Caen, le trou normand

23/09 - 13:31 | Par la rédaction | Il y a 10 ans

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Ambitieux et bien partis en début de saison, les Caennais viennent de vivre trois rencontres difficiles avec notamment une déculottée magistrale à domicile face au PSG (0-6). De quoi semer le doute dans l’équipe du coach Patrice Garande. 

La forme caennaise

La saison 2016-2017 de Caen était plutôt bien partie au bout de trois journées de championnat. Vainqueurs de Lorient après avoir été menés 2-0 sur leur pelouse au bout de 19 minutes de jeu, les Caennais avaient entamé le championnat avec un moral gonflé à bloc. Le doublé de leur nouvel attaquant Ivan Santini, et la victoire arrachée à la 87eme minute par le buteur croate arrivé du Standard de Liège, venaient même renforcer ce vent d’optimisme sur le Stade Michel d’Ornano. Une semaine plus tard la défaite à Lyon (2-0) n’était pas de nature à inquiéter car après une première mi-temps timorée, la deuxième période fut plus rassurante, et la réception de Bastia pour conclure le premier mois de compétition donna une victoire nette (2-0) qui plaçait Caen dans des temps de passages honnêtes. Mais le retour de la trêve international a tout changé. Battus une nouvelle fois 2-0 à l’extérieur, sur le terrain de Rennes, les Bas-Normands se sont mis dans l’obligation de battre le PSG pour rattraper cette nouvelle défaite à l’extérieur. Las, dans un match à sens unique - et à sens interdit pour les Caennais - Paris a déroulé comme rarement à l’extérieur (0-6). Seul Troyes, lors de la validation du titre 2016, avait connu pire châtiment sur sa pelouse (0-9). Doux comme des agneaux face à leurs adversaires parisiens, les Caennais n’ont pu que constater les dégâts et auraient pu estomper les marques de cette mémorable déroute en reprenant du poil de la bête sur le terrain d’Angers. Dans un match typique de L1 face à de rugueux angevins, les Caennais ont de nouveau échoué, malgré un léger regain de forme, perdant leur troisième match en trois déplacements (2-1). En moins d’un mois, la saison caennaise qui laissait entrevoir de belles lueurs pour la suite de la compétition, s’est transformée en un chemin semé d’embûches. 

 

L’effectif caennais 

Sur le papier, Patrice Garande a de quoi faire avec son effectif qui compte de bons joueurs rompus aux joutes de la L1 et quelques jeunes joueurs prometteurs. Parmi les vieux briscards encore prêts à dépanner, Rémy Vercoutre (36 ans) est toujours au rendez-vous dans les cages. La défense, qui est en grande difficulté depuis le début de la saison, compte pourtant dans ses rangs le solide Damien Da Silva, ou l’expérimenté Alaeddine Yahia (34 ans). En grande souffrance face au PSG Syam Ben Youssef faisait partie des éléments majeurs du onze de départ caennais en défense depuis le début de saison, mais sortira du groupe face à Bordeaux samedi. Ce secteur du jeu souffre sur les ailes du départ de Dennis Appiah pour Anderlecht malgré les arrivées de Mouhamadou Dabo ou Romain Genevois. Le milieu de terrain est lui toujours aussi riche de noms techniques et de métier puisque Jonathan Delaplace, Julien Féret, et Steed Malbranque, arrivé cet été en provenance de Lyon, garnissent ce secteur du jeu. Nicolas Seube (37 ans), et Ismaël Diomandé (24 ans) ont des profils intéressants pour couvrir les arrières de ces joueurs offensifs. En attaque, Caen a aussi le du choix malgré le départ controversé d’Andy Delort au Mexique. Ronny Rodelin et le jeune Yann Karamoh, virevoltant attaquant de couloir, sont des armes offensives à faire valoir, et des joueurs comme Hervé Bazile (4 matchs, 1 but, 1 passe décisive) ou Jeff Louis peuvent avoir leurs mots à dire. Enfin, Ivan Santini, l’attaquant de pointe, n’a plus trouvé le chemin des filets depuis la première journée, ce qui pourrait poser problème si la situation perdure. Derrière lui, Pape Sané, prolifique buteur acheté à Bourg-Péronnas, a inscrit 12 buts en L2 après avoir été le meilleur buteur du National la saison précédente et pourrait profiter de l’absence de réussite de Santini pour s’imposer. Au regard des noms présents sur le papier et de l’équilibre qualitatif entre titulaires potentiels et remplaçants, Caen présente une équipe capable de jouer la première moitié de classement… À condition de sortir rapidement de l’ornière dans laquelle les Caennais se sont embourbés depuis trois rencontres.

