Le defi du Tartarstan

30/09 - 21:02 | Il y a 9 ans

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De la Garonne à la Volga

Seulement quatre mille kilomètres ! Le dernier déplacement aux confins de la Chine changerait presque tous nos repères. Mais il est peu probable que les joueurs, le staff ou les supporters aient le même sens de la nuance. Avant d’évoquer le sportif, intéressons-nous à cette ville de Kazan façon carte postale sans trop en dire pour ne pas vous effrayer mais en montrant qu’on en sait assez pour paraitre intelligent.

Peut-être même que nous vous donnerons des envies de voyages si vous êtes facile à convaincre. Commençons par le commencement, ou plutôt non, parlons de la guerre.  Même si nous devrions évoquer Ivan le Terrible qui unit la région de la Volga à la Russie et toutes les circonvolutions qui s’en suivent, nous nous limiteront à quelques informations à peine digne d’un guide du routard. Cela dit, out bon papier doit, certes, contenir des moments de prouesses chevaleresques, d’émotions non feintes mais comme nous doutons de votre patience à lire notre résumé de la dernière édition du Quid, nous allons faire simple et considérer que l’histoire de Kazan et du Royaume de Tatarstan commencent réellement pendant la deuxième guerre Mondiale.

La guerre va donner à Kazan une place particulière et singulière au sein de la fédération Russe. En effet, reculé dans les terres sur le plateau de la Volga, la ville était assez proche pour ravitailler le front sans risquer d’être touchée par des attaques ou pire tombée sous le joug ennemi. Kazan devient la zone arrière industrielle des Soviétiques. 8ème ville Russe par sa population, Kazan n’a pas pour autant une histoire footballistique très riche ou même un passé très prestigieux. Jugez par vous-même. Le Rubin Kazan accède pour la première fois de son histoire dans l’Elite Russe en 2003. Cette montée constitue le début d’une belle période conclu par des participations européennes et deux titres en 2008 et 2009 et une coupe de Russie en 2010. Le monde du football garde en mémoire, en particulier, cette victoire surprise contre le Barça qui mettait fin à l’invincibilité catalane.

 Mais depuis c’est nettement moins bien. Le Rubin arrache parfois, comme cette saison, une qualification européenne mais il n’est plus question de remporter des titres. Malgré tout, il serait bien présomptueux de se croire supérieur. Il reste, indéniablement, de la qualité dans cet effectif. Si vous vous intéressez  au football Russe, ou à celui de l’Europe de l’est en général, ou même pour le plaisir de lire des papiers intéressants et bien écrits, foncez sur Footballski.fr. Vous y trouverez une présentation parfaite du Rubin Kazan, de son histoire et de sa place dans l’échiquier Russe. 

Un Kazan Cassé

A n’en pas douter le Rubin Kazan est en crise. Alors que le championnat Russe parvient à sa dixième journée, le club de la Volga est douzième avec seulement sept petites unités au compteur et déjà quinze buts encaissés. Le renvoi de Rinat Bilyaletdino n’a pas apporté le choc psychologique escompté. Eliminé piteusement contre un club de deuxième division en coupe de Russie, le week-end dernier, le Rubin a encore un peu plus inquiété le Kazan Arena, un stade certes au nom moins ridicule que le nôtre mais un peu étrange quand même, en s’inclinant contre un club de milieu de tableau et sans prétention particulière. Plus que la défaite, les supporters se désespèrent de la manière et de la fébrilité édifiante de la défense. Mais nous le savons (et comme tout bon poncif, il convient de le rappeler),  les ressorts collectifs en coupe d’Europe ne sont jamais les mêmes et nous aurions tort de nous fier uniquement à la crise au Rubin pour espérer faire un résultat. 

Le club ne s’illustre plus sur le marché des transferts, probablement échaudé depuis le fiasco du transfert de Yan M’Villa et en proie également à quelques difficultés financières. En 2014 par exemple, après la vente pour 18 Millions d’euros de Rondon au Zenith, il n’y eu aucune arrivée significative. Et cette saison, même constat, même problème. Il reste quelques joueurs exotiques comme cet arrière gauche uruguayen de 20 ans Cotugno qui peine à démarrer sa saison. Mais si le Rubin reprend son système en 3-5-2 qui avait bien réussi contre le Dynamo Moscou, il peut être un axial intéressant. Autre joueur, autre profil. Carlos Eduardo, l’ancien de Flamengo, qui est capable de petites fulgurances mais qui a la fâcheuse tendance à disparaitre dans le match. 

