Exclu : Albert Riera : "Avec les Girondins, le courant est tout de suite passé"

10/12 - 10:21 | Il y a 7 ans
Exclu : Albert Riera : "Avec les Girondins, le courant est tout de suite passé"

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Nous sommes allés à la rencontre d'Albert Riera (35 ans), ancien joueur des Girondins de Bordeaux (2003/2005), qui a ensuite évolué à Liverpool, en Liga et en Turquie. Il nous donne de ses nouvelles dans l'entretien ci-dessous, et explique qu'il est toujours en contact avec les Girondins

Merci Albert pour ta disponibilité ! Les lecteurs de WebGirondins vont être au ravis. Première question, est-ce que tu joues encore ? Et où ?

Je n'ai pas d'équipe pour le moment dû à mes deux expériences passées dans des championnats mineurs en Slovénie et en Russie qui étaient semi-pro. Quand tu as l'habitude de jouer à haut niveau, c'est difficile de motiver tout le monde d'atteindre ce niveau, je joue pour être heureux et c'est déjà pas mal. Cependant, je ne peux pas dire que j'ai arrêté ma carrière. Si quelque chose d'intéressant arrive, je continuerai à jouer, mais ce qui me motive actuellement est de commencer les cours de coaching avec la fédération espagnole et d'obtenir ma licence UEFA pour coacher les pros et être pourquoi pas directeur sportif, entraîneur ou assistant.  

Tu as joué pour Liverpool Masters au travers de deux évènements Masters Football à Singapour notamment, quelles furent tes resentis ? As-tu aimé revenir sur le terrain ?

 Bien sûr ! C'était ma première expérience avec ce team de Légendes. Nous nous connaissions tous pour avoir joué les uns contre les autres ou les uns avec les autres plusieurs fois. Ce genre d'évènement me permet de me tester et de m'évaluer. De voir que je suis toujours affûté et prêt pour jouer à un bon niveau. Actuellement, je m'entraîne 3 fois par semaine avec un match amical le samedi ou le dimanche.

"A cette époque, on prenait le temps de former les jeunes joueurs"

Les gens ne s'en souviennent pas forcément mais tu as atteint la 3eme place de la Liga avec Majorque en 2000 et donc accédé à la prestigieuse Ligue des Champions. Peux-tu nous dire ce que tu avais ressenti ? Peux-tu nous donner l'un de tes meilleurs souvenirs lors de cette saison ?

C'était une saison incroyable pour Majorque, les meilleures années de l'histoire du club et pour les joueurs aussi. Imagine une équipe qui représente une île de 750 000 habitants qui va jouer des matchs prestigieux à Highbury contre le Arsenal d'Henry, Bergkamp, Vieira... et ça du haut de mes 18 ans ! C'était un rêve pour moi. Je dois dire qu'à cette époque, on prenait le temps de former les jeunes joueurs et la puissance de l'argent n'était pas aussi importante qu'aujourd'hui où c'est de plus en plus difficile pour les jeunes joueurs.

"J'étais trop jeune pour donner le meilleur de moi-même aux Girondins"

Tu as joué 2 ans à Bordeaux, quels souvenirs gardes-tu ici ? Parles-tu toujours français ?

