François Grenet adresse un message à Gérard Lopez

03/06 - 11:46 | Il y a 2 ans
François Grenet, ancien joueur du FCGB (1992-2001, 247 matchs avec le scapulaire), était notre invité lundi soir dans le Talk. Il a répondu aux questions des chroniqueurs, animateurs et socios sur la situation des Girondins. Il s'adresse aussi directement à Gérard Lopez qui est le propriétaire et président des Girondins de Bordeaux. Entretien.
François Grenet adresse un message à Gérard Lopez

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L'entretien vidéo est à écouter et regarder en bas de cette page.


"Gérard Lopez n’était pas le seul à avoir les garanties"



WebGirondins : François, quel va être ton rôle au sein de la Ligue de Football de Nouvelle-Aquitaine ?

François Grenet : Je n’y suis pas encore. On m'a proposé de m’y investir. J’avais pris le parti lorsque j’ai arrêté ma carrière de couper avec le milieu du foot et d’être dans la vraie vie active. J’ai fait une formation et j’ai obtenu un diplôme. Je me suis installé comme agent d'assurance sous la bannière du groupe AXA pendant 11 ans.

J'ai toujours pensé au fond de moi que je serai disponible un jour pour rendre au football ce qu’il m’a apporté. Il y a une assemblée générale à la LNFA le 25 juin et une deuxième au mois de novembre. J’ai trouvé intéressant avec mes convictions et beaucoup d’humilité de donner mon opinion, de faire avancer les choses et peut-être amener un œil extérieur et nouveau. Si c’est positif ça durera. Je suis indépendant et autonome.

Quel est ton regard sur ce qui arrive au club ?

Il faut scinder le sportif et l’extra sportif. C’est lié. Quand un club est dans le flou en haut, ça rejaillit sur le bas, à savoir sur l’équipe première qui est la vitrine sportive. Donc la saison sportive est catastrophique tant sur le fond que sur la forme. On est allé de trucs folkloriques en trucs folkloriques. J'ai l'impression que ce n’était plus du football. La sentence est tombée logiquement.

Maintenant, on est suspendu à une décision qui va intervenir d’ici deux semaines (NDLR Passage devant la DNCG). On saura alors si on redémarre au niveau professionnel ou au niveau amateur. On en est là. Moi je suis pessimiste. Quoi qu’il en soit, il faut que ça serve de leçon à tout le mode. Je pense aussi aux institutionnels, à tous ceux qui ont fait semblant de s’agiter pour la vitrine et la communication. Ils ont laissé faire des choses qui font qu'aujourd'hui on a le patron que l’on a.

Est-ce que lorsque Gérard Lopez a acheté le club, tu étais sur un projet différent ?

J’ai été consulté par tous les repreneurs potentiels sauf lui. Il est arrivé de nulle part au dernier moment. Il a damé le pion à tout le monde. J’ai découvert son projet comme vous tous. Je connaissais les potentiels repreneurs. Je pense qu’il y avait clairement des projets plus sains sportivement et aussi au niveau du club. Ces projets-là, n’étaient pas prêts à avaler les couleuvres au niveau économique que Gérard Lopez a lui bien voulu avaler. C’est pour ça qu'il a été élu. Il faut le savoir.

Il n’était pas le seul à avoir les garanties, ce n’est pas vrai. Ces faux de dire que parmi les autres projets aucun n’avait les garanties. Les autres n’ont pas voulu reprendre tel que c’était, et ils ont voulu négocier des choses. C’est la différence, Il faut le savoir, j’en ai les preuves.

 


"Ce serait honnête intellectuellement d'avouer qu’il était impossible de viser les 10 premières places"


 

C’est King Street et Fortress qui ont choisi au final.

Forcément, cela les arrangeait à eux aussi. Mais garder les choses comme elles étaient, ce n'était pas viable. Force est de constater que la méthode de Gérard Lopez n’a pas fonctionné pour différentes raisons. Ce serait honnête intellectuellement d'avouer qu’il était impossible de viser les 10 premières places. À Lille des choses ont été faites et bien faites, avec 200 M€ d’enveloppe pour recruter.

Il s'appuyait sur le réseau de monsieur Campos, et non monsieur Lopes qui est soi-disant un de ses élèves. On n’a pas eu de chance, il a choisi le cancre de la classe. Ce modèle n’était pas viable, c’est presque mathématique. On a laissé faire, on a regardé en espérant de la réussite, aujourd’hui on en est là. Et j’espère que cela ne se termine pas comme cela s’est passé partout ou Gérard Lopez est passé. Pourquoi cela serait différent à Bordeaux ?

Est-ce que toi aussi tu avais senti très rapidement le danger de la Ligue 2 dès les mois d’octobre et novembre ?

