Quel avenir pour Gérard Lopez à Bordeaux ?

26/03 - 19:41 | Il y a 2 ans
Les évènements de dimanche lors de la rencontre Bordeaux-Montpellier et les jours suivants ont secoué les locaux, supporters, partenaires et institutionnels. Trois jours après les incidents et une communication ratée de la part du club, une question se pose sur l’avenir de Jogo Bonito à la tête des Girondins de Bordeaux.
Quel avenir pour Gérard Lopez à Bordeaux ?

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En effet, comment continuer à gouverner le club sans l’appui des partenaires locaux, institutionnels, d’une partie des supporters, de certains salariés et des joueurs. La défaite face à Montpellier a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. L’image véhiculée par le club a été déplorable sur le terrain et en dehors. L’environnement local est à bout et se mobilise.

Des joueurs qui n'adhèrent pas à la politique sportive

Le bilan du terrain d’abord, c’est la base d’un club de foot. La gestion du sportif depuis le mois de juillet et l'arrivée de Gérard Lopez comme propriétaire est un échec. Avec une 20e place au classement et 5 points de retard sur le barragiste à 9 journées de la fin, il est difficile de prétendre le contraire.

Pourtant, le directeur sportif Admar Lopes a recruté 13 nouveaux joueurs en deux mercatos. Il a voulu faire table rase du passé, en oubliant de s’appuyer sur l'existant, même fragile.

Pour illustrer cette prise en main musclée et finalement ratée de Gérard Lopez et son staff, revenons sur le discours de l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois lors de sa première visite aux joueurs. C’était au mois de juillet lors du tournoi de préparation Emiliano Sala à Orléans. Ses paroles au groupe de joueurs sont relayées par Le Parisien : “il (NDLR Gérard Lopez) a expliqué, en substance, que le confort était fini et qu’une 12e place en Ligue 1 n’était pas un classement acceptable pour Bordeaux. Il a cherché à mettre un peu la pression, à bousculer les joueurs et les mentalités par un discours somme toute assez court, mais plutôt musclé et perçu comme tel, en tout cas, par des joueurs et un staff quelque peu surpris par cette entrée en matière.”

Première erreur.

Alors que le groupe composé d’anciens et de jeunes du centre de formation avait lutté pour se maintenir dans un contexte difficile, on leur dit qu’il faut tout oublier. Rien de mieux pour se mettre une partie du vestiaire à dos. Peut-être aurait-il fallu s'appuyer sur une partie des cadres et des jeunes en devenir et ne pas tout bousculer. Le FC Nantes a montré cette saison que c'était possible.

La suite est une succession de mauvaises décisions : le recrutement raté d'Admar Lopes inexpérimenté à ce poste de Directeur Sportif, le choix des coachs ou des joueurs.

De plus, cette gestion désastreuse de l'effectif par l'ancien bras droit de Luis Campos atteint son paroxysme avec la mise à l’écart du capitaine Laurent Koscielny au mois de janvier. Cette décision a fini de fracturer un vestiaire déjà désolidarisé de sa direction. Bordeaux ne gagne qu’un seul match en 3 mois (4-3 contre Strasbourg avec Vladimir Petkovic sur le banc).

Puis, le changement de coach plutôt que d'apporter des bons résultats (aucun match gagné par D. Guion), coûtera finalement plusieurs millions d’euros au club si Petkovic obtient gain de cause. Car le technicien suisse réclame 10 M€ au club pour son éviction indique Sud Ouest.

Enfin, le recrutement en mode panique de 4 nouveaux joueurs en janvier n'aura pour l’instant servi à rien. Le mal est déjà fait.

L’épisode de dimanche face à Montpellier aura sans doute fini d’achever la relation direction-joueurs.

Des salariés tristes de l'image véhiculée

Les salariés du Haillan sont rincés. L’un d'entre eux nous a confié : "croyez-moi que la honte me ronge comme beaucoup de salariés au Haillan.”

