Un Lyon enroué

09/09 - 07:31 | Par la rédaction | Il y a 10 ans

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Impressionnants sur les deux premières rencontre de Ligue 1, les Lyonnais ont vécu une débandade à Dijon (4-2) qui a fait retomber sur terre les première certitudes de la saison.

La forme lyonnaise

Le premier match officiel de la saison lyonnaise avait inquiété face au PSG en Trophée des Champions (4-1). L’édifice lyonnais, notamment dans les phases défensives, semblait fragile comme de la porcelaine et le premier match de L1 sur le synthétique du promu nancéien ressemblait à un vrai piège. Certainement remontés et vexés après cette déculottée face à l’animal dominant que représente le PSG, les Lyonnais ont rétabli le rapport de force en leur faveur sur le terrain de Nancy. Sous l’impulsion d’un Lacazette facile, auteur de trois buts, Lyon est revenu au Parc OL avec trois points et un goal-average déjà très positif (3-0). Les hommes de Bruno Génésio ont poursuivi leur marche en avant en battant proprement Caen grâce à un doublé de Lacazette (2-0). Avec un +5 au goal-average et aucun but encaissé en deux rencontres, Lyon semblait avoir les armes pour malmener un promu dijonnais sans le sou au niveau comptable en ce début de championnat. Une blessure de Lacazette, conjuguée à une autre blessure, celle de Fekir, et Lyon a perdu un peu de ses certitudes du côté du Stade Gaston Gérard. Plombés par une grosse défaite à Dijon (4-2), Lyon a connu un retour sur terre d’autant plus douloureux qu’il était inattendu. C’est un Lyon un peu sonné et incertain, malgré un jeu offensif propre, que Bordeaux ira défier le samedi 10 septembre à 17h du côté du Parc OL.

Plusieurs possibilités seront offertes aux joueurs de Jocelyn Gourvennec face à ce nouvel adversaire : retrouver une équipe revancharde comme après la grosse déconvenue face au PSG, affronter une équipe incertaine défensivement à l’instar des matchs face aux Parisiens et Dijonnais, ou faire face à une équipe chancelante mais capable de reprendre confiance sur des cadeaux que les Girondins ont eu l’habitude de distribuer depuis plusieurs mois à l’extérieur. Si l’incertitude plane sur le niveau de beaucoup de formations après trois matchs de championnat, Lyon, adversaire prioritaire du PSG pour le titre, est le symbole de ces instabilités de début de saison, même si l’exigence envers le club du président Aulas est très élevée du fait de son niveau affiché la saison dernière. 

L’effectif lyonnais 

Bruno Génésio peut compter sur un effectif très riche en talents. Du poste de gardien de but tenu par l’excellent Anthony Lopes en passant par celui d’attaquant détenu par le très productif Alexandre Lacazette, déjà auteur de 6 buts en 3 matchs, l’entraîneur lyonnais a du matériel pour construire une belle cylindrée. Si la défense centrale composée de Nicolas N’Koulou et Mapou Yanga-Mbiwa a une réputation de lenteur sur ce début de saison, elle n’en reste pas moins séduisante sur le papier avec deux joueurs capables d’être des murs infranchissables lorsqu’ils sont au top de leur forme. Les postes de latéraux présentent quelques noms intéressants et combatifs, même si l’âge commence à toucher Christophe Jallet et Jérémy Morel (32 ans). Dans ce cadre, Rafael (26 ans) et la recrue Maciej Rybus (27 ans) sont des partants plus sûrs pour les postes de titulaires. Le milieu de terrain, lui, est toujours aussi costaud avec des Maxime Gonalons, Sergi Darder, Jordan Ferri ou Corentin Tolisso, capables de jouer au ballon mais aussi de mettre le bleu de chauffe. Nabil Fekir, opéré du genou, ne sera pas présent face à Bordeaux, mais représente une autre arme fatale de Lyon. Malgré les absences possibles ou les pépins physiques d’un Lacazette sorti blessé face à Dijon (probablement de retour face à Bordeaux), Lyon dispose encore de ressources sur le banc. Mathieu Valbuena, Clément Grenier ou encore Maxwell Cornet font partie des réservistes habituels en ce début de saison. De quoi voir venir et mettre tout un groupe sous la pression de la concurrence. 

Les chiffres à retenir

61% : c’est le taux de possession du ballon de Lyon depuis le début de saison. Seul le PSG fait mieux avec 63%. Bordeaux se situe au 12eme rang avec 49% de possession.

25-15-13 : ce sont les résultats des confrontations entre L’OL et les Girondins de Bordeaux en terres lyonnaises. Avantage à Lyon avec ses 25 victoires. En dix ans, les Girondins ne se sont imposés qu’à trois reprises. La dernière victoire bordelaise lors de la saison 2012-2013 avait été acquise grâce à des buts de Benoît Trémoulinas et Cheick Diabaté. Bordeaux avait remporté cette rencontre avec seulement 35% de possession de balle et un ratio de 25 tirs à 6 en faveur des Lyonnais.

Trois questions à… Christian Bassila (Milieu défensif de l’Olympique Lyonnais entre 1996 et 1999 - actuellement entraîneur de U12 de l’OL).  

