Interview - Arnaud Garnier : "Je ne me retrouve plus dans la façon dont les Girondins sont dirigés"

18/04 - 15:50 | Il y a 2 semaines
Le président du FC Saint-Médard-en-Jalles, Arnaud Garnier, aussi partenaire économique des Girondins de Bordeaux depuis deux saisons, a accepté de répondre à nos questions. Au cours de cet entretien, il revient notamment sur la relation entre les Girondins de Bordeaux et les clubs amateurs, ainsi que sur les difficultés rencontrées par le FCGB. Inquiet pour l’avenir du club au scapulaire, il attend un changement radical. Entretien à lire et/ou à écouter.
Interview - Arnaud Garnier : "Je ne me retrouve plus dans la façon dont les Girondins sont dirigés"

© Iconsport

Le podcast de cet entretien est disponible en bas de page.

WebGirondins : Arnaud, comment se porte le FC Saint-Médard-en-Jalles ? 

Arnaud Garnier : le club de Saint-Médard-En-Jalles se porte bien, il continue à se structurer de manière positive. Cette saison, nous avons accueilli 568 licenciés, encadrés par une équipe de 42 éducateurs. Notre équipe première évolue au plus haut niveau régional, tandis que nos jeunes jouent dans les catégories U6 à U17.

Nous disposons également d'une belle section féminine comptant une soixantaine de jeunes licenciées. Sans oublier notre section Beach Soccer et nos vétérans. Nous travaillons activement pour préparer nos événements de fin de saison, notamment nos tournois qui sont très attendus par nos jeunes licenciés.

"Un manque d'infrastructure dans le football en Gironde et en Nouvelle-Aquitaine"

L'entraîneur Alexandre Torres nous avait parlé sur WebGirondins de la faiblesse des structures des clubs en Gironde. Est-ce que tu confirmes ce manque de moyens et de structure dans le foot girondin ?

Le football amateur en Gironde est déjà riche de ses licenciés. Nous approchons les 50 000 licenciés, ce qui constitue une véritable chance pour ce département. C'est une opportunité inestimable. Je partage entièrement l'analyse d'Alexandre Torres sur le manque d'infrastructures en Gironde, mais aussi plus généralement en Nouvelle-Aquitaine. Si nous devions nous comparer à des régions comme l'Occitanie ou les Pays de la Loire, nous sommes clairement en retard. Je ne préfère même pas évoquer la région Île-de-France ou la région PACA.

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Photo Facebook FCSM

Nous avons du retard sur nos infrastructures, même si la Ligue de Football de Nouvelle-Aquitaine et le district font un travail remarquable dans ce sens. Nous devons être malins, nous organiser différemment, et composer avec nos moyens. Certaines collectivités nous soutiennent autant qu'elles le peuvent, malgré les difficultés économiques que nous connaissons tous. Nous continuons à soutenir la formation de nos éducateurs et de nos bénévoles, ainsi qu'à solliciter les commerces de proximité pour obtenir des ressources supplémentaires et structurer nos clubs. Cependant, il est indéniable que nous évoluons dans une région où le rugby occupe une place prépondérante. Sur le plan footballistique, nous avons un important retard à rattraper.

"Il n'existe pas de travail collaboratif entre les Girondins et les clubs amateurs"

Votre club amateur a-t-il développé une relation particulière avec les Girondins de Bordeaux ?

Les relations sont bonnes, je mentirais si je disais le contraire. Cependant, prétendre qu'il existe un véritable travail collaboratif entre les Girondins de Bordeaux et les clubs amateurs serait mensonger. Il n'y a pas de travail de fond, pas de passerelle. Les Girondins de Bordeaux sont intéressés par nos meilleurs éléments, et nous collaborons de manière ponctuelle avec le RTJ (Responsable Technique Jeune) Cédric Braidy sur des joueurs qui méritent d'être suivis. Cependant, il n'y a pas de programme de formation spécifique proposé par les Girondins de Bordeaux, et cela pose un véritable problème.

Il y a tout de même un individu qui fait des efforts, Paul Baysse. J’ai la chance de l'avoir en tant que parrain à Saint-Médard-En-Jalles, il rencontre chaque mercredi les licenciés des clubs amateurs du département de la Gironde en collaboration avec le district. À travers son rôle d'ambassadeur, il permet de connecter les clubs amateurs aux Girondins. Cependant, en dehors de ce travail de représentation fait par Paul Baysse, il n'y a pas grand-chose de concret dans nos interactions quotidiennes avec les Girondins.

"On ne comprend plus ce qui se passe aux Girondins"

Que penses-tu de la trajectoire du club des Girondins de Bordeaux au cours de ces dernières saisons ?

