Romain Manci : « Venir au stade dimanche avec la fierté de supporter les Girondins »

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Romain Manci, co-responsable des Ultramarines, partage ses impressions sur le Bordeaux-Marseille détonnant de dimanche qui sera crucial dans l’optique d’une qualification en Europa League. Tifo à venir, écharpes pour tous et rencontre avec les joueurs samedi 13 mai sont au programme de cet entretien sous le signe de la ferveur. 

WebGirondins.com : À titre personnel, comment vous sentez-vous à quelques jours de ce Bordeaux-Marseille qui sera décisif pour un éventuel retour des Girondins sur la scène européenne ?

Romain Manci : Disons que la pression est en train de monter au fur et à mesure depuis le match nul à Saint-Etienne (2-2). Bien sûr, dans une saison, c’est un match que l’on attend tous et on a un oeil sur cette réception dès que le calendrier sort. Aujourd’hui il y a une certaine pression parce que bien sûr il y a cette invincibilité qui perdure saison après saison, mais il y a aussi ce chemin vers un retour en Europe pour Bordeaux. Sur les deux derniers matchs, j’espérais 4 points pour les Girondins, pour qu’à la fin de la rencontre à Saint-Etienne l’affaire soit dans le sac. Ces deux nuls à Dijon et Saint-Etienne ne nous mettent pas dans la difficulté, mais augmentent une pression qui n’aurait pas dû être si le travail avait été fait totalement sur ces deux déplacements. N’oublions pas non plus qu’un bon résultat contre Marseille ne sera pas une fin en soi. Il faudra de toute manière finir le travail à Lorient pour la dernière journée du championnat.

WebGirondins.com : Pouvez-vous nous parler de ce que vous allez mettre en place au niveau de la tribune sud pour ce match face à Marseille ?

Romain Manci : Il y aura un grand tifo qui sera déployé à l’entrée des joueurs, et qui sera corrélé avec l’anniversaire des 30 ans des Ultramarines. Ce sera un clin d’oeil. Ce tifo a demandé un travail colossal, avec des heures de couture. Il a fallu former des petits jeunes à la machine à coudre. Encore aujourd’hui, jeudi, nous sommes en train de finaliser les derniers détails de l’animation qui sera dévoilée à l’entrée des joueurs. Ce sera une animation impressionnante qui recouvrira le haut et le bas de la tribune, même si c’est plus compliqué dans le nouveau stade avec la configuration de la tribune. Par exemple, d’un point de vue technique, nous n’avons jamais fait de « tifo-feuille ». On doit trouver des parades, mais on va y arriver.

WebGirondins.com : Les Ultramarines sont unanimement salués pour leur ferveur et leur régularité. Mais n’est-ce pas frustrant que le stade ne soit pas plus bruyant autour de vous ? 

Romain Manci : Oui, c’est vrai que c’est frustrant parce que nous, dans notre passion d’ultra, il faut comprendre que c’est quelque chose de naturel de supporter l'équipe. C'est une passion que l’on découvre dans d’autres pays européens. Dans ces pays, les gens qui vont au stade portent l’écharpe, le maillot, se déplacent, ce sont des gestes naturels. On aimerait que plus de gens fassent des déplacements. Le but ce n’est pas de demander de faire tous les déplacements, bien sûr, mais sur certains évènements on aimerait plus de ferveur. On avait prévu de faire un gros rassemblement pour amener un maximum de monde à Saint-Etienne, malheureusement la date du match ne s’est pas prêtée à cela. Ce que nous aimerions, ce serait amener des gens à Lorient pour un march décisif pour la qualification du club en Coupe d’Europe. L’Euro 2016 avec les Allemands, Hongrois ou Irlandais a montré une image de ferveur extraordinaire, mais en France peut-être que c’est un problème plus culturel même si ça existe localement à Saint-Etienne, Nantes, Lens ou même Strasbourg en L2. Ce n’est pas sûr qu’à Bordeaux nous réussirions à faire venir 1500 supporters comme l’a fait Strasbourg un lundi sur un match pour la montée à Lens. Ce sentiment de frustration est là, c’est évident.

WebGirondins.com : Ce match sera le premier dans un stade vraiment plein depuis l’inauguration de l’enceinte girondine face à Montpellier il y a deux ans. N’est-ce pas le moment important pour créer quelque chose de marquant au niveau de l’ambiance générale de ce stade qui est encore en manque d’histoire ?

Romain Manci : Tout à fait, on est encore à la recherche d’un match référence par rapport à ce nouveau stade. C’est sûr qu’une belle victoire et une fête populaire à l’intérieur du stade permettrait aux 42 000 personnes de chanter et de prendre du plaisir. Je me vois dans les 5 dernières minutes, dans une ambiance de folie, dans un scénario où le match serait déjà gagné pour les Girondins, en fêtant les 40 ans d’invincibilité. Je ne parlerais pas d’évènement fédérateur, car avec Bordeaux, j’ai appris à être prudent. Par exemple, on n’a jamais réussi à dépasser les 12 000 abonnés, ce qui me chagrine. Que les ventes de maillots explosent, comme les ventes d’abonnements, signerait un mouvement fédérateur, mais ce n’est pas encore le cas. Nous sommes actuellement dans une dynamique possiblement fédératrice dans le sens où il y a un groupe qui est en train de naître avec de bons résultats, une identité au sein du club qui se crée. Je prends l’exemple de Kamano, Laborde et Malcom qui vont peut-être avoir envie de franchir un cap ensemble la saison prochaine, en tout cas on aimerait les voir poursuivre sur cette lancée.  Nous sommes sur une belle saison, avec un entraîneur qui a la main sur son effectif. Si on termine bien avec une qualification en Europa League, que les Girondins jouent le jeu avec quelques bonnes valeurs ajoutées recrutées cet été, on peut être au début de quelque chose de sympa.

