Cet étonnant Paris

14/03 - 06:00 | Par la rédaction | Il y a 11 ans

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Favori de la L1, le PSG est tenu en échec par Lyon à dix journées de la fin du championnat. Capables de concéder des matchs nuls face à des équipes supposées lutter pour le maintien, les Parisiens sont aussi capables de se qualifier pour les 1/4 de finale de la Ligue des Champions face à Chelsea. Mais c’est bien à Bordeaux, dimanche, que Paris devra cravacher pour rattraper l’Olympique Lyonnais.

La forme de l’équipe

Même Paris, à son échelle, est capable de faire preuve d’inconstance au sein de cette L1. L’irrégularité, qui semblait réservée aux équipes de bas et de milieu de tableau, engluées dans leurs soucis de jeu, frappe aussi les monstres du PSG : 11 matchs nuls, pour le bilan négatif. Quelques volées de bois verts adressées à leurs adversaires (5-0 face à Saint-Etienne ou encore 3-0 à Bordeaux et Montpellier) pour le bilan positif. Paris traverse sa saison en L1 sans forcer et se retrouve à jouer le titre malgré une saison poussive dans le championnat domestique au regard de l’impressionnant effectif dont dispose le club de la capitale. Le mois de février des Parisiens, marqué par leur résultat de prédilection que représente le match nul, n’a rapporté que 6 points sur 12 possibles. Repartis sur les mêmes bases en mars avec un 0-0 à Monaco, les coéquipiers de Zlatan Ibrahimovic ont ensuite récolté 3 points avec une victoire facile sur Lens (4-1). Les Girondins vont affronter une équipe parisienne avec un moral d’acier après la qualification de mercredi à Chelsea, mais aussi une équipe capable de se laisser vivre et d’abandonner des points à ses adversaires.

Les joueurs, l’effectif

Malgré une saison qui semble un peu décevante, Zlatan Ibrahimovic a inscrit 12 buts. Gêné par une blessure au talon, l’attaquant suédois reste tout de même le premier artilleur du PSG puisque Edinson Cavani, auteur de 8 buts, n’arrive pas à reprendre véritablement le flambeau. Sans point faible au sens propre du terme, l’effectif parisien ne compte pas non plus de véritable passeur de haute volée. Javier Pastore, meilleur passeur de l’équipe culmine à 5 passes devant Verratti (4 passes). Lucas et Ezequiel Lavezzi, dans l’aspect offensif, sont des joueurs de percussion qui représentent des dangers permanents malgré leur irrégularité. Le milieu parisien reste l’élément fort de l’équipe avec Marco Verratti, Blaise Matuidi et Thiago Motta. Trois joueurs capables de cadenasser un match en empêchant l’adversaire de jouer. La défense parisienne, très critiquée dans la foulée du mondial brésilien avec Thiago Silva en figure de proue, reste très difficile à battre. Les latéraux sont solides, et les défenseurs centraux, même dans un mauvais jour, restent de gros calibres même si quelques fragilités demeurent. Enfin, Salvatore Sirigu reste un gardien très efficace et difficile à mettre hors de position.

Les statistiques 

L’analyse du jeu : l’exemple de Chelsea-PSG

Dans des circonstances particulières avec l’expulsion rapide d’Ibrahimovic, les Parisiens ont réussi l’exploit de chercher la qualification à Chelsea (2-2) en 1/8eme de finale de Ligue des Champions. Dans un bon jour, comme face à Chelsea, le PSG est capable de faire preuve d’un déchet minimum dans le jeu, et de faire preuve d’une grande abnégation. Le pressing incessant des Parisiens, ajouté au rythme linéaire de Chelsea a donné un avantage à Paris. De manière générale, l’atout numéro un du PSG, le socle de sa réussite, est son milieu à trois éléments capable de récupérer les ballons et de faire avancer toute l’équipe. Si ce milieu est dans un grand jour, le collectif est assez bien huilé pour poser des difficultés à n’importe quel adversaire. Mais, par rapport au match de Chelsea, quelques points sont à relever : il semblerait que les côtés parisiens, notamment du côté de Marquinhos s’il joue à droite, ne soient pas très hermétiques. Le défenseur brésilien s’engage souvent dans de longues chevauchées pas toujours couronnées de réussite et qui laissent des espaces en cas de contres rapides. Les joueurs de Mourinho n’ont pas insisté alors que des possibilités existaient. La défense peut également être prise à défaut si l’équipe adverse se donne les moyens de provoquer l’axe central brésilien qui est solide mais peut encore douter ou connaître des oublis de marquage comme sur le but de Cahill pour Chelsea sur corner. Une forme de nervosité latente est toujours présente du côté de David Luiz et du milieu de terrain défensif à Paris, ce qui peut être l’occasion d’encourager les initiatives personnelles de quelques joueurs en forme. Chelsea l’a très peu fait au contraire de Bastia en L1. Peut-être l’occasion pour des joueurs de ballons comme Maurice-Belay ou Khazri de venir tester l’axe parisien.