Très sincèrement à cette période-là non. Par contre, je pensais que l'objectif affiché de terminer dans les 10 premiers était inatteignable. Par contre, à la trêve hivernale oui. Quand je vois le mercato qui est fait à ce moment-là, eux-mêmes n’avaient pas conscience à cet instant qu’on allait jouer le maintien.

 


"Le vestiaire c’est un buvard"



Le mercato a-t-il vraiment créé une cassure au sein du groupe avec l’épisode Koscielny notamment ?


Il faudrait leur demander. Mais forcément oui. Le vestiaire c’est un buvard. Quand tu vois comment ça se passe ou que tu l'apprends par la presse, forcément en tant que joueur tu te dis c’est quoi ce délire ? Tout d’un coup le salaire de Koscielny pose problème… on a entendu plein de choses, ça s’est enchainé avec l'épisode Costil. Tu te dis, mais qu'est-ce qu’il se passe ? Mais par rapport au mercato, je pense que le recrutement est à côté et il n’est pas bon. Ce n’est pas cohérent.

Après tu dois faire avec les moyens que tu as. C'est le problème des prêts, sans vouloir mettre tous les joueurs dans le même sac... Mais quand tu es prêté, je suppose que tu te dis, si ça descend, je repars de là où je viens et on essaiera autre chose. Comment veux-tu qu’ils s'investissent à fond ? C’est à double tranchant. On paye tout ça au prix fort avec la sentence que l’on subit.

Est-ce que ça ne fait pas mal en tant qu’ancien joueur de voir autant de prêts alors que nous avons des joueurs à la formation ?

Il faut être imprégné de l’histoire de ce club. Évidemment qu’on aimerait tous, et moi le premier, avoir des jeunes du club. Est-ce qu’il y a autant de qualité qu’on l’espère à la formation ? Je me dis, que ce soit Petkovic ou Guion, s’il y avait eu des gamins bien meilleurs à l’entraînement, ils auraient joués.

Mais à la fin, pourquoi attendre le dernier match pour faire confiance à des jeunes ? Du coup on n’a aucun retour du centre de formation, qui fait quoi ? Qui est responsable et comment ça se passe ? Chez les féminines aussi, elles sont complètement délaissées. Qu'est-ce qu'ils font au niveau du centre de formation et des féminines ? Dites-le-nous.

Le club, ce n’est pas que l'équipe première. On sait tous que c'est l'abandon total. Nous qui connaissons des gens salariés au château, on sait que l’ambiance et l’environnement ce n’est pas mieux que sous monsieur Longuépée.

Pour en revenir à la question, on aimerait plus de jeunes, mais est-ce qu’on les a ?


François Grenet à Gérard Lopez : "pour une fois contrairement à ce que vous avez fait ailleurs, partez dignement, pas en laissant un capharnaüm monumental, ça on a donné. Stop"



Que penses-tu de l’annonce de Gérard Lopez d'afficher en objectif la remontée immédiate en Ligue 1 ? Et que penses-tu du projet de Gérard Lopez pour Bordeaux ?

J’ose espérer que tout le monde a compris comment ça fonctionnait avec lui, la com, les promesses. Du vent. J’ai envie de dire aujourd'hui que le projet il n’y en a jamais eu, et il n'y en aura jamais.

Je ne sais pas pourquoi il se mettrait à faire un projet. Ou alors pour monter son projet il va falloir qu’il s'entoure des bonnes personnes. Pour l’instant je ne les vois pas. Est-ce qu'ils savent recruter pour la Ligue 2 française ? Je ne sais pas.

Je n’y crois pas. J’ai envie de dire à monsieur Lopez : “pour une fois contrairement à ce que vous avez fait ailleurs, partez dignement, pas en laissant un capharnaüm monumental, ça on a donné. Stop.”

On s’en fout de choisir un président délégué. Qu’est-ce que ça va changer ? Le gars va faire de la com et sera content d’être là. Je ne vois pas comment cela peut-être autrement ?

(Il continue à s'adresser à Gérard Lopez)

Pour une fois, laissez le club dans des dispositions correctes, pas avec des ardoises monumentales et des catastrophes sociales. Après je ne me focalise pas sur lui. Mais ce sont des vies qui peuvent être bouleversées.


"Ce qui est fondamental quand tu es défenseur c'est d'être irréprochable défensivement"



Parlons un peu sportif, as-tu une explication sur le record de buts encaissés cette saison ?

Même s'il y a pas mal de situations où il y a de grosses erreurs défensives, c’est collectivement ou l'on n’est pas irréprochable. Ce qui est fondamental quand tu es défenseur c'est d'être irréprochable défensivement, après si tu as la caisse tu attaques.

