Bernard Lions (L’Equipe) : « Bordeaux sera le club le plus bankable dans les années à venir »

30/03 - 10:41 | Il y a 11 ans

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Exclu - Observateur privilégié de l’AS Saint-Étienne et des Girondins de Bordeaux pour le quotidien L’Equipe, Bernard Lions évoque l’actualité du club aquitain en exclusivité pour Web Girondins. Le journaliste se montre plutôt optimiste concernant l’avenir de l’équipe au scapulaire. 

Web- Girondins - Selon le journal pour lequel vous travaillez, L’Equipe, Christian Gourcuff aurait entamé des discussions avec les dirigeants aquitains. A-t-il le profil idéal pour être le futur entraîneur bordelais ?

Bernard Lions - Christian Gourcuff est un formateur extraordinaire. Pour la politique de formation girondine, c’est l’entraîneur idoine. Toutefois, il faut rappeler que Lorient n’a rien gagné avec lui, si ce n’est un titre de champion de troisième division en 1985. A Rennes, lors de la saison 2001-2002, ça n’a pas fonctionné. Pourra-t-il s’acclimater à un autre contexte ? Ce n’est pas garanti. Il va quitter Lorient car il n’a plus les pleins pouvoirs. S’il vient à Bordeaux, il n’aura jamais autant de pouvoir qu’il n'a pu en avoir chez les Merlus. Cela fait un certain temps que le M6 cherche à le recruter. Nicolas de Tavernost  l’apprécie. La quiétude bordelaise, la qualité des installations, le projet sportif, l’éclosion de la jeune génération… lui conviendraient. C’est une chouette idée, mais il faudrait déjà que le départ de Gillot soit acté. 

Francis Gillot pouvait-il obtenir de meilleurs résultats avec l’effectif dont il dispose ?

Avec du recul, il ne s’en tire pas si mal. N’oublions pas qu’il a décroché la Coupe de France la saison passée ! A l’époque de Yoann Gourcuff et Marouane Chamakh, il s’agissait de l’un des objectifs secrets de Laurent Blanc. Les résultats actuels n’ont pas vraiment de rapport avec le niveau sportif de l’effectif. Aujourd’hui, le vestiaire est devenu la CCI (chambre de commerce et d’industrie) de la région. Tous les joueurs sont débordés par leurs activités annexes. A quel moment ont-ils le temps de s’occuper du foot ? Cela demande de l’énergie et de la concentration. Il y a un problème d’état d’esprit. Les Bordelais prévoient déjà leur reconversion. Récemment, je me trouvais au Haillan, ils parlaient de tout… sauf de football. Plein de joueurs ont lâché, ils ont perdu l’esprit de compétition. Ce n’est pas la peine de citer des noms : tout le monde les connait ! 

Quels sont les chantiers principaux sur lesquels les dirigeants doivent travailler pour que le club puisse rebondir dès la saison prochaine en L1 ?

Bordeaux ne rebondira pas la saison prochaine. Comme tous les clubs français, excepté le PSG et Monaco, il souffre d’une santé financière précaire. La principale préoccupation de M6 est que le club ne périclite pas financièrement. Les dirigeants attendent la fin des gros contrats de l’ère post-titre de champion de France ainsi que la livraison du stade pour figurer parmi les clubs qui comptent. Mener de front un projet sportif et développer des infrastructures n’est pas impossible, mais c’est compliqué. M6 a choisi de privilégier la pérennité du club sur du long terme plutôt que d’avoir de bons résultats sportifs sur du court terme. C’est un mal nécessaire. A Bordeaux, il existe un réel savoir-faire en matière de formation : c’est un gage d’avenir. Bordeaux reste une marque extrêmement forte. Il s’agira du club le plus « bankable » dans les années à venir. Pourquoi ? Parce que Bordeaux est connu dans le monde entier grâce au vin. Une fois que le nouveau stade sera livré, de riches investisseurs chinois risquent de se montrer très intéressés pour le reprendre.

« Il faudrait que les Girondins arrêtent de se dire qu’ils vont mal »

Quelle image avez-vous aujourd’hui des Girondins ?

L’image d’un club masochiste. Il faudrait que les Girondins arrêtent de se dire qu’ils vont mal. Ils dégagent une image tristounette. Pourtant, ça reste un club de dimension européenne !

Quel regard portez-vous concernant les sites de supporters de club, comme le nôtre ? 

J’apprécie car je suis fasciné par l’amour des supporters. Ça bosse bien ! Sur des sites comme le vôtre, j’apprends des choses. Ce sont des lieux de rencontre et de partage : on y retrouve sa famille. Mais il ne faut pas que ça dérape. Parfois, c’est inutilement violent.

Vous allez souvent sur le bassin d’Arcachon. Manger des huitres avec le président Triaud, c’est sympa ?

Je ne me rappelle pas avoir mangé des huitres avec le président Triaud. Mais avec de jolies bordelaises, ça oui (rires) ! J’en ai même des souvenirs attendris. Il faut dire que les Bordelaises sont très jolies. Avec le président, j’avais mangé un soufflé au fromage, en tête en tête, au Haillan.  

Êtes-vous supporter des Girondins de Bordeaux ?

Je suis avant tout supporter de football. Après, je ne cache pas que j’ai le cœur vert. J’ai toujours aimé les belles équipes. Si tu aimes le foot, tu ne peux qu’aimer Bordeaux. Ma génération, c’est celle de Bernard Lacombe, Patrick Battiston, Alain Giresse, Michel Platini… J’ai suivi les Girondins sur plusieurs périodes, dont celle du dernier titre de champion de France. 

Vous venez de sortir le livre « 1000 maillots de Foot », préfacé par Louis Nicollin, aux Éditions de La Martinière. Avez-vous une anecdote en particulier au sujet d’un maillot girondin ?

Oui, lorsque Jean-Pierre Papin a signé à Bordeaux, en 1996. Une grande enseigne de jus de fruit, Waïti, avait lancé une grosse opération commerciale. Le maillot floqué « J.P.P. », avec le numéro 27, était offert en échange de l’achat d’un certain nombre de packs de jus de fruit. La Ligue avait considéré qu’il s’agissait d’une exploitation commerciale et avait interdit à Papin de continuer à jouer avec son surnom inscrit derrière le maillot. 

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