“Bien sûr !” (en français dans le texte) Parlant le catalan et le mallorquain, cela m'a aidé à baragouiner le français assez rapidement, et je pense qu'au bout de 6 mois, j'étais presque bilingue, et aujourd'hui, je le comprends encore. Je n'ai jamais été handicapé par les langues étrangères. En effet, quand j'ai quitté Majorque à seulement 21 ans, cela fut dur, même si je sortais d'une saison extraordinaire avec le club en jouant des matchs très important en finissant 5eme avec une Liga, où jouait le Real des Galactiques (Figo, Zidane, Raul, Ronaldo...) que nous avons gagné en les battant 1-5 à Barnabeu, en gagnant la Coupe du Roi à la fin de la saison... Cependant, j'étais trop jeune pour donner le meilleur de moi-même aux Girondins dans un championnat beaucoup plus physique qu'en Espagne. Je ne me plains pas de la difficulté du championnat, juste qu'avec plus d'expérience et une meilleure condition physique, vous auriez pu voir un meilleur “Albert”. Je dis ça car les Girondins ont fait de très gros efforts pour me faire signer car plusieurs clubs étaient intéressés par mes services, mais je pense qu'après deux saisons, j'aurais pu donner plus même si les Girondins s'y sont retrouvés au niveau financier en me revendant à l'Espanyol Barcelone. J'ai aimé ce club et les gens extraodinaires autour. Je garde encore des affinités en Gironde et votre sollicitation me touche. Merci au passage, à l'ex-Président Alain Deveseleer, à Ulrich Ramé, mon ex capitaine, actuellement directeur sportif et aux différents entraîneurs qui ont cru en moi comme Elie Baup et Michel Pavon et un petit coucou à Xavi Marco, un intendant du club...Merci à tous ! La première année nous atteignons la demi-finale de la Coupe UEFA (les ¼ en réalité) contre Valence avec un groupe génial mais où l'expérience d'un Pauleta et d'un Savio ont manqué malgré la fougue des Mavuba, Francia, Chamakh, et autre Feindounou.

Tu avais un jeu à la Joaquin (ancien joueur du Betis et Valence)  sur le terrain. Très technique avec une bonne vision de jeu. Comment arrives-tu à Bordeaux ? N'avais-tu pas d'offres de top clubs ?

A ce moment, j'ai eu des touches avec l'Atletico Madrid et le Deportivo la Corogne mais les Girondins ont été clairs et rapides dans les discussions ce qui traduisait leur motivation à mon égard, ce que je compare d'ailleurs à de l'amour. L'important est ce que tu ressens, et avec les Girondins, le courant est tout de suite passé, c'est ce que j'ai retenu.  

J'étais à Chaban Delmas durant le ¼ aller de Coupe de l'UEFA, juste derrière toi avec mon père quand tu marques le premier but contre Valence. Peux-tu me donner ton ressenti sur ce match ? C'était une escroquerie au niveau de l'arbitrage, non ? (Mavuba se fait exclure de façon lunaire et Chamakh se fait faucher dans la surface sans penalty)

Ouais...le score ne reflétait pas la physionomie du match car nous avons été bien meilleurs qu'eux et nous savions qu'à Valence, ce ne serait pas la même chanson; difficile avec de la pression donc il nous fallait faire un score à la maison. Etant donné le résultat du match aller (1-2), nous n'avons pas réussi à inverser la tendance et nous avons été éliminés avec le sentiment d'avoir été meilleurs que les hommes de Benitez, futurs vainqueurs de la coupe contre Marseille.

"Albert Celades est l'un de mes meilleurs amis que le football m'a donné"

Tu as joué avec Albert Celades, un super milieu de terrain, est-ce toujours ton ami ? Gardes-tu le contact avec d'autres anciens de Bordeaux ?

Mais oui ! J'ai connu Albert à Bordeaux, j'avais entendu parler de lui juste avant quand il jouait au Barça et à Madrid. Depuis le premier jour, nous avons sympathisé et il fut comme un père pour moi et j'apprécie toujours encore échanger avec lui. Albert Celades est l'un de mes meilleurs amis que le football m'a donné, on se parle souvent au téléphone. Il entraîne les U21 Espagnols maintenant et dès que je viens à Madrid, on essaie de se voir. D'ailleurs, j'espère qu'il m'aidera à être un bon coach en attendant son coup de fil pour être son assistant ah ah ah (rires).

Je voudrais ajouter qu'Albert est une super personne, un mec fantastique qui sait transmettre des valeurs fortes, indispensables dans ce monde, telles que le respect, l'honneur … J'ai de la chance d'avoir des amis de la sorte qui m'inspire autant.

Tu reviens en Espagne, à l'Espanyol Barcelone. Tu as évolué avec Mauricio Pochettino. Avait-il déjà l'âme d'un coach ? Etait-il un leader ? Est-il ton ami ?

Oui, bien sûr. Nous avons de supers rapports depuis le début à Bordeaux en tant qu'anciens co-équipiers et plus tard, c'est lui qui a insisté pour que je vienne à l'Espanyol où il avait signé aussi. On voyait déjà qu'il allait être un coach d'envergure quand il était joueur. Il avait du caractère et du leadership, deux conditions naturelles pour inspirer le respect.

