L’OM, début de croissance
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L’Olympique de Marseille vit une saison en montagnes russes. Après un début d’exercice compliqué et un recrutement aléatoire, le rachat du club phocéen par Franck McCourt et l’arrivée de Rudi Garcia à la place de Franck Passi ouvrent le chemin vers l’inconnu malgré quelques promesses sur le papier.
La forme marseillaise
Le Marseille dirigé jusqu’à la semaine dernière par Franck Passi avait mis du temps à se dessiner. Plus que laborieux en début de saison, le club marseillais semblait commencer à prendre ses marques avec l’ancien bras droit de Marcelo Bielsa malgré un plan de jeu difficile à cerner. Les mois d’août et de septembre furent délicats, signes des grands travaux à mettre en oeuvre pour faire tourner une équipe remaniée, notamment en défense. Un nul, une victoire et une défaite ont marqué le mois d’août marseillais. Et deux défaites, un nul et une seule victoire sont venus ponctuer le mois de septembre. Au-delà des chiffres, le contenu marseillais n’était pas à jeter totalement aux orties malgré des trous d’airs tactiques et techniques. Les deux défaites de septembre à Nice puis à Rennes, sur le même score (3-2), n’étaient pas loin d’être imméritées au regard des contenus proposés par la troupe de Franck Passi. La capacité à être de nouveau solide au Vélodrome (2 victoires et 2 nuls avec un seul but encaissé) était également de nature à encourager la progression d’une équipe moyenne sur le papier. Alors que le mois d’octobre, suite à la victoire face à Nantes à Marseille (2-1), avait commencé sur de bonnes bases avec un nul à Angers (1-1) et une nouvelle victoire à domicile, face à Metz (1-0), Franck Passi a été remercié. Une première décision du nouveau propriétaire, Franck McCourt, quelques jours seulement après avoir acté le rachat du club, et deux jours seulement avant un déplacement au Parc des Princes. Le successeur de Franck Passi, Rudi Garcia, a commencé son aventure par un nul (0-0) à Paris dans un match marqué par une absence de tir au but. Avec une volonté de prendre un point coûte que coûte, l’ancien entraîneur du LOSC a réussi son premier pari. La suite des opérations, pour Marseille, est la réception des Girondins dimanche pour engager une dynamique plus solide et régulière que celle en vigueur depuis le début de saison.
L’effectif marseillais
Malgré une perte de valeur d’année en année, l’effectif marseillais reste compétitif pour jouer la première partie de tableau. Le poste de gardien de but est tenu par Yohann Pelé qui se rapproche petit à petit d’un bon niveau après des années de galères suite à de gros problèmes de santé et de remise en forme (phlébite, embolie pulmonaire, chômage). La défense centrale était composée de Tomas Hubocan et Matheus Doria lors des premiers matchs de la saison. Le premier nommé a perdu sa place de titulaire après une prestation catastrophique à Rennes qui a contribué à la défaite marseillaise. Quant à Doria, persona non grata sous Bielsa puis Michel, il affiche une rigueur défensive et une régularité qui laissent entrevoir de beaux jours pour la défense olympienne, surtout en association avec le très expérimenté Rod Fanni, et Jorge Rolando que Rudi Garcia a sorti de la cave face au PSG. Les ailes de cette défense sont peuplées par Hiroki Sakai, qui est une belle trouvaille de la cellule de recrutement, et par Henri Bedimo qui reste un élément de bonne valeur malgré des difficultés physiques pour terminer les matchs. Le poste de milieu défensif est de son côté assez fragile. Abou Diaby est de nouveau blessé et sera sur le flanc plusieurs mois, et Lassana Diarra n’a pas retrouvé son niveau de la saison dernière après quelques pépins physiques et extra-sportifs avec des envies récurrentes de départ. André-Frank Zambo Anguissa est censé être une alternative mais le jeune camerounais de 20 ans manque de maturité dans le jeu et se laisse souvent emporter par sa fougue au détriment de la justesse technique. Dans ce contexte, William Vainqueur, arrivé de l’AS Roma, sera un élément primordial pour ce poste de récupérateur du côté de l’OM. Enfin, les joueurs offensifs seront scrutés car le potentiel existe pour créer des occasions. Si Romain Alessandrini n’a pas encore joué mais devrait bientôt revenir après une blessure au talon, Rémy Cabella ou Florian Thauvin sont des éléments souvent fantasques mais capables de dynamiser le jeu même si le premier nommé déçoit par son inconstance. En attaque, Clinton Njie pourrait être le complément parfait d’un Bafetimbi Gomis plus apte à mobiliser les défenseurs. L’ancien lyonnais, très généreux dans l’effort, a déjà inscrit 6 buts en 10 matchs. Un ratio qui en fait l’élément indispensable de cette équipe, d’autant plus que le banc de touche manque de successeurs potentiels pour le joueur prêté par Swansea. Seul Aaron Leya Iseka, 18 ans et arrivé d’Anderlecht à l’intersaison, peut postuler pour remplacer Gomis en pointe. Une solution inexpérimentée à un poste où la pression est grande à Marseille.
