Girondins. Pierre Hurmic : "Gérard Lopez doit renoncer à sa clause de retour à meilleure fortune"
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Le système économique du foot français est à bout de souffle et hors-sol
Pierre Hurmic : "Au-delà de la personne de Gérard Lopez, nous avons un modèle économique à bout de souffle dans le football français. Le football vit sous triple perfusion. La première concerne les subventions des collectivités publiques qui font des efforts considérables au travers des stades deuxièmement, le football vit avec la bulle des droits TV, dont on savait tous qu'elle allait éclater. Nous y sommes aujourd’hui. Troisième perfusion, c'est le trading joueur. C’est quelque chose de totalement spéculatif, et hors sol.
La gestion des clubs, dont les Girondins, reposait beaucoup sur le trading et on voit où cela nous a menés. Or, cette manne financière a essentiellement servi à augmenter les salaires des joueurs et les indemnités de transfert. On parle des salaires des joueurs, mais parlons aussi de l’argent que se font les intermédiaires."
Réguler le modèle économique du football français
"Il serait temps que les instances du football se dotent d’outils de régulation qui passent par un plafonnement des salaires, des indemnités de transfert et une redistribution plus équitable des droits TV. Il faut des outils de régulation qui aujourd’hui n’existent pas. Il faut redonner de l'incertitude dans le football en France. Combien de fois le PSG a gagné le championnat ces dernières années ? 8 fois. Je crois à la glorieuse incertitude du sport. On a tué en l'incertitude du sport qui faisait sa richesse."
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Le centre de formation la vraie richesse du patrimoine footballistique et régional
"Je pense que l’essentiel de la richesse et du patrimoine d’un club de football est son centre de formation. C’est une véritable richesse pour les clubs, car il permet de former et de garder de jeunes joueurs, avec une vraie identité et un ancrage local. On l’a bien vu, Lopez, le premier sacrifice qu'il a fait est de renoncer au centre de formation, aux "bijoux de famille". On sait que le centre de formation des Girondins a historiquement formé de très grands joueurs. Observer que ce patrimoine est la première variable d’ajustement, ce n'est pas acceptable.
En tant que maire, je ne suis pas président du club. La mairie se mêle de ce qui la regarde. Néanmoins, on s’intéresse à la préformation aujourd'hui pour sauver la formation de ses gamins et leur permettre de continuer. De plus, la mairie de Bordeaux est conciliante pour l’occupation du Haillan, car la convention est caduque. Je suis en droit de récupérer le Haillan aujourd’hui."
Inventer une nouvelle gouvernance aux Girondins
"Profitons à Bordeaux d’avoir un club en 4e division pour réinventer la gouvernance. C’est la forme sociétale qui permet de corriger une partie des problèmes que j’ai évoqués. Nous, collectivités territoriales, nous ne pouvons pas supporter plus longtemps d'être seulement les partenaires des dettes et des déficits. On est perçu comme étant les vaches à lait du sport professionnel de haut niveau et de ses extravagances financières. Il faut inventer une nouvelle gouvernance. Le modèle qui commence à faire ses preuves est la SCIC.
Elle permet d'associer des sociétés commerciales, des collectivités territoriales, et des socios. Les supporters doivent être intégrés à la gouvernance du club, c’est aller dans le sens de l'histoire. Ce ne sont pas que des consommateurs et ils peuvent avoir un regard en étant présents dans un conseil d'administration. Ce n’est pas irréaliste. Le péril est grand, c’est le moment d’inventer ce qui peut nous sauver. Je serai vigilant pour que nous n’ayons pas un Lopez Bis."
Le tribunal de commerce n’a pas de plan de reprise
"L'interlocuteur du tribunal de commerce est Gérard Lopez. Il doit construire une solution avec Gérard Lopez à défaut de plan B. Aujourd'hui, le plan B, le tribunal de commerce ne l’a pas pour la section masculine. Beaucoup d'investisseurs veulent venir, mais ne souhaitent pas payer pour Lopez. Ce dernier a été malin en intégrant sa clause de meilleure fortune pour sa dette de 38M€. Et les 20M€ de la métropole, on s‘assoit dessus ? Gérard Lopez doit comprendre qu'il doit renoncer à sa clause de retour à meilleure fortune.
Il faut donc travailler un plan de reprise, il y a beaucoup de bonnes volontés, et il faut aller vite. Sans projet de reprise, le tribunal de commerce a le choix entre : la liquidation judiciaire ou poursuivre le redressement avec Lopez. Le rendez-vous du 17 septembre est une étape intermédiaire qui testera la volonté des différents partenaires. La ville de Bordeaux et la métropole ont chacune un avocat mandaté pour gérer leurs créances.
Les Girondins au Matmut dans 8 jours : tendance toujours positive
"Je suis plutôt optimiste. Tout le monde le souhaite, la présidente de la métropole et moi-même. Par contre, il n’est pas question que ce soit la collectivité qui paie les 75000 € de frais techniques par match. Le club n’a pas de loyer, le club doit assumer ce coût. D’ailleurs, Thomas Jacquemier m’a indiqué que le club était disposé à payer ces sommes. De plus, il est aussi cohérent que SBA considère que les Girondins ne sont plus prioritaires. SBA peut alors privilégier un autre partenaire s’il y a un concert un jour de match. Les Girondins devront alors jouer dans un autre stade que le Matmut. SBA a un locataire qui ne paie pas, il privilégie alors le locataire qui paie."
Pas de rendez-vous avec le nouveau vice-président Arnaud De Carli chargé des relations avec les institutions
"Je n’ai eu aucun rendez-vous avec Arnaud De Carli à ce jour."
N.P
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