Nicolas Jamain : "J'ai l’impression que les Ultramarines sont le seul vestige de la mémoire bordelaise"

29/04 - 01:00 | Il y a 4 ans
Nicolas Jamain : "J'ai l’impression que les Ultramarines sont le seul vestige de la mémoire bordelaise"

© Iconsport

Animateur de l'After Foot sur RMC et amoureux des Girondins depuis jeune, Nicolas Jamain s'est entretenu avec nous. Il est revenu sur la situation du club et sa vision du futur pour les Marine et Blanc. 

WG : C'est quoi vos plus grandes émotions liées aux Girondins ? 

NJ : Mon premier souvenir c’est la finale de Coupe de France contre l’OM en 1987. C’est Philippe Fargeon qui marque, lancé par Ferreri. C’est ma première émotion bordelaise. J’ai que 7 ans, mais c’est spontané. Après ma plus grande émotion, ça reste Feindouno en 1999 au Parc des Princes. À la dernière journée, il nous offre le titre en fin de match. L’autre émotion c’est le but de Gourcuff contre le PSG en 2009. C’était une grosse explosion. Déjà c’est le PSG en face. Gourcuff, il surnage en Ligue 1. C’est la classe du mec. Moi, je n’avais pas Canal en 1996 donc le Bordeaux-Milan je ne l’ai pas vu en direct.
Au contraire, en Coupe d’Europe, il y a un terrible AS Roma-Girondins de Bordeaux. Avec Rudy Völler qui met un triplé. C’est en 1990, 5-0 au 1/8 de finale aller. C'était très dur. 

"J'AI MESURÉ À QUEL POINT CE CLUB EST EN TRAIN DE MOURIR"

WebGirondins : De quel oeil voyez-vous la situation du club ? 

Nicolas Jamain : J’en ai marre. Je sais que tout bon supporter doit être là dans les mauvais moments, mais là ça commence à me saouler vraiment. Parce que moi je suis né en 1980 et j’ai connu le grand Bordeaux. Des années 80, 90, 1999 et 2009. C’est un monument en péril depuis trop longtemps et puis je ne vois pas de réaction possible. C’est global, c’est le foot français en général, mais Bordeaux en est l’illustration la plus parfaite.

Je suis allé au Matmut pour Bordeaux-Nice, cela faisait 2 ans que je n’étais pas allé au stade. On était 9 000 ou 10 000 maximum. C’était flippant. Les Ultramarines essayaient tant bien que mal, mais ça ne répondait pas. L’indigence du jeu… Tout, c’est flippant. Et là j’ai mesuré à quel point ce club est en train de mourir, tout doucement. C’était une claque. C’est des termes assez forts, mais c’est ce que je le ressens.

Après au niveau de la gestion du club, évidemment je suis derrière Paulo Sousa, mais ce n’est pas possible. Depuis le début, je n’y ai même pas cru une seconde parce qu’on connaît bien leur intention. Au niveau des résultats, on a l’impression que depuis le quart de finale de League des Champions perdu contre Lyon tout s’est écroulé. On a résisté un peu. À part quelques rares moments de plaisir. Depuis les années 80, Bordeaux a toujours été à la lutte, à part quelques saisons manquées.

Tout s’écroule en mars 2010 j’ai l’impression et tout empire avec la vente du club. Le club est désincarné. Je ne parle pas des supporters bien sûr, franchement bravo aux Ultramarines. C’est le dernier souffle. J’ai l’impression que c’est le seul vestige de la mémoire bordelaise. C’est un peu flippant.

"CE SONT CEUX QUI AIMENT LE CLUB QUI L'ONT FAIT"

WG : Comment voyez-vous le futur pour les Girondins ? 

NJ : Moi je ne suis pas pour l’arrivée d’un milliardaire qui ne soit pas à l’écoute des idées locales. Si c’est juste un mec qui arrive avec son argent pour faire grandir sa marque et investir dans le vin à Bordeaux, ça ne m’intéresse pas. Il faut un projet solide avec de l’argent bien sûr pour pouvoir exister, mais avec une restitution des pouvoirs à des mecs à la fibre bordelaise.

Je crois qu’il faut vraiment s’entourer de gens amoureux du club pour recréer une identité et un lien avec les supporters. Ce sont ceux qui aiment ce club qui l’ont fait. Rennes est un exemple, ils n’ont pas un budget monstrueux. Le centre de formation fonctionne hyper bien. Il y a une vraie identité. Ils ont un vrai leader, Julien Stéphan. Il aime le club, il a grandi dans ce club, il le connaît par cœur, il connaît les jeunes du centre. Il faut une figure qui incarne le club. Nous, on n’a pas de Julien Stéphan aujourd’hui.

"JE NE SUIS PAS FAN DU MATMUT"

WG : Si vous étiez nommé à la tête du club, quelles mesures prendriez-vous ? 

NJ : Si on oublie l’aspect économique. Je retourne à Chaban-Delmas. Je ne suis pas fan du Matmut, c’est un bel outil, mais il n’y a pas d’âme dans ce stade. Je rends le club à ceux qui en ont fait l’histoire. Après il faut trouver les bons gars. S’entourer de personnes qui aiment le club. Moi je mets Dugarry dans la direction du club. C’est un vrai amoureux des Girondins. Pour voir ce qu’il peut apporter dans ce club. C’est un mec qui n’est pas con, qui connaît l’environnement. Bon, il ne voudra pas, mais bon.

Mais je pense aussi à Michel Pavon, je ne sais pas à quel poste. Évidemment, relancer le centre de formation avec une vraie identité de jeu bordelaise. Instaurons le 4-4-2 losange à la bordelaise ! J’ai connu Le Haillan ouvert donc je recréée un lien avec les supporters en ouvrant le centre d’entraînements.

"ARRÊTER LES CHAMPIONNATS ? C'EST UNE DÉCISION HYPER SAGE"

WG : Comment avez-vous pris l'annonce du Premier ministre de stopper les championnats ? 

NJ : Cela fait des semaines que je dis qu’il ne faut pas se faire d’illusion. C’est très bien ainsi. C’est un non-sens de vouloir absolument reprendre pour des raisons économiques. Les footballeurs n’ont pas de traitement de faveur à avoir par rapport au reste de la population. C’est trop dangereux. Donc normal, c’est une décision hyper sage, hyper juste.

Edson Mexer réalise-t-il une saison en demi-teinte aux Girondins ? 

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