La menace viendra plus probablement des joueurs locaux.  Il faudra, par exemple, être vigilant au coup de patte du petit ailier gauche Nabiullin, à peine âgé de 20 ans et au grand attaquant par la taille, tout du moins, Portnyagin qui avait gagné sa place de titulaire la saison dernière. Même si cette année, il n’a marqué une seule pour neuf titularisations. Défensivement, le pilier est géorgien comme un hommage à la coupe du monde de  Rugby en cours. Sava Kverkvelia  est vif, athlétique, il sera le danger principal pour nos attaquants.  

En réussite contre les Russes

Voilà un chapitre qui va redonner le sourire aux lecteurs trentenaires et plus. Les girondins ont, par le passé, rencontré trois équipes Russes et à chaque fois, les girondins ont passé l’obstacle sans trop d’encombre. En 1987, en ¼ Finale de la Coupe des Coupes, le Torpedo de Moscou  subit la loi girondine grâce au but à l’extérieur de José Touré. En 1995, l’année de l’épopée en coupe UEFA, le  Rotor Volgograd s’incline en 1/16ème assez logiquement au passage nous avons l’honneur de voir  des plus belles cagades de Gueguette Huard, sans doute pour rajouter du piment.  Nous étions vraiment loin de nous douter que cette équipe battrait le Grand Milan. Et enfin, en 99/2000, le tirage nous offre le CSKA Moscou au 1er tour de la  Ligue des Champions dans un système différent avec deux phases de groupe. Résultat ?  Deux victoires et une qualification pour le tour suivant. 

Quelle Equipe pour l’Europe ? 

Ce déplacement fait figure de tournant pour envisager une suite positive dans le groupe. Après le joli nul contre Liverpool, le match contre le Rubin semble arrivé au meilleur moment avant d’affronter les Suisses du FC Sion pour une double représentation, elle aussi capitale. Mais nous vivons également quelques moments troubles. Après la déroute à Nice, l’heure était un peu à la sinistrose ambiante. Après une remise en cause publique des joueurs et une fâcherie de l’entraineur, la victoire contre Lyon vient concrétiser une réaction nécessaire. Malgré la victoire et le plaisir qu’elle procure, il faut reconnaitre que tout n’a pas été rassurant. 

On pourrait légitiment, au vu des derniers changements,  se poser la question du système de jeu, mais depuis Toulouse et le mea culpa de Sagnol, il est probable de le voir préférer un  4-5-1 lui offrant plus d’équilibre. C’est une question qui semble réglé. Bon, ça, c’est fait, passons à la suite … 

Sagnol évoque le besoin  de faire souffler ses joueurs mais refuse également d’abandonner l’Europa League. Il sait, sans aucun doute, qu’une occasion est  à saisir ce jeudi à Kazan. Pablo et Poundje sont laissés au repos. On mesure, alors d’autant plus, l’importance du message de Sagnol délivré à la presse la semaine passée sur le rendement clairement  insuffisant de Diego Contento. L’allemand va devoir répondre dès ce jeudi. La présence de Sané est, aussi, un petit évènement, qui coïncide avec le repos de Pablo. Il sera donc peut être possible de retrouver une charnière Sané – Pallois, inédite cette saison. Et Gajic, quatre jours après avoir été sorti subitement contre Lyon aura-t-il droit à une réponse ?  À une réaction ? Ou Guilbert reprendra son poste après son retour de  blessure ?  Crivelli, reposé, animera le front offensif avec ou sans Jussie en appui ? Réponse jeudi à 21h05 !!! 

Le reste du groupe ne contient, par ailleurs, aucune surprise :

Carrasso, Prior, Lefebvre - Contento, Gajic, Guilbert, Pallois, Sané, Yambéré - Chantôme, Khazri, Plasil, Poko, Saivet, Traoré - Crivelli, Jussiê, Maurice-Belay, Rolan, Kiese Thelin.

LeCartel 

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