Aujourd'hui ce n’est pas propre à Bordeaux, mais chez la plupart des joueurs de couloir, latéraux ou pistons, j'ai le sentiment qu’à de rares exceptions près, ils pensent en entrant sur le terrain au dépassement de fonction avant la fonction. Tu te retrouves avec des joueurs qui ont du talent, qui sont à l'aise avec le ballon, mais combien de buts tu prends sur leur responsabilité ?

On a eu l'exemple avec Alexander-Arnold (NDLR Joueur de Liverpool) lors de la finale de la Ligue des Champions entre Liverpool et Madrid. Alexander-Arnold est élégant, mais il te coûte le but. Il a oublié un fondamental sur le but de Madrid. À Bordeaux, combien de fois on l’a vu ?

Justement, en tant qu'ancien joueur latéral que penses-tu de notre grande difficulté cette saison sur les côtés, notamment sur le côté droit ?

On pensait qu’à Bordeaux ils avaient identifié notre faiblesse sur les côtés. Mais dans les choix des joueurs on s’est mis dedans. Les profils recrutés n'étaient pas mieux que les autres.

À gauche on a eu Mangas puis Mensah que je trouvais bien meilleur, même s’il a fait des erreurs. Il avait de l'engagement. Mangas jouer en piston, ce n’est pas son poste selon moi. On n'avait pas de vrais défenseurs. On n’avait pas besoin d’attaquant au poste de latéral.

Tu dois avoir la caisse aussi. À Bordeaux on finissait les chaussettes en bas au bout de 10 minutes en deuxième mi-temps. Ils revenaient en marchant. On a le sentiment qu’ils n'étaient pas prêts physiquement et mentalement.

Quand on voit les erreurs sur les côtés qui se répètent toute la saison, match après match... Avec les datas et la vidéo que l’on a aujourd’hui... Est-ce qu’on leur fait bien travailler les situations ? Soit ils ne comprennent rien, soit on ne les fait pas bien travailler.


"Il faut mettre les fondamentaux en place et redonner l’identité au club avec des personnes qui veulent le servir et ne pas s’en servir."



Que penses-tu du manque de leader et d'empreinte du groupe bordelais pour essayer de changer une situation ?

Je pense que ce n’est pas propre à Bordeaux, mais c’est générationnel aussi. Beaucoup de joueurs sont centrés sur leurs performances et leurs carrières. Et si ce n’est pas eux c’est leur entourage. Mais les générations évoluent.

Malgré tout, il y a quelque chose de fondamental. Si tu n'as que deux, trois joueurs dans un groupe qui ont le leadership, c’est impossible. Ils se retrouvent tellement en infériorité dans la masse et le groupe, qu’ils constatent qu’ils manquent d'empreinte. Ensuite, ils font comme les autres en étant aspirés vers le bas par le groupe.

Tous ces leaders potentiels, je pense que s'ils ne sont pas suffisamment nombreux, ils n'arrivent pas à tirer les autres vers leur haut. Ainsi, ils sont aspirés vers le bas.

Justement, comment se passait l'intégration des jeunes joueurs à ton époque ?

J’étais pudique et timide. Je ne ramenais pas ma fraise. Nous les jeunes savions qu'il fallait se faire petit, mais il fallait s’imposer sur le terrain. Les branleurs se faisaient casser à l'entraînement, ou il se faisait marginaliser.

Ça se faisait naturellement, on ne se posait pas la question. À mon époque les leaders c'était la Rouille (Didier Senac), Jean-Luc Dogon, Bixente (Lizarazu). Aujourd’hui, les générations ont évolué. Une masse de branleurs prendra toujours le dessus sur une minorité de leaders. Ou alors, c’est l’autorité du club et des dirigeants qui doit faire respecter l’institution.

Comment vois-tu les Girondins dans les 5 prochaines années, qu’espères-tu ?

Je pense que c'est la même chose pour tous ceux qui aiment le club. Il faut aussi évoluer avec son époque, mais les fondamentaux sont inébranlables. Si tu les bafoues tu te fais taper et tu n’as rien à espérer. Il faut mettre les fondamentaux en place et redonner l’identité au club avec des personnes qui veulent le servir et ne pas s’en servir. Des personnes qui ne veulent pas de lumière mais qui veulent le faire avancer.

Ces gens-là doivent être dans l'opérationnel et le quotidien. Les gens qui ont été à la tête du club depuis GACP n’ont pas cherché à en savoir plus sur le club. Il y a des choses qui sont indéboulonnables, et qui ont été déboulonnées malheureusement, chercher l'erreur.

 

L'entretien intégral à regarder ci-dessous :