[Interview] Alexis Gallice : "On est marqué par le scapulaire"

13/02 - 14:33 | Il y a 3 ans
Avant Bordeaux - Marseille, nous avons discuté avec Alexis Gallice qui a les Girondins de Bordeaux dans les veines depuis le plus jeune âge. Entretien.
[Interview] Alexis Gallice : "On est marqué par le scapulaire"

© Iconsport

WG : Tout d'abord est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

AG : Je suis le petit-fils de René Gallice et le fils de Jean Gallice ainsi que le neveu d'André Gallice. Étant né à Talence pendant que mon père jouait à Bordeaux, je suis girondin de base. Je possède une formation universitaire qui croise le sport et la géographie, et je dirige actuellement une agence de conseil dans le développement durable du sport et des territoires. J'ai joué également au football, je me suis arrêté au Pau Football Club à un niveau régional et national. J'ai joué sur des terres de rugby.

"Des valeurs de beau jeu et d'engagement"

Vous devez pour le coup être content de voir Pau en Ligue 2, avec Didier Tholot qui s'accroche pour le maintien ?

C'est une grande satisfaction, car modestement on a l'impression d'y avoir un peu contribué. Je connais pas mal de monde dans le club. C'est un club qui reste encore très familial dans le bon sens du terme, et qui garde une certaine approche du football dans la zone de turbulences que l'on traverse. On y retrouve les sens et les valeurs que l'on aime dans le football. Puis sur le plan régional, c'est bien de se dire que l'on a dans la région trois clubs de haut niveau (avec Niort). C'est top pour la formation.

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Alexis Gallice aux cotés de Tim Howard ancien gardien
de l'équipe nationale des États-Unis

Que représentent les Girondins de Bordeaux pour vous ?

Beaucoup de choses. C'est un grand héritage familial dont il faut être digne. Quand j'étais petit, les comparaisons se faisaient naturellement quand je jouais. Aujourd'hui, j'essaie de garder les valeurs qu'ils ont défendues sous le maillot bordelais et dans leurs vies. Nous sommes une famille engagée, mais qui ne s'affiche pas trop. Il n'y a pas de certitude, mais des convictions fortes.

Ça se traduit comment dans votre vie ?

Je suis depuis petit le parcours du club. Dès le plus jeune âge, j'ai connu des grands noms comme Alain Giresse qui sont même devenus des proches de la famille. Il y a aussi Philippe Bergeroo, Bernard Lacombe, je pourrai en citer plein. Je baigne là-dedans depuis toujours alors cela nous amène à voir le football différemment. Car même sans avoir eu la carrière de mon père ou mon grand-père, on fait partie de cette famille football. On est marqué par le scapulaire. On a un sentiment très fort vis-à-vis du club et on est très attentif à ce qu'il se passe par rapport à ce qu'on a connu.

On a envie que les Girondins de Bordeaux restent un club emblématique français qui conserve son identité. C'est un club qui est marqué par les valeurs du sud-ouest qui allient le beau jeu et l'engagement très fort des gens. On est aussi sur le combat. On le retrouve chez Bixente Lizarazu par exemple. En termes d'engagement, il ne s'est jamais caché. C'est une notion importante des Girondins. J'ai été aussi imprégné par les anecdotes de mon père et mon oncle sur l'engagement qu'ils ont connus dans les années 70.

"Revenir aux sensations très simples du plaisir de venir taper dans un ballon, et de jouer"

Quelle image avez-vous du football français aujourd'hui, et quelle place les supporters doivent-ils occuper ?

Aujourd'hui, le football connaît une zone de turbulence très forte à cause de plusieurs facteurs. L'ultra-financiarisation du football est venue impacter l'essence même du jeu. Il est important de revenir aux sensations très simples du plaisir de venir taper dans un ballon, et de jouer un sport collectif. Cela doit permettre de reconstruire des valeurs et un nouveau modèle qui pourrait assurer la pérennité de ce sport et de cette passion. Dans cette refonte, tous les acteurs du football sont primordiaux. Le rôle des supporters sous toutes leurs formes (fans, ultras, spectateurs, etc.) est important. Le fait de redéfinir le club comme un commun c'est très important. C'est quand on a des choses à préserver collectivement, et aussi des choses à redéfinir  comme un pacte commun autour de valeurs et d'objectifs. C'est très important et la pérennité du football passera par ça. 

"Retrouver la confiance avec les supporters par les actes"

Comment devraient se comporter les Girondins avec leurs supporters ?

Je ne suis pas là pour juger les personnes et le travail qui est fait. Ce qui est certain, c'est qu'il faut retrouver une confiance et ça passe par des relations qui vont au-delà des concertations. Le sport et le football sont à la fois des acteurs et des reflets de la société. Il faut retrouver cette confiance par des actes. Dernièrement, certaines choses ont été faites laissant percevoir les retrouvailles de ce lien donc j'ose croire qu'on serait sur une pente positive. Mais il faut peut-être accélérer les choses et insister. C'est l'ensemble du territoire local qui est important, car tout le monde a un intérêt là-dedans. Il faut amplifier les choses. Les actes sont indispensables, c'est un langage de vérité.

Est-ce que vous souhaiteriez vous impliquer aux Girondins de Bordeaux ? (NDLR Le nom d’Alexis Gallice était ressorti dans les personnalités impliquées dans le projet de Pascal Rigo)

Il faudrait déjà qu'on reconnaisse que j'ai quelques compétences à ce niveau-là. Après, je pense qu'il y a beaucoup de monde qui souhaite s'investir de quelconque manière pour le club. C'est très sain. Personnellement, ce serait peut-être une suite logique par rapport à tout ce qui s'est fait dans ma famille. Après ce serait aussi une grande responsabilité et un poids pour moi, car je suis conscient du nom que je porte et je n'ai pas envie de le trahir. Si l'idée c'est de mettre à profit mes capacités et mon énergie pour faire en sorte de se retrouver dans le football qu'on aime et qu'on m'appelle, je réfléchirai sérieusement. 

Bordeaux reçoit Marseille dimanche, quel parfum ce match a pour vous ?

Provençal de naissance, mon grand-père a joué à l'Olympique de Marseille au début de sa carrière avant d'être un des premiers transferts entre les deux clubs. Il a fait ses premiers pas à l'OM. Il y a une saveur particulière sur ce match. Mon père m'a raconté des anecdotes aussi. Avec la rivalité des années 80, l'histoire des deux clubs, les deux villes, et tous les contextes qui vont autour, on vibre et on espère que l'invincibilité durera. On est très attentifs au résultat de ce match. Vu la situation des deux clubs qui rencontrent des difficultés, on risque de voir un match étriqué. Avec une victoire 1-0 des Girondins, ce serait bien. Mais si on peut avoir un 3-0, ce serait superbe.

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