3 questions à… Fabien Baumann (Journaliste, Auteur de l’ouvrage « Et 1, et 2 et 96 » sur l’Équipe de France aux édition l’Equipe. Spécialiste du PSG )

WebGirondins : Entre le PSG très costaud qui est allé chercher la qualification à Chelsea mardi en Ligue des Champions, et celui capable de faire 11 nuls en L1, quel est le vrai PSG ?

Fabien Baumann : Le parcours du PSG cette saison, c’est un peu dans l’ADN du club qu’il se retrouve. Si on revient dans les années 90, le club est capable de faire au minimum 5 demi-finales de Coupe d’Europe et dans le même temps de ne gagner qu’un championnat durant cette période. Il y a un côté paillettes dans l’histoire et dans la vie du PSG. C’est un club exposé car il est à Paris, un club dont on parle, et les joueurs sont capables de mettre l’habit de lumière en Ligue des Champions et d’avoir du mal à se remettre dedans face à Guingamp ou Caen. Les joueurs passent et le problème est le même à des époques différentes. Cette année il y a plus d’adversaires en championnat, quelques blessures aussi. En Ligue des Champions, les joueurs ont la rage du « petit » pour revenir et arracher quelque chose, exactement comme Caen qui rejoint le PSG au score au Parc des Princes. Le vrai PSG c’est celui-là : capable de briller, et d’avoir du mal à se remettre dans le quotidien du championnat par moment quand le match est moins exposé.

WebGirondins : Est-ce que Zlatan Ibrahimovic peut être un peu contesté ?

Fabien Baumann : Soyons honnêtes, il avance dans l’âge. Un grand attaquant est capable de marquer tard dans sa carrière, mais avec l’âge qui avance, les difficultés arrivent également. Il faut que Laurent Blanc apprenne à jouer différemment et sans Ibrahimovic parfois, et que ce dernier l’accepte. Ibrahimovic pourrait être un parfait « impact player » comme on dit au rugby : un joueur capable d’apporter du poids sur une dernière demi-heure. Dans le cas contraire, il faudrait qu’il joue différemment en arrêtant de redescendre aussi bas et qu’il reste à son poste d’attaquant. C’est un grand joueur, mais un joueur qui approche de la fin de sa carrière et je l’ai vu faire des matchs en marchant cette saison. Et quand je dis en marchant, c’était littéralement le cas. C’est une boutade, mais il promenait presque son chien sur la pelouse du Parc.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce Bordeaux-PSG ?

Fabien Baumann : Il y a deux options. Soit la décompression soit l’euphorie pour Paris. Il n’y aura pas de 0-0 ou 1-1 façon L1 pour le PSG cette saison. Soit Bordeaux l’emporte, et Paris ne s’est pas remis nerveusement de la qualification face à Chelsea avec cette grosse poussée d’adrénaline, soit l’équipe va surfer sur ce résultat. Bordeaux peut gagner 1-0, mais Paris peut tout aussi bien venir et l’emporter 3-0. Je pense que Paris sera davantage dans le cercle vertueux et la réussite que dans le ronron calculateur. Si Paris joue comme une équipe du Top 8 européen, Bordeaux ne fera pas le poids, et c’est normal puisque les budgets sont quand même très éloignés. Mais cela peut aussi se jouer sur une physionomie de match contraire pour Paris, avec un but rapide des Girondins et une impossibilité à rentrer dans le match mentalement. En revanche, si c’est dans l’autre sens, et que Bordeaux se découvre pour revenir, cela peut faire mal.

Florian Rodriguez

#Ligue1