L’Équipe possible face à Bordeaux : Pelé - Sakai - Fanni - Rolando - Doria - Bedimo - Diarra - Vainqueur - Thauvin - Njie - Gomis (cap)
Trois questions à… Christophe Champy (Rédacteur en Chef du site Le Phocéen - Ancien journaliste de la chaîne OM TV)
WebGirondins : Est-ce que le remplacement de Franck Passi par Rudi Garcia n’était pas un peu précipité alors que l’OM semblait tout doucement remonter la pente ?
Christophe Champy : Non, il y a eu quelques résultats positifs notamment face à Lorient ou Nantes, mais surtout face à des équipes très faibles en L1. Quand on regarde le contenu des matchs sous Franck Passi, c’était d’une extrême pauvreté technique et tactique. On a rarement vu un entraîneur principal d’un niveau aussi faible du côté de Marseille. Aujourd’hui, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre avec un nouveau propriétaire. Il y avait une saturation vis-à-vis de cet OM là. On verra ce que cela va donner dans un an ou deux, rien ne dit que ce ne sera pas la catastrophe, mais les Marseillais attendaient ce changement et je ne peux pas imaginer qu’un nouveau propriétaire ne vienne pas avec ses hommes. Rudi Garcia c’est un nom validé par tous et qui fait l’unanimité chez les supporters. C’est aussi une référence en termes de coach français, un peu à l’image de Jocelyn Gourvennec du côté de Bordeaux.
WebGirondins : Avec l’effectif actuel, que peut-on attendre de Rudi Garcia jusqu’à la trêve hivernale ?
Christophe Champy : Je pense déjà qu’il va essayer de colmater les brèches, comme on l’a vu à Paris. Il a repéré les secteurs où l’équipe avait des faiblesses, donc il a mis en place un gros bloc défensif face au PSG, et même si c’était abominable en termes de spectacle, sa tactique a fonctionné. Rudi Garcia va faire le dos rond, faire progresser son effectif tactiquement jusqu’à la trêve et essayer de prendre un maximum de points, ou tout du moins essayer d’en perdre un minimum. Ensuite, ce sera au propriétaire de jouer. Le gros du travail sera fait l’été prochain, mais à mon avis, on devrait voir arriver deux ou trois joueurs de haut niveau en janvier. Là Rudi Garcia aura un bel effectif. Pour le moment c’est intéressant devant, mais assez déséquilibré derrière. Le but du nouvel entraîneur sera dans un premier temps de mettre une tactique en place et de faire progresser ses joueurs dans ce cadre.
WebGirondins : Comment voyez-vous ce futur Marseille-Bordeaux ?
Christophe Champy : Depuis le début de saison, je suis systématiquement pessimiste car je ne suis pas convaincu par le niveau de cette équipe qui est très faible. Depuis que le nouveau propriétaire est arrivé avec Rudi Garcia, je sens un regain d’intérêt. Il y aura du monde au stade face à Bordeaux, peut-être que le Vélodrome sera plein alors qu’on tournait jusqu’à présent à près de 26 000 spectateurs de moyenne ce qui est un tout petit chiffre pour un stade comme le Vélodrome. Comme toujours lorsqu’il y a un changement d’entraîneur, les joueurs voudront se montrer et gagner leur place. Le fait d’avoir un vrai coach très au point tactiquement ça me permet d’être plutôt confiant pour dimanche. Je n’ai pas vu Bordeaux jouer depuis le début de saison, même si je connais bien Jocelyn Gourvennec. Mais simplement sur mon sentiment actuel vis-à-vis de l’OM, je suis plutôt optimiste pour le match de dimanche.
Par Florian RODRIGUEZ