WebGirondins.com : Avez-vous un message particulier à faire passer aux supporters non-ultras qui seront au stade dimanche soir ?

Romain Manci : Ce qui serait bien, ce serait de ne pas oublier de porter les écharpes, les maillots, et venir avec un sentiment de fierté d’être un supporter des Girondins de Bordeaux. On aimerait qu’il y ait un maximum de chants dans le stade. On aimerait avoir un peu plus d’écho quand on demande une participation. Les joueurs ressentiront que le stade en entier est chaud, d’autant que nous avons maintenant une enceinte avec une ambiance très forte avec une belle acoustique. En termes d’ambiance, un stade fermé c’est quelque chose d’impactant, le 12eme homme a vraiment sa raison d’être dans ce contexte. Si tout le monde s’y met dimanche, ça peut donner une très belle soirée.

" Féliciter le bon comportement général de l'équipe samedi. "

WebGirondins.com : Vous vous déplacerez samedi en début d’après-midi pour vous entretenir avec les joueurs à un peu plus de 24H du coup d’envoi du match, comme vous le faites traditionnellement. Est-ce que votre discours comportera des notions différentes cette saison ?

Romain Manci : Florian Brunet prendra la parole, et on a prévu qu’il félicite les joueurs par rapport à la saison qu’ils sont en train de réaliser. On va remarquer le bon comportement général de l’équipe avec peu d’incartades et de comportements négatifs. On va rappeler l’importance ce match pour les fans du club et mettre l’accent sur la dynamique qu’il faut cultiver. Le discours sera sensiblement le même, avec un peu moins d’agressivité dans le ton, dans le sens où on est sur un moment positif. L’année dernière ou il y a deux ans, avec certains branleurs (sic), et des groupes de joueurs que tu ne sentais pas impliqués, il y avait une nécessité d’être plus dur dans le ton. Surtout, on ne sentait personne au sein du club être capable de taper du poing sur la table et de mobiliser les gens. Aujourd’hui, Jocelyn Gourvennec est capable d’avoir cette voix plus ferme. Parfois, heureusement que nous étions là pour intervenir. Par exemple, quand nous sommes venus pour dire les quatre vérités à André Poko, on a l’impression que ça a fait bouger les choses et que les Girondins ont profité de l’évènement pour se réveiller. Demain, en tout cas, ce sera positif et on axera le discours sur la nécessité de ne pas rater l’avant-dernière marche pour accéder à l’Europe qui est un objectif que tout le monde désire atteindre, et qu’il ne faudra pas gâcher la fête.

WebGirondins.com : Grégory Sertic sera absent et ne se déplacera pas avec Marseille à Bordeaux. Après plusieurs mois, quelle est votre position par rapport à cet ancien girondin aujourd'hui marseillais ? 

Romain Manci ; Comme je le dis souvent, on travaille à l’humain avec les joueurs. Ce qui nous a le plus déçu c’est le comportement du joueur à-postériori. C’était quelqu’un qui détestait soi-disant l’OM et il file jouer pour le club marseillais… Je crois qu’au final il s’est fait retourner la tête par des gens autour de lui. Il y a un mélange de choses. Mais nous on a tourné la page. Il n’y aura pas de message pour lui dimanche. Rien. Avec le recul, on voit bien que ce n’est pas quelqu’un qui a vraiment marqué le club. Dans nos relations avec les joueurs, on cherche toujours des appuis dans l’effectif. On aimait bien ce joueur car c’était un relai pour faire passer des informations, il avait un rôle de capitaine, on avait un échange avec lui et on l’appréciait pour celle relation. Cette relation s’est cassée de mauvaise manière, et dans ces circonstances tu prends du recul et tu te rends compte que ce n’est pas un joueur qui a rendu tout ce que le club lui a apporté en portant son équipe. Aujourd’hui, je pense aux joueurs présents et ma plus grosse inquiétude serait qu’un joueur comme Vada parte rapidement. Il devrait avoir un discours de reconnaissance très fort envers le club, en expliquant qu’il veut rendre la confiance placée en lui par le club pendant quelques années encore. J’espère qu’il prendra le temps de gagner en maturité avec les Girondins.

WebGirondins.com : Avez-vous prévu de faire un signe particulier à Cédric Carrasso dont la situation est floue au sein des Girondins ?

Romain Manci : C’est sûr que la situation est floue, et elle l’est d’autant plus qu’il s’agirait d’un accord verbal avec Benoît Costil. Dans cette situation, si un club avec de meilleurs moyens vient à la rencontre du joueur, il n’est pas exclu que ce dernier change d’avis. Je pense que le club ne dit rien à cause de cette situation qui n’est pas arrêtée. Quand on voit la séquence dans J+1 où Jocelyn Gourvennec s’ouvre auprès de Carrasso des problèmes défensifs de l’équipe, on sent qu’il y a quand même quelque chose de solide entre l’entraîneur et son gardien. Ce qui est sûr c’est qu’on va scander son nom, et qu’on va énormément compter sur lui pour appuyer notre discours de samedi dans le vestiaire. Pour le reste, il n'est pas encore parti, alors nous n’avons pas prévu d’hommage particulier. Mais vous pourrez compter sur nous pour le faire si nécessaire. 

Interview réalisée par Florian RODRIGUEZ