Sud Ouest précise dans un article du 21 mars : “Beaucoup se sentent aujourd’hui spectateurs de leur propre club dirigé en cercle très fermé par Gérard Lopez et ses proches. Certaines composantes se sentent même ignorées.”

Devant l'image affichée par le FCGB depuis des semaines, la pilule a du mal à passer pour les employés du club. L'épisode du week-end et le communiqué tardif a fini le travail.

C’est après un mail du CSE du FCGB que la direction a finalement réagi face aux événements du week-end. En effet, le CSE a rappelé à la direction ses obligations de protection de l’ensemble des salariés. Ambiance.

D’ailleurs, aucune annonce du club n’a été publiée sur ses supports (site, réseaux sociaux). C'est l'agence Havas qui gère la communication du club et non le club qui a envoyé un message mardi tard dans la soirée à deux médias Sud Ouest et L’Équipe. Au château du Haillan, siège du FCGB, les salariés n’ont pas vraiment apprécié.

Des partenaires remontés et des institutionnels inquiets


Outre les joueurs et les salariés, de nombreux partenaires du FCGB ont atteint le point de non-retour devant la gabegie affichée par le club.

Tout d’abord, parmi les entreprises qui participent aux partenaires du club, nombreuses sont celles qui ne se reconnaissent plus dans “l’image affichée et les méthodes de gestion et de management du club”, nous confie l’une d’entre elles.

Le FCGB est une institution qui ne véhicule plus aujourd’hui une image qui correspond aux valeurs historiques” ajoute un autre partenaire.

Le management du club est aussi très critiqué, “Le Président ne se remet en cause" dit un représentant d'une entreprise que nous avons interrogé.

Enfin, d'autres partenaires que nous avons entendus éprouvent un sentiment de “honte, de dégoût” et parlent de “sabotage organisé” face à la situation.

Une mobilisation locale pour un futur rachat ?

Plutôt que de mettre de l’argent dans le sponsoring d’un club dont ils ne partagent plus les valeurs, des partenaires envisagent de le mettre dans le capital du club. En effet, depuis dimanche, un mouvement s’est lancé en mobilisant les partenaires locaux et le réseau bordelais. L’un d’entre eux nous a confié : “l’objectif est de reprendre la main sur le club pour le sauver.”

En coulisses, les rendez-vous se multiplient pour chercher un plan B. L'incertitude sportive et financière pousse l’environnement bordelais à tenter de venir au secours du FCGB et à être présent.

D’ailleurs, l’adjoint au maire de Bordeaux a même rappelé ce lundi sur France Bleu Gironde : “les Girondins sont consubstantiels avec l’histoire de Bordeaux. C’est notre patrimoine."

Si la mairie soutient par la voie officielle Gérard Lopez dans la conduite du club, elle s'inquiète de son devenir et de ses relations avec l'environnement local. Les paroles de Mathieu Hazouard, adjoint de Pierre Hurmic, chargé des sports à la ville de Bordeaux en sont le sens.

Une offre déjà refusée ?

Enfin, il y a quelques semaines, selon nos informations, une offre d’entrée au capital des Girondins de Bordeaux aurait été proposée et refusée par le propriétaire du club. Plusieurs sources nous détaillent qu’il s’agirait d’une offre pour devenir majoritaire au capital du FCGB. Elle venait d'Espagne. Un ancien dirigeant du club aurait été impliqué. Contacté, l’ancien Président Stéphane Martin qui a travaillé en Espagne nous a répondu qu'il ne s'agissait pas de lui.

Bordeaux aime son FCGB, espérons qu’il puisse faire ce qu’il n’a pas réussi à réaliser l'été dernier : mettre en place un projet local, humain et véhiculant des valeurs positives. Par conséquent, si Gérard Lopez veut garder la main et prolonger son aventure bordelaise, il va devoir rapidement remettre de l’ordre dans la maison, à moins qu’il ne soit déjà trop tard.

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