"A Liverpool, il y a du professionnalisme partout, dans chaque détail"

Ensuite, tu rejoins un top club : Liverpool ! Tu es obligé de nous donner une histoire sur Steven Gerrard ! Peut-on dire que c'est la meilleure période de ta carrière ? J'ai vraiment apprécié ton jeu à ce moment là. Ton meilleur moment à Liverpool, c'était quoi ?

Comme tu l'as dit, c'est un gros gros club. Mais pas que pour ça, c'est un club qui inspire la sympathie partout sur le globe. Par exemple, tu ne peux pas être fan du Barça et du Real en même temps, mais tu peux supporter Liverpool en plus d'un autre club. Plus spécialement en Asie, les fans sont fous furieux avec Liverpool. Et crois moi, c'est branque dans tous les sens du terme. J'ai été très fier de porter ces couleurs dans l'une des meilleures générations (Benitez, Gerrard, Torres, Xabi Alonso, Mascherano, Reina...) et on rate le titre de deux points... Concernant Gerrard, c'était un super capitaine qui ne parlait des masses mais qui faisait. Il donnait l'exemple aux entrainements notamment, un mec hors norme.

Le meilleur souvenir ?

Il y en a tellement … Le jour où j'ai signé pour eux, ça a été le rêve ! Le premier match fut un derby, 3 jours après ma présentation et on gagne 3-1 à Anfield contre Manchester United. La première fois que j'ai entendu le “you'll never walk alone” à Anfield...tu peux pas le décrire, il faut le vivre !  Les matchs de Champion's, les derbies contre Everton, les entrainements sous la pluie, tous ces détails qui font que jouer en Angleterre, c'est le top niveau. Il y a du professionnalisme partout, dans chaque détail. Mais, une autre chose que je peux dire, c'est que le respect des fans en Angleterre est nul par ailleurs.

Tu as été sélectionné plusieurs fois avec l'équipe d'Espagne mais pas durant l'Euro 2008 et la Coupe du Monde 2010. Ce fut un regret ?

Bien...C'était une déception sur le moment mais cela m'a fait grandir comme homme et personne. Mais j'ai appris qu'il ne faut pas se cacher derrière les excuses, en général, c'est toi qui a la balle. Si je n'étais pas dans l'équipe, c'est que je n'étais pas assez bon pour y être. Point.

"Je suis toujours en contact avec le staff des Girondins"

As-tu été contacté par la direction des Girondins pour intégrer le staff ?

Comme je l'ai dit précédemment, je suis toujours en contact avec le staff des Girondins, surtout avec Alain (Deveseleer ndlr), mais nous n'avons jamais rien concrétisé peut être parce qu'ils n'ont pas besoin de moi encore. Je ne suis pas encore en retraite. Mais s'ils pensent que je peux aider au centre de formation, pour parler avec les jeunes, les motiver, les aider à progresser et même à les aider s'habiller à la mode (blague), je serais ravi de mettre mes talents au service de ce club que je tiens en estime et qui à l'époque avait fait l'effort de me recruter. Ce serait génial de leur rendre la confiance qu'il m'avait accordé plus jeune.

 Que fais-tu maintenant ?

 Je bosse dans une académie à Moscou avec les 14-18 ans et je joue des tournois d'exhibitions ici et là sur la planète. Je prépare aussi mon diplôme d'entraîneur.

Est-ce que tu viens encore à Bordeaux ?

J'étais à Bordeaux il y a quelque semaines pour voir si ma maison tient encore debout ! J'aime bien garder contact avec les anciens et c'est tout naturellement que je suis allé les rencontrer au “Château”. J'adore la ville et les gens ici.  

Un petit mot pour les lecteurs de WebGirondins ?

 Il faut continuer à supporter son club quoiqu'il arrive car partout il y a des hauts et des bas mais l'amour de son club reste intact. J'aurais toujours beaucoup d'amour pour les Girondins.

Merci Albert de nous avoir répondu

Mon plaisir ! A bientot !! (en français dans le texte)

Entretien réalisé par J-A Chazeau

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