Je ne vais pas te surprendre en te disant que les saisons se suivent et se ressemblent. Les déceptions s'accumulent de plus en plus lourdement. Sur le terrain, c'est particulièrement flagrant. J'étais encore au stade samedi pour le match contre Bastia, et la déception était palpable à tous les niveaux. On ne se reconnaît plus dans cette équipe, et on ne comprend plus ce qui s'y passe. Les entraîneurs se succèdent, mais les résultats demeurent désastreux. On frôle non pas le haut du classement, mais plutôt le bas, et il est impératif de se rassurer en récoltant les points nécessaires pour se maintenir en Ligue 2.

Personnellement, je ne me reconnais plus dans ce club, ni dans sa communication, ni dans sa direction. L'absence totale de communication de la part du président Lopez ces dernières semaines. Je pense aux salariés qui doivent être en proie à de nombreuses interrogations. Que va-t-il se passer en fin de saison ? Et la saison prochaine ? Avec quels moyens ? Avec quels joueurs ? L'inquiétude monte, et je crains véritablement pour notre club, pour son avenir. Je pense que nous en sommes tous arrivés à nous poser cette question. J'ai peur pour l'avenir de notre club.

"Sans changement radical, les Girondins sont voués à disparaitre"

Est-ce que cette descente aux enfers des Girondins se ressent dans ton club du FCSM ?

Directement non, parce que nous, les clubs amateurs, évoluons dans un tout autre univers, celui du football amateur. Nous sommes constitués de bénévoles, de personnes qui s'engagent de manière associative sur leur temps personnel. En revanche, lorsque nous discutons avec les jeunes et avec les parents qui fréquentent les stades, qui sont abonnés, nous partageons tous le même constat : nous prenons de moins en moins de plaisir à voir évoluer les Girondins. Nous ne nous reconnaissons ni dans ces supporters qui se battent entre eux ni dans l'ambiance qui règne autour du club.

Nous sommes tous unanimes pour dire que si un changement radical dans la gestion de ce club n'intervient pas, il est voué à disparaître. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Heureusement, nos clubs amateurs ne sont pas gérés comme Bordeaux, car je t'assure qu'il n'y aurait plus beaucoup de clubs amateurs en Gironde si nous devions nous inspirer du modèle actuel des Girondins.

"Que ce club retrouve ses racines et son identité"

Que faudrait-il pour redresser les Girondins de Bordeaux ? 

Ce n'est pas moi, petit président de club amateur, de dire comment le président Lopez doit gérer son club. Mais je crois qu'il faut un changement radical. Nous sommes tous désireux de retrouver les racines de ce club. Nous voulons retrouver l'ambiance que nous avons connue il n'y a pas si longtemps, où nous pouvions encore approcher facilement les joueurs. Nous avions encore un club familial.

Je crois que nous aspirons tous à ce que ce club retrouve ses racines et son identité, que nous avons perdues depuis le rachat par les Américains. Nous voulons retrouver l'identité bordelaise, l'identité girondine, retrouver la proximité avec le peuple girondin, avec ses supporters. Probablement qu'il faudra toucher le fond pour un jour retrouver le club qui nous est cher.

Faire confiance à la formation pour reconstruire

Est-ce que c’est possible avec la direction actuelle du FCGB  ?

Dans les jours à venir, nous devrons de toute manière obtenir des garanties sportives sur le maintien en Ligue 2. Ensuite, il faudra se projeter sur la saison prochaine. Actuellement, selon les informations qui sont parues dans la presse le Président Lopez est toujours à la tête de ce club et compte le rester. Donc, s’il reste, il faudra qu'il nomme un directeur général qui soit présent quotidiennement, tous les jours au Château du Haillan. C'est une demande qui a été exprimée par tout le monde et il faudra absolument que nous y parvenions.

De plus, je pense qu'il faudra simplement que nous fassions confiance aux jeunes. Nous n'avons plus les moyens d'aller chercher des joueurs avec des salaires aussi élevés. Le club n'en a plus les moyens. Il faudra donc s'appuyer sur la formation, comme nous savons le faire à Bordeaux. Nous avons des jeunes qui ont montré qu'ils pouvaient amener le club à des résultats bien meilleurs que ce que nous connaissons aujourd'hui. Donc, je ne suis pas ici pour dire s'il faut changer de président ou non, mais je pense qu'il est impératif de changer radicalement d'orientation et de refaire confiance à nos jeunes ainsi qu'à la formation bordelaise.

Nicolas Pietrelli

Le podcast vidéo à écouter :