Arielle Piazza (Comité 1881) : “Il faut aller vers la création d’une SASP pour protéger la section féminine”

27/03 - 15:00 | Il y a 1 mois
Nous avons reçu l’ancienne élue aux Sports à la mairie de Bordeaux de l’ère Alain Juppé, et l’actuelle membre du Comité 1881, Arielle Piazza, dans le Talk ce lundi soir. Elle a détaillé son action auprès de la section féminine des Girondins de Bordeaux et a répondu aux questions. Détails.
Arielle Piazza (Comité 1881) : “Il faut aller vers la création d’une SASP pour protéger la section féminine”

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WebGirondins : Que représentent les Girondins de Bordeaux pour la cité ?

Arielle Piazza : la place des Girondins de Bordeaux est très importante, c'est le club phare de la nouvelle Aquitaine, ce n’est pas rien en termes d'image. Ça devrait toujours attirer des clubs amateurs qui forment et qui éduquent. Je souhaite que ce grand club des Girondins continue à attirer des jeunes en formation pour rayonner sur la grande région. C’est comme l’UBB qui rayonne sur la région, ce sont de très gros clubs. C’est important d’avoir une équipe féminine et on espère que ça va durer.

"Je regrette qu'il n'y ait pas de joueuses expérimentées à des postes clés"

Quel est votre regard sur l'évolution de la section féminine et le positionnement du club ?

Merci aux supporters de l’équipe féminine. Elles ont besoin d'avoir du soutien derrière elles. On a pris un grand coup sur la tête après la défaite face à Dijon, contre Saint-Étienne et la mise à pied de Patrice Lair. On est relégable alors que l'objectif était le maintien. On regarde donc en détail les choix portés par le club. Les moyens ne sont pas nuls, ils n’ont pas baissé depuis l’année dernière, mais ils sont réduits par rapport à il y a trois ans. Le club avait une vision à long terme. L'effectif est très jeune avec 21 ans de moyenne d'âge. Je regrette qu'il n'y ait pas de joueuses expérimentées à des postes clés. Elles manquent d’expériences même si elles ont des qualités. Le club avait une vision osée et à long terme pour construire le club dans l’avenir.

"C’est urgent d’aller dans les centres de formation et la création de SASP"

Deux choses ne vont pas dans le foot féminin. : les centres de formation ne sont pas assez positionnés alors qu'ils vont alimenter la D3. Bordeaux a eu l’agrément l'été dernier, il faut que ce centre de formation arrive vite. C’est un bon objectif. La deuxième chose est que le modèle économique du foot féminin est fragile, et peut tomber du jour au lendemain. Il faut renforcer le modèle économique en attirant vers nous des chefs d’entreprises et des partenaires. J’ai rencontré des dirigeants d’entreprises qui voient dans le foot féminin des valeurs de parités, de progression dans le statut de la femme dans la société, ce qu’ils travaillent au sein de leurs entreprises. Ils veulent y aller, mais l’argent qu’ils mettent dans les clubs pour le foot féminin n’est pas sûr d’être fléché vers la section féminine. C’est un vrai problème.

C’est pour cette raison qu’il faut aller dans la création d’une SASP pour protéger la section féminine, faire en sorte que l'investisseur puisse y aller. C’est une assurance. Cela permettrait aussi à la section féminine de ne pas dépendre du sort économique du masculin. C’est urgent d’aller dans les centres de formation et la création de SASP. C’est comme ça que l’on va construire une élite . Le club y travaille, cela a du sens.

"Je suis très reconnaissante du travail de Patrice Lair"

 

Le projet n'était-il pas trop radical cette saison en ne s'appuyant presque exclusivement que sur de jeunes joueuses ?

Je pense qu’il faut savoir oser. Ils ont beaucoup osé. C’est un choix du club. J’ai vu des joueuses progresser avec plus de confiance en soi, et plus de maturité sur le terrain. Le travail a été fait par Patrice Lair et j’en suis très reconnaissante. Il aime ses joueuses, il est très engagé et a des qualités humaines. Je regrette son écart récent. C’était un pari difficile à gagner et il m’en avait fait part avec une moyenne d'âge de 21 ans. Je comprends l'amertume et la déception des supporters.

En quoi consiste votre action "marraines 1881" ?

Faire rencontrer le monde entrepreneurial et le monde du sport. Il y a des valeurs de dépassement, d'engagement, de courage, de partage qui sont communes dans l'entreprise et les terrains de foot. J’ai exprimé cette idée et 16 cheffes d’entreprises ont répondu favorablement. Ce collectif de cheffes d’entreprise a permis de transformer les joueuses aux côtés de leur marraine. L'idée est d’amener d'autres horizons aux joueuses, de les faire grandir, et qu’elles puissent transformer leur bagage professionnel en dehors du football.

"On est un peu au bord du gouffre"

 

Que pensez-vous de l’image renvoyée par les Girondins de Bordeaux ?

Ce n’est pas une bonne image. On n’est pas dans une dynamique positive. Je ne veux pas trop rentrer dans le sport. Je parlerai d'une dégradation depuis la vente de M6 qui nous a laissés un peu sans solution. Les gens qui ne sont pas de Bordeaux ne comprennent pas l'image renvoyée. On finit toujours la saison devant la DNCG. Il y a eu des efforts, et pas toujours les bonnes stratégies. On est un peu au bord du gouffre. On garde de l’espoir, car il y a toujours des hauts et des bas dans le sport. Je veux rester positive et me dire que ce n’est pas possible que l’on tombe.

Est-ce que vous voyez l’ancrage local aux Girondins de Bordeaux ?

J'ai du mal à le voir, mais c’est une motivation de la part de Gérard Lopez. Il a parlé d’ancrage local depuis son arrivée. Cela s’est calmé sur la dynamique,et on est focalisé sur les résultats de l'équipe première.

Quel est le rôle du Comité sur ce point ?

C’est une instance qui est là pour renforcer l’écosystème féminin en ce qui me concerne. On ne rencontre pas le président et propriétaire Gérard Lopez. Thomas Jacquemier (Directeur général) vient deux fois par an. C’est une instance qui ne s'implique pas dans la dynamique structurelle du club, mais qui est en relation étroite avec les joueuses.

N’est-ce pas frustrant pour vous que ce Comité ne pèse pas plus sur les décisions du club ?

Je vois une force portée par des humains. Si le club a besoin de nous, on est là. Le travail on le fait auprès des joueuses. C’est unique en France. Il ne faut pas arrêter d'échanger, et isoler les joueurs du club n’est pas la solution.

N.P et l'équipe du Talk

L’intégralité à écouter ici :

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