L’Équipe possible face à Bordeaux : Vercoutre - Genevois - Yahia - Da Silva - Imorou - Diomandé - Delaplace - Féret (cap) - Karamoh - Rodelin - Sané (ou Santini)

 

Trois questions à… Brahim Thiam (Consultant pour beIN SPORTS - Joueur du Stade Malherbe Caen entre 2005 et 2009)

WebGirondins : Depuis trois rencontres le Stade Malherbe est en chute libre. Qu’est-ce qui peut expliquer ce passage à vide ?

Brahim Thiam : L’élément numéro un, pour moi, c’est l’aspect psychologique. Quand tu es joueur et que tu doutes, tu n’es pas dans les bonnes conditions pour exploiter tes qualités. Quand on multiplie ce problème par le nombre de joueurs sur le terrain ça donne une équipe dans le doute qui n’est pas libérée du tout. Contre Paris, les Caennais sont passés au travers. Déjà qu’en jouant à 100%, Paris est très compliqué à vaincre, alors à 60% ça donne une défaite par six buts d’écart. Le premier match contre Lorient a été l’arbre qui cache la forêt car ils n’auraient peut-être pas gagné le match sans l’expulsion lorientaise. Ça aurait peut-être été une défaite intéressante pour mettre les pendules à l’heure en début de saison. Sur les trois derniers matchs, Caen n’a pas repris le rythme d’une équipe solide défensivement. Offensivement, il y a des qualités, mais l’équilibre n’est pas trouvé entre l’attaque et la défense. Ça devient un peu critique car on sent qu’il n’y a pas d’évolution dans le contenu des matchs et se déplacer à Bordeaux, c’est peut-être un bon souvenir par rapport à la saison dernière et la victoire 4-1, mais ce n’est peut-être pas le bon moment. Dans leur situation, je me déplacerais en Gironde pour faire un bon nul quitte à ne pas faire un match très agréable à regarder.

WebGirondins : Est-ce que le club ne se met pas un peu trop de pression par rapport à une certaine progression espérée ?

Brahim Thiam : Franchir un cap pour le Stade Malherbe, c’est finir au dessus de la 10eme place pour se péréniser à ce niveau. Dans l’esprit des dirigeants, avec toutes les nouveautés qui ont été mises en place au sein du club aussi bien au niveau des infrastructures avec un terrain couvert, la construction d’un vrai centre d’entraînement, et les investissements au stade, il est légitime d’attendre des progrès. Il est normal de songer à faire évoluer le club aussi bien d’un point de vue sportif que médiatique. On ne peut pas dire tous les ans aux joueurs que l’on va jouer le maintien, surtout quand on investit de l’argent pour développer les structures. Il faut trouver le juste milieu entre ambition et réalisme. Si l’outil à disposition pour travailler permet d’être ambitieux, il faut aussi que tout concorde sur le terrain. Pour le moment Caen est dans le dur. Potentiellement, en étant plus réguliers, ils peuvent largement aspirer à être dans la première partie de tableau. Mais là nous sommes dans la théorie et il faut la mettre en application. Les matchs qui arrivent ne seront pas évidents pour cette équipe qui est dans le dur et qui se situe déjà dans le petit groupe de fin de classement.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce prochain Bordeaux-Caen ?

Brahim Thiam : Pour connaître un peu Jocelyn Gourvennec, je pense qu’il va demander à ses joueurs de ne pas reproduire les erreurs commises face à Angers. Bordeaux avait l’habitude d’être le cauchemar des parieurs ces dernières années à cause de son irrégularité. Le coach va demander une progression sur cet aspect-là car ce serait bête de perdre de nouveau le bénéfice d’une victoire à l’extérieur en commettant un nouvel impair à domicile. Caen a la tête sous l’eau et le coach girondin va certainement demander à son équipe de faire en sorte que l’adversaire reste dans cette position. Du côté caennais, je suis certain que Patrice Garande a bien enregistré ce qu’Angers a fait de bon du côté de Bordeaux et qu’il va axer sa causerie sur ce match et sur les difficultés girondines face à cet adversaire. Si tu arrives à mettre Bordeaux sous pression, avec de l’impact physique, en y ajoutant de la qualité technique, ça peut devenir dangereux pour les Girondins, à l’instar de ce que Caen avait fait l’année dernière sur la pelouse bordelaise.Chacun va s’appuyer sur ses forces du moment, et l’avantage, au moins psychologique, est du côté de Bordeaux. Cela reste de la théorie, encore faut-il le démontrer sur le terrain. On est dans la configuration d’un match assez ouvert.

 

Par Florian RODRIGUEZ

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