Pourquoi les Girondins ont sombré contre Annecy ?

27/05 - 13:30 | Il y a 1 an
La déception est immense et à la hauteur des attentes autour de l’équipe et du club dont le retour en Ligue 1 pouvait être conforté. Au contraire, nous avons assisté à une faillite collective et individuelle. Mais comment l’expliquer ?
Pourquoi les Girondins ont sombré contre Annecy ?

© Iconsport

Un manque de sérénité palpable dès le début de la semaine à l'entraînement

 

La sensation de tension visible à l'entraînement public mardi dernier s’est confirmée sur le terrain avec enjeu sportif et club ultra important. Pour rappel, trois joueurs se sont retrouvés au sol au cours de cette séance : Mwanga, Barbet et Bokele dont les deux derniers ont dû stopper l'entraînement. Comme écrit dans le compte rendu accessible ici, les sourires, la fraîcheur et l’enthousiasme n'étaient pas au rendez-vous comme toute cette saison. La tension s'abattait déjà sur les épaules des joueurs.

Il faut dire que le club est sous pression du résultat par le fait de finances incertaines. Nous vos renvoyons à l'article dans l’Équipe paru samedi dernier qui annonce les futurs transferts de joueurs selon si Bordeaux évoluera en Ligue 1 ou en Ligue 2 la saison prochaine. Les joueurs concernés par cet article sont Bakwa, Bokele et Mwanga. Bien entendu, ceci rejaillit sur l’équipe avec des joueurs qui gambergent et qui étaient hier perdus sur le terrain.

La perméabilité entre l’enjeu financier, le club et le sportif n’existe pas. C'est le résultat d'une situation et d’une politique financière sur le fil du rasoir, car Bordeaux a peu ou pas de marge de manœuvre. Les joueurs qui sont au cœur de l'institution ne l’ignorent pas. Surtout lorsqu’ils sont interrogés sur leur avenir depuis les 10 derniers jours par les médias, en particulier Barbet et Nsimba qui viennent juste de signer et dont on évoque déjà leur avenir. Ça pose question.

On ne peut donc pas parler de sérénité dans la tête des acteurs du terrain lorsque tout un club retient son souffle.

Une préparation tactique du match qui interroge

 

Le staff technique a très mal préparé cette rencontre, ce qui peut surprendre, mais pas tant que ça. Car c’est à l’image de la défaite face à Niort (3-1), lanterne rouge, ou Bordeaux s'était fait manger dans l’approche de la rencontre.

Hier à Annecy c’est le même cas de figure avec une équipe savoyarde qu’on attendait au pressing et au jeu haut, c’est ainsi que nous l'avions analysé sur WebGirondins avec la rubrique Data Girondins. D'ailleurs, c'est sur une récupération haute qu'Annecy marque, le point fort de l’équipe de Laurent Guyot.

Pourtant, jamais Bordeaux n’a su sortir des ballons correctement, jamais David Guion n’a su corriger la situation pendant cette rencontre. Il s’est contenté de subir sans être acteur, que ce soit par l'organisation de l'équipe, son système ou le choix des joueurs.

On le sait, cette saison lui et son staff ont eu des trous d’air dans la préparation et la lecture de plusieurs matchs, hier soir il a failli. Hier, c’est Annecy qui a imposé son jeu à Bordeaux.

Des joueurs qui ne sont pas au niveau attendu

 

À l’exception de Gaëtan Poussin, Yoann Barbet et Stian Gregersen, le reste de l'équipe a raté son match autant par la rigueur tactique, que la qualité technique et la détermination. C’est une faillite collective à l’exception de ces trois joueurs. Le manque d'engagement dans les duels de Zuriko Davitashvili pose aussi question, car dès les premiers duels il retire sa jambe.

L'agressivité, pourtant si importante cette saison, est restée au vestiaire avec en symbole le match de la paire Fransergio - Mwanga qui était aux abonnés absents. Le milieu de terrain est perdu, les latéraux jouent trop haut. Que dire des attaquants ? Aliou Badji et Josh Maja cogitent-ils pour des questions contractuelles ou liées à l'enjeu sportif ? Il faut dire que c’est aussi le flou concernant leur avenir.

Bordeaux paye son refus de recruter au milieu et le bricolage à droite

 

La qualité du milieu de terrain des Girondins est remise en question depuis le mois d’août. La mauvaise construction de l'effectif se paie cash sur cette rencontre.
Pourtant la direction sportive du club incarnée par Admar Lopes n’a pas souhaité renforcer ce secteur de jeu défaillant cet été et aussi cet hiver alors que Bordeaux jouait la montée en Ligue 1. Bordeaux paie cher cette saison cet attentisme et cette sorte de protection pour Fransergio et Ignatenko, même si le joueur ukrainien n’est plus utilisé.

Ainsi, David Guion a dû inventer une recrue au milieu en montant Junior Mwanga d’un cran sur le terrain. Pari réussi au départ avec un joueur qui surclasse les titulaires au poste, lui le défenseur central. Mais il n'y a pas de miracle, lorsque tu fais jouer un jeune joueur à un autre poste que celui auquel il a été formé, tu t’exposes à des passages à vide, des performances en dents de scie. C’est l’apprentissage. C’est ce que l’on observe actuellement avec Junior Mwanga au milieu et avec Malcom Bokele au poste de latéral droit. C’est un risque assumé par la direction sportive qui pallie au non-recrutement au milieu et à l'échec du recrutement de Clément Michelin au poste de latéral droit.

Mwanga et Bokele sont sur la pente descendante depuis plusieurs matchs. Hier à Annecy, ils sont aussi passés à côté de leur rencontre.

Avec ce refus d’investissement sur un numéro 6 et/ou un numéro 8 en hiver alors que tu joues la montée en Ligue 1, tu limites la qualité de ton groupe. Tu ne peux jamais avoir la maîtrise au milieu de terrain, secteur de jeu pourtant essentiel dans le foot de haut niveau. Les matchs où le milieu a été défaillant sont nombreux.

Alexi Pitu, seule recrue de l'hiver, n’est pas décisif

 

Le seul recrutement de l’hiver, Alexi Pitu (21 ans) n’est pas décisif dans ce sprint final. Le seul joueur sur lequel Bordeaux a investi de l'argent n’a pas été décisif une seule fois. À tel point qu’il ne joue presque plus depuis trois matchs. Il compte 6 titularisations depuis son arrivée.

En effet, le choix a été fait par la direction du club de renforcer ce secteur de jeu pourtant pourvu à la formation avec Delaurier-Chaubet, Pirringuel ou encore le jeune De Lima. À une journée de la fin, ce choix apparaît comme un échec, car tu as misé de l’argent sur un joueur qui ne t’apporte rien. C’est à mettre au passif du directeur sportif dans sa construction de l’effectif.

Au final, il reste un match à jouer pour tous les acteurs afin d'effacer ce triste constat. S’il ne reste qu'une chance, elle doit être jouée à fond. Mais hier à Annecy, Bordeaux a perdu la main.

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