WebGirondins : Lyon était parti sur les chapeaux de roue et s’est pris les pieds dans le tapis dijonnais. Comme interprétez-vous cette défaite inattendue ?

Christian Bassila : C’est une défaite qui ressemble à celle vécue au Trophée des Champions face au PSG. On ne s’y attendait pas, ni au niveau du contenu ni au niveau du score. Ce sont des défaites qui interpellent car elles arrivent quand tous les voyants sont au vert. C’est difficile d’en faire une bonne lecture. Ça montre que tous les matchs seront disputés cette saison et que l’Olympique Lyonnais devra être à son top pour remporter ses matchs. N’oublions pas que c’est une période d’aléas qui est un peu logique. Les joueurs vont monter en puissance petit à petit. Il y a des nouveaux joueurs, de nouveaux défenseurs, et quand on doit reconstruire une défense, c’est un socle solide que l’on doit reconstituer. Il faut que le ciment prenne pour qu’il soit bien solide. On sent que c’est un groupe qui vit bien et qui a appris de ses erreurs passées. Il est composé de beaucoup de jeunes issus du centre de formation qui changent d’envergure d’année en année. Il faut le digérer et apprendre à jouer avec un regard différent. J’avais vécu ce genre de situation lorsque je jouais à Strasbourg. Nous avions fait un super début de saison avant d’avoir des résultats médiocres. C’est compliqué au niveau de la confiance car cette dernière repart plus facilement qu’elle n’arrive. On néglige aussi beaucoup la fatigue engendrée par les fortes chaleurs du début de saison. Tous ces éléments mis bout à bout n’expliquent pas tout, mais sont des éléments de réponse.

WebGirondins : Quels sont les points que Lyon devrait améliorer pour vraiment livrer bataille au PSG ?

Christian Bassila : Par rapport à la saison dernière, les joueurs ont gagné un an de plus. Il y a plus de maturité, d’expérience. Ce vécu qu’ils ont aujourd’hui, il faut le mettre à profit dans ces moments-là, dans la gestion de cette défaite à Dijon pour repartir ensuite. Faire un bon championnat demande d’être régulier et c’est là où Lyon a une marge de progression. Sur le plan du jeu, l’équipe est forte avec de la technique et du beau jeu. Mais la marge de progression est encore grande dans la capacité à gérer la saison. En Ligue des Champions, les joueurs ont payé pour apprendre l’an dernier. Aujourd’hui, ce ne sont plus des novices et c’est à eux de s’approprier la compétition. Ils connaissent le niveau d’exigence de la C1 et il faut qu’ils franchissent des seuils. Le bon exemple c’est Monaco face au PSG lors de la dernière journée. J’ai senti chez eux une grosse maturité dans la gestion des temps forts et des temps faibles du match. Ils ont su attaquer et piquer quand il le fallait. C’est là où Lyon a une grosse marge de progression, dans cette maturité et cette lecture du jeu, du scénario d’un match. On avait senti ça pour le match décisif pour la deuxième place face à Monaco au Parc OL l’an dernier, c’est quelque chose qui commence à venir. Cette équipe est en train de prendre le temps de changer de statut.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce Lyon-Bordeaux qui se disputera samedi à 17h au Parc OL ?

Christian Bassila : C’est intéressant car les deux clubs ont les mêmes trajectoires. Un bon début de saison avec un petit accident de parcours chacun. Bordeaux voudra profiter de ce match à Lyon pour se situer. Je pense qu’on va plus observer les Girondins car on va vouloir savoir où se situe le potentiel de cette équipe, quelles seront ses ambitions face à une équipe lyonnaise qui a quand même quelques certitudes malgré l’accrochage de Dijon. Ce sont deux équipes différentes avec des atmosphères différentes. On attend de confirmer le potentiel de ces deux équipes cette saison. Toulalan ne sera peut-être par remis, mais avec Ménez, Rolan, Malcom c’est intéressant côté girondin. Quand on joue de gros matchs en début de saison, ça permet de se jauger, de prendre confiance, de trouver un repère.
J’espère qu’Alexandre Lacazette sera en mesure de jouer car avec lui, Ménez, et les autres joueurs, avec tout le talent qu’il y aura sur le terrain, on devrait avoir droit à un beau match. J’espère naturellement que Lyon l’emportera, mais on sent beaucoup de créativité chez les Bordelais, ça joue vite vers l’avant. Je connais bien les coachs avec qui j’ai été à Guingamp, ils ont un cadre clair et précis, ça doit bosser avec eux. La particularité de Jocelyn Gourvennec c’est qu’il apporte de la plus-value, de l’apprentissage, de la progression.
C’est important, comme le disait Jean-Michel Aulas, que les places fortes du football français jouent à un très haut niveau. C’est pour ça que j’espère voir un beau Bordeaux cette saison. Ce ne sera pas un match évident samedi, mais côté lyonnais on a quand même des certitudes dans le jeu. Au Parc OL, on est souvent dépendant de l’adversaire et de sa volonté de jouer. Si Bordeaux est joueur, ça peut donner un très beau match.

Par Florian RODRIGUEZ

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