Exclu - Nabil Djellit : « Bordeaux est un grand club qui n'a pas une grande équipe »

18/11 - 06:15 | Par la rédaction | Il y a 11 ans

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Journaliste de France Football, consultant sur RFI et L'Equipe 21, Nabil Djellit est un spécialiste du football africain. Entretien. 

Web Girondins - La polémique de la saison dernière, autour du « footballeur africain », a-t-elle pu laisser des traces dans le groupe bordelais, sachant que Khazri, Diabaté, Traoré, Saivet, Sané, Touré ou encore Poko en font partie ?

Nabil Djellit - Je ne pense pas. Cette polémique est survenue après des propos maladroits tenus par Willy Sagnol. Plusieurs joueurs de l'effectif sont montés au créneau pour défendre leur coach, notamment le capitaine Lamine Sané. Il y a eu une sorte de mouvement de solidarité autour de l'entraîneur. Par la suite, l'équipe a plutôt bien tourné. Les joueurs ne sont pas politisés à outrance. Après cet « épisode », ils ont vite été rattrapés par leur quotidien. 

Un joueur comme Wahbi Khazri peut-il encore franchir un palier en restant chez les Girondins ? Ne sera-t-il pas obligé de quitter rapidement Bordeaux pour continuer à progresser ?

A Bordeaux, quand Wahbi Khazri va, tout va ! Un peu comme Lille avec Sofiane Boufal. Khazri est actuellement le meilleur passeur de la Ligue 1 (avec 5 passes décisives, Ndlr) et le meilleur buteur du club (4 réalisations). Il démontre qu'il est bon à tous les niveaux. Il masque certaines lacunes collectives. Des clubs anglais sont actuellement intéressés par son profil. Pour franchir un nouveau palier, il devra partir. Ce qui pourrait effectivement rapidement arriver.

Comment jugez-vous ce premier tiers de saison des Girondins ?

Ils sont onzième de Ligue 1, troisièmes de leur groupe d'Europa League. C'est globalement moyen. On se demande parfois si les joueurs soutiennent encore Willy Sagnol... 

Justement, celui-ci effectue sa deuxième année sur le banc girondin. Comment expliquez-vous qu'il ne semble plus vraiment maîtriser son groupe depuis plusieurs semaines ?

La saison passée, Willy Sagnol a profité d'une sorte d'état de grâce. Maintenant, il faut confirmer et c'est compliqué. C'est un jeune coach confronté à une situation qu'il n'a jamais vécue. Il pourrait « perdre » son vestiaire. Après, il y a des recrutements qui posent question, notamment celui du Suédois Kiese-Thelin : il ne met pas un pied devant l'autre. Quant au défenseur central brésilien Pablo, il ne m'a pour l'instant pas convaincu. Bordeaux est une équipe capable de cycles, parfois de manière un peu incompréhensible, comme le Stade Rennais. Dans un championnat moyen, comme l'est aujourd'hui la Ligue 1, les Girondins peuvent faire une série et remonter rapidement au classement.

« Les propos de Dugarry étaient pertinents »

Que pensez-vous au sujet de la gestion de la présidence par Jean-Louis Triaud ?

Triaud est un peu une institution. C'est une sorte de bon père de famille, comme Jean-Michel Aulas à Lyon ou Louis Nicollin à Montpellier. Si on mettait quelqu'un d'autre à sa place, Bordeaux gagnerait-il le championnat ? Je ne pense pas. Après, comme je viens de l'expliquer, il pourrait parfois mieux recruter. Mais cela pose la question des actionnaires. Bordeaux a des moyens qui sont importants pour la France mais limités à l'échelle européenne. Au mieux, dans une bonne saison, le club peut soulever une Coupe nationale, comme cela avait été le cas avec Francis Gillot. C'est un grand club, notamment en raison de son histoire, mais pas une grande équipe. 

Sur les ondes de RMC, Christophe Dugarry a récemment exprimé ce que de nombreux supporters bordelais ressentaient. Le rejoignez-vous ?

Christophe Dugarry est né dans la région bordelaise et marqué le club girondin. Il est aujourd'hui écouté attentivement par les supporters du club au scapulaire. Personnellement, je ne suis pas toujours d'accord avec lui. Mais, concernant ce qu'il a expliqué sur les ondes de RMC, je le rejoins : ses propos étaient pertinents. C'est une sorte de message interne au club. 

Que pensez-vous de l'attitude de l'actionnaire Nicolas de Tavernost, qui a profité de la victoire à Monaco pour répondre à Dugarry ?

S'il est sorti du bois de cette façon, c'est qu'il cogitait. En tenant de tels propos, Christophe Dugarry l'a touché. Nicolas de Tavernost a alors voulu montrer qu'il tenait la barre et qu'il ne souhaitait pas que son club soit critiqué de la sorte.

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