme, est un exercice souvent apprécié par les joueurs, participant à la bonne ambiance d’un groupe par le piquant apporté par les annonces en tous genres des entraîneurs. Clément Chantôme très à l’aise sur l’exercice est pointé du doigt par son coach Willy Sagnol de manière ironique : « quand un gars comme Chantôme anticipe sur rouge, envoie-les sur blanc ! ». Pallois, toujours aussi taquin et en forme, continue de dominer Sofian Valla. Ces ateliers, qui ne semblent pas compliqués pour l’oeil du novice, sont gourmands en énergie. D’autant que le staff fait terminer les joueurs sur un travail de course à partir d’une position assise sur un banc.

Passé ce travail très complet, il est temps de toucher le ballon. Chaque équipe a pour mission de mener une action vers le but en passant par les ailes avec un minimum de passes. Jérôme Prior et le jeune Lucas Bobe, gardien de la CFA arrivé de Niort cet été, font office de sparing partners dans les cages. Sylvain Matrisciano, avec une voix imposante, placé au milieu du terrain, incite ses joueurs à jouer en cinq passes, insistant sur le travail de répétition. À chaque action terminée, un contre-effort est demandé aux joueurs pour se replacer. Les cinq passes sont rarement respectées et le déchet est important devant le but, malgré une belle tête de Thelin sur un centre parfait de Valla, très bien détourné par Lucas Bobe. « Appuyez vos passes, vous êtes arrêtés, vos passes ne sont pas bonnes » tonne Sylvain Matrisciano. Willy Sagnol prend le relai de son bras droit et reproche aux joueurs une latéralité trop importante dans la première construction du jeu. On joue comme on s’entraîne dit un adage connu des footballeurs, et Maurice-Belay en est l’exemple concret : sur un très mauvais contrôle, le milieu offensif se lamente d’avoir manqué son geste technique. Très exigeant avec lui-même, le joueur bordelais peut très vite être atteint moralement par ses erreurs. Les entraîneurs s’empressent de le rassurer, Matrisciano en tête : « c’est rien Nico, c’es pas grave, continue ». 

Il est 11H20. L’entraînement va s’achever par une opposition entre les jaunes et les bleus. Les deux équipes se neutralisent longtemps, faisant tourner le ballon en manquant un peu d’imagination à l’image de Maxime Poundjé qui tente un centre contré alors qu’aucun coéquipier n’était présent devant le but. Sylvain Matrisciano, toujours attentif, demande aux joueurs de plus communiquer. L’ambiance est calme et un supporter retraité, l’un des fidèles des entraînements, déclare à ses compères : « il y a de moins en moins de monde aux entraînements ». Willy Sagnol réveille la douce torpeur du Haillan en invectivant joyeusement Patrick Guillou, à l’opposé, et censé surveiller les hors-jeu : « il ne peut pas être hors-jeu, il part de son terrain, c’est quoi cet arbitre en bois ?! ». Pendant ce temps, les jaunes débloquent le score par Cédric Yambéré, très à l’aise devant le but après avoir déjà trouvé les filets dans l’exercice précédant, dans un remake de son but face à Marseille la saison dernière. Mais les bleus, sous l’impulsion d’un Contento très impliqué n’en resteront pas là. Valentin Vada, inscrivant deux buts, donnera la victoire à son équipe sur le fil. Tranquillement, Chantôme, Thelin et Guilbert rapprochent les mannequins présents au fond du terrain sous le regard de Patrick Guillou qui incite ses joueurs à ne pas laisser traîner de bouteilles sur la pelouse. Il est maintenant 11H40. Guillou recharge l’utilitaire avec son matériel tandis que les joueurs repartent à pied vers le centre professionnel. Tandis qu’Eric Bedouet suit la troupe à vélo, Willy Sagnol et Patrick Guillou décident de se rapprocher grâce à un autre mode de transport demandant moins d’efforts : la voiture. Sous l’impulsion à moteur du coach principal, le groupe professionnel qui a effectué une séance variée et sérieuse à défaut d’avoir été marquante techniquement, regagne ses pénates. 

Par Florian Rodriguez au Haillan

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