Pierre Gousseau : "Le passage de Ben Arfa au PSG restera une véritable énigme"

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WG : D’un point de vue extérieur, quel est votre regard sur l’état de forme des Girondins de Bordeaux depuis plusieurs années ?

Pierre  Gousseau : Bordeaux porte bien son surnom de « belle endormie » car depuis 5 ans, les Girondins alternent le bon et le moins bon oscillant entre les places européennes et le ventre mou du classement. Etant un ancien, j’ai eu la chance de connaître le Bordeaux flamboyant de Claude Bez avec Alain Giresse puis il y'a eu cette finale de Coupe de l’UEFA face au Bayern Munich lors de la saison 1995-1996 avec Zidane, Dugarry et Lizarazu. Enfin, évidemment il y a eu également l’équipe de Bordeaux sous les ordres de Laurent Blanc et Jean-Louis Gasset avec ce titre de champion à la clé en 2009.

Cette saison, Bordeaux connait plus de difficultés car son effectif ne n’est pas renforcé lors du dernier mercato (hormis l’arrivée tardive de Ben Arfa) et se classe pour l’instant 12ème mais c’est un club qui compte en Ligue 1 et j’aimerais le revoir jouer les premières places.

"Bordeaux n’a pas un propriétaire capable de réaliser les mêmes efforts financiers que Paris"

En tant que supporter du PSG, quel est votre rapport avec le club des Girondins de Bordeaux ? Qu’est-ce que ça représente pour vous dans le football français ? Le jugez-vous comme un « rival » ?

Bordeaux est un club historique de notre championnat ayant eu l’habitude de jouer les premières places pendant de nombreuses années et en tant que fan du football français, j’aimerais revoir ce club au plus haut. Selon moi, le club bordelais représente une valeur-sûre du championnat de France de par son palmarès (6 titres de champions, 4 Coupes de France) et au vu des nombreux internationaux qui ont joué sous les couleurs girondines (Zidane, Johan Micoud, Dugarry, Lizarazu, Pauleta entre autres.). Depuis 2011 et l’arrivée des Qataris, l’écart s’est creusé entre les deux clubs en termes de moyens financiers et d’effectif. Paris a acheté de nombreuses stars depuis 10 ans (Pastore, Ibrahimovic, Neymar, Mbappé pour ne citer qu’eux).

Aujourd’hui, le club de la capitale joue et gagne le titre (presque) tous les ans ainsi que les coupes nationales. Force est de constater que Bordeaux n’a pas un propriétaire capable de réaliser les mêmes efforts financiers que Paris et c’est compliqué pour Bordeaux de rivaliser avec ce PSG-là.

Que retenez-vous du passage de Jean-Louis Gasset en tant qu’adjoint de Laurent Blanc (de 2013 à 2016) au Paris Saint-Germain ? Avez-vous des anecdotes à son sujet ?

En tant que supporter, je dois bien avouer que la période Laurent Blanc-Jean-Louis Gasset était une période faste car à cette époque le PSG avait une identité de jeu avec un des meilleurs milieux du monde : le trio Matuidi-Motta-Verratti.  L’équipe de Blanc et Gasset marchait sur la Ligue 1 enchaînant les victoires et en terme de palmarès on a remporté 3 titres de champion de France, 3 coupes de France, 3 coupes de la Ligue et 3 trophées des champions. Malheureusement pour Laurent Blanc son coup tactique en Ligue des champions face à Manchester City (le 12 avril 2016) lui a couté cher. On avait l’habitude de jouer en 4-3-3 et ce soir-là, l’entraîneur cévenol nous sort un 3-5-2 pour une défaite à la clé (1-0) contre le rival émirati. Tout le monde connaît la suite avec son limogeage la saison d’après. Pourtant, je garde un bon souvenir de leur passage au PSG car nous étions intouchables en Ligue 1.

Concernant Jean-Louis Gasset, c’est Javier Pastore qui en parle le mieux comme vous pouvez le lire dans notre dernier ouvrage (Paris United 2010-2020, Une décennie pour rêver plus grand, Clément Pernia-Mustapha Boullime aux éditions Talent Sport) : « Jean-Louis Gasset est vraiment top. On ne le voyait pas trop pendant les matches mais c’était la personne la plus proche des joueurs. Il avait un super tact pour nous parler. Je sais qu’il est désormais numéro un et je pense qu’il va réussir. » La paire Blanc-Gasset a selon moi laissée une empreinte positive dans l’histoire de notre club.

"Avec Bordeaux, je pense que Ben Arfa peut devenir le leader technique de ce collectif"

Pouvez-vous nous retracer en quelques phrases le passage d’Hatem Ben Arfa au PSG, son club de cœur ? Comment expliquer un tel échec ? Que peut-il apporter à Bordeaux selon vous ?

Quelle frustration ! Voilà comment je résumerais le passage de Ben Arfa au sein du club parisien. En 2016, il arrive libre de Nice après une bonne saison durant laquelle il a porté le collectif azuréen. Son arrivée était porteuse d’espoir car on intégrait un joueur talentueux, un créateur doué techniquement et capable d’exploits balle au pied. Mais ce fut un échec du fait de son manque d’implication et son entente avec Emery. Puis il y a eu l’épisode avec le prince Al-Thani avec sa mise à l’écart par la suite (il aurait demandé des explications de manière trop virulent au dirigeant parisien).

Le souvenir que j’ai de lui c’est la rencontre en Coupe de France avec son but contre Avranches (victoire 4-0 lors de la saison 2016-2017). Son passage restera une véritable énigme pour moi disputant 32 matchs seulement en 2 saisons. Avec Bordeaux, je pense que Ben Arfa peut devenir le leader technique de ce collectif, un joueur capable de faire des différences balle au pied et amener le danger dans les 30 derniers mètres. Il l’a d’ailleurs prouvé lors du dernier match contre Rennes avec son but victorieux. 

"Les hommes de Gasset vont devoir aller chercher haut les Parisiens"

Vous qui connaissez votre club mieux que quiconque, savez-vous sur quoi les Girondins de Bordeaux devront-ils s’appuyer pour espérer obtenir un résultat samedi prochain ? Quelles sont vos lacunes ? 

Cela va dépendre de la composition d’équipe et de l’infirmerie parisienne après le match en Ligue des champions contre Leipzig. Depuis le début de saison, le club parisien n’a pas joué avec son équipe type et le coach allemand a bricolé  lors de chaque rencontre. Les lacunes parisiennes s’accumulent entre les blessures et les méformes ainsi la défense centrale est fébrile en fonction des joueurs alignés. Le milieu parisien n’est pas assez conquérant et manque de maîtrise par moment.

Si Bordeaux veut réaliser un résultat au Parc des Princes, ils devront montrer de l’envie et une volonté de jouer collectivement. Les hommes de Gasset vont devoir aller chercher haut les Parisiens et faire preuve de solidité défensive. Il ne faut pas qu’ils arrivent à Paris avec la peur au ventre mais avec l’envie de faire un résultat. Évidemment, j’espère que Paris saura répondre présent afin de conserver la tête de la Ligue 1.

N.P et J.C

Pierre Gousseau rédacteur en chef de Paris United.

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