Girondins : Pourquoi ce n'est pas le bon moment pour affronter Brest ?

02/12 - 01:00 | Il y a 4 ans
Bordeaux accueille le Stade Brestois dimanche à 15h au Matmut Atlantique. Adrian Prigent, journaliste chez Ouest-France a répondu à nos questions.
Girondins : Pourquoi ce n'est pas le bon moment pour affronter Brest ?

© Iconsport

Bonjour Adrian. Toi qui suis le club brestois de près, peux-tu nous aider à  tirer un premier bilan de leur début de saison ? Quels sont les principes de jeu d’Olivier Dall’Oglio en ce début de saison ?

La saison de Brest elle est assez particulière. Pour l’instant c’est 6 victoires et 6 défaites, c’est la seule équipe de Ligue 1 qui n’a jamais fait match nul encore. Là récemment ils sont sur 3 victoires consécutives, donc ils sont en pleine bourre. L’équipe fonctionne bien. En début de saison, il y a Ibrahima Diallo (milieu de terrain) qui est parti à Southampton (15M). Après son départ, Olivier Dall’Oglio a eu des difficultés à mettre en place une équipe équilibrée. Il a beaucoup changé de système de jeu. Là, ça va faire quelques journées qu’il est passé en 4-4-2.

Depuis il y a eu une défaite à Rennes, même si au vu de la physionomie c’est assez frustrant, car ils prennent deux buts sur coup