Droit devant Guingamp

19/11 - 07:00 | Par la rédaction | Il y a 9 ans

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Surprise des trois premiers mois de compétition en L1, Guingamp soutient un rythme européen malgré son changement d’entraîneur cet été. Antoine Kombouaré et sa troupe donnent actuellement la leçon aux grosses cylindrées lyonnaises, marseillaises et bordelaises.

 

La forme guingampaise

Meilleur club breton (Rennes est 5eme à un point de son rival) et quatrième meilleure équipe de France actuellement, Guingamp est en pleine forme. Partis sur les chapeaux de roues en août en prenant un point sur la pelouse de Monaco (2-2), l’équipe qui impressionne en L1, puis en battant Marseille (2-1) avant de s’imposer en patron à Nancy (0-2), les Guingampais ont vécu le retour du bâton au mois de septembre. Trois défaites ont émaillé cette période avec en point d’orgue un douloureux revers sur la pelouse de Rennes avec une défaite de dernière minute après avoir eu les meilleures occasions du match (1-0). Avec une seule victoire arrachée aux forceps face à une équipe de Lorient qui n’avait pas démérité (1-0), le mois de septembre prêtait à croire que l’EAG d’Antoine Kombouaré allait doucement rentrer dans le rang. Mais un mois d’octobre canon a changé la donne. Avec trois victoires en trois rencontres, les Costarmoricains se sont replacés dans le wagon de tête. Si les victoires à domicile, à l’expérience, face à Lille en début de mois (1-0) puis face à Angers pour conclure octobre (1-0) ont été intéressantes, c’est la victoire sur le terrain de Lyon qui a marqué les esprits. Vainqueurs par KO, les Guingampais ont mis les Gones d’accord avec une belle victoire 3-1 en terres lyonnaises. C’est une équipe en pleine confiance que Bordeaux s’apprête à défier d’autant que les joueurs d’Antoine Kombouaré ont frôlé une défaite gênante sur le terrain de Dijon il y a deux semaines. Menés 3-1 à la mi-temps, les hommes de l’ancien coach lensois ont su renverser la vapeur et ramener un bon point (3-3) dans la lignée de leur efficace mois d’octobre. Bordeaux se présentera en challenger au Roudourou face à une équipe actuellement à la hauteur d’une formation visant l’Europa League.

L’effectif guingampais

Le groupe guingampais a peu évolué entre le départ de Jocelyn Gourvennec et l’arrivée d’Antoine Kombouaré. Quelques petites retouches ont fait du bien au collectif comme l’arrivée de l’expérimenté Etienne Didot ou du latéral gauche brésilien Fernando Marçal. Ce dernier est une révélation à ce poste, amenant de la percussion offensive à une équipe qui manquait peut-être de panache sur les ailes ces dernières saisons. À l’image de Marçal, Lucas Deaux, revenu de La Gantoise, s’est imposé comme un élément incontournable au milieu de terrain. Enfin, symbole de ce mercato d’été rusé et réussi, Jordan Ikoko, robuste latéral droit de 22 ans, est le titulaire au poste d’arrière droit. Après une saison à Lens sous les ordres d’Antoine Kombouaré et une formation au PSG, le jeune défenseur s’est parfaitement adapté à une équipe équilibrée et bien huilée. Autour de ces recrues satisfaisantes, Guingamp peut compter sur une montée en puissance de ses jeunes prometteurs Marcus Coco et Ludovic Blas qui ont maintenant une année de L1 dans les jambes. Coco réussit à transformer ses qualités de percussion en actions décisives avec 4 buts et 1 passe décisive au compteur. Devant, les Jimmy Briand, Sloan Privat et Yannis Salibur se connaissent davantage et se partagent équitablement la part du gâteau. Si Briand et Salibur sont le plus souvent alignés, Privat n’est pas en reste et a inscrit 2 buts en 9 matchs disputés, soit le même nombre de réalisations que ses partenaires d’attaques. L’édifice est également stabilisé par le physique Moustapha Diallo en position de récupérateur et par une défense centrale habituée à jouer ensemble et composée de Christophe Kerbrat et Jérémy Sorbon. Entre continuité et homogénéité, l’effectif guingampais a de quoi voyager et essayer de tenir le plus longtemps possible en haut du classement.

L’Équipe possible face à Bordeaux : Johnsson - Ikoko - Sorbon - Kerbrat - Marçal - Deaux - Didot - Blas - Coco - Salibur - Briand (cap)

 

Trois statistiques questions à… Virginie Bachelier (Journaliste sportive et responsable des sports chez Ouest France Côtes d’Armor)

WebGirondins : Guingamp est 4eme au classement au mois de novembre. Comment expliquez-vous cette position assez inattendue pour l'EAG ?

Virginie Bachelier : C’est la somme de plusieurs choses. Déjà, malgré le changement d’entraîneur et le départ de quelques joueurs, le groupe a gardé un socle commun, et était quasi-définitif début juillet, ce qui a permis une transition en douceur, et un bon timing pour la reprise. La montée en puissance d’un joueur comme Marcus Coco, plus décisif que la saison dernière, le fait d’avoir réussi à conserver Yannis Salibur ou encore Jimmy Briand, et les renforts très intéressants de Lucas Deaux, Fernando Marçal, et Etienne Didot ont également certainement rendu cette équipe encore plus homogène que l’an dernier. Et puis, il y a eu de l’efficacité au bon moment et une grosse solidité à domicile, et ça, ça explique aussi la différence de situation, à la même période, de l’En Avant de Guingamp version 2015 et 2016.

WebGirondins : Antoine Kombouaré a remplacé le néo-Bordelais Jocelyn Gourvennec. Quelles sont les différences entre ces deux entraîneurs à la fois du point de vue technique mais aussi de la personnalité ?

Virginie Bachelier : D’un point de vue technique, l’apport de Kombouaré s’est fait dans la continuité. Le 4-4-2 de l’an dernier a été conservé, avec une variante en 4-3-3 sur certaines rencontres ciblées. On sent en revanche que les rôles des joueurs offensifs, dans les couloirs, ont été renforcés, ce qui donne une impression de davantage de rapidité sur les contres, notamment. En ce qui concerne sa personnalité, Antoine Kombouaré sortait d’un contexte particulier avec le RC Lens, et il a pu observer, au fil des premières semaines de travail, que l’environnement guingampais était assez calme. Lui qui avait fréquemment recours aux séances à huis-clos à Lens, ne le fait jamais à Guingamp, par exemple. C’est un changement de conditions de travail important, je crois, pour lui. On sent aussi le côté meneur d’hommes, qui se traduit peut-être davantage dans son discours que dans le discours de Jocelyn Gourvennec, du moins, vu de l’extérieur. Parce qu’on n’est évidemment pas dans le vestiaire, mais on sait tout de même qu’il a poussé quelques coups de gueules à certaines mi-temps (Lyon, Dijon), et ça a été entendu et efficace jusqu’ici. Pour le reste, il semble attendre la même exemplarité, le même investissement à 400 % de ses hommes, qu’attendait également Jocelyn Gourvennec. 

WebGirondins : Comment voyez-vous ce prochain Guingamp-Bordeaux ?

Virginie Bachelier : Guingamp-Bordeaux arrive après une trêve qui a certainement fait du bien aux Guingampais. C’est sensiblement le même effectif sollicité depuis le début de la saison, et l’enchaînement des matches avant la trêve a semblé se voir lors de la première mi-temps complètement manquée du dernier match face à Dijon. Guingamp est toujours invaincu à domicile, et va s’appliquer à le rester dimanche. Côté ambiance, il va y avoir une grosse émotion au Roudourou pour le retour de Jocelyn Gourvennec. Mais le fait que le public ait déjà adopté Antoine Kombouaré, et la bonne dynamique actuelle, vont faire que cette émotion ne va pas prendre le dessus sur le reste. En Avant compte capitaliser au maximum, et vu leur spirale positive depuis le début de la saison, ils vont jouer leur carte à fond, et ont, pour moi, toutes leurs chances dans ce « Gourvennecico ».

Par Florian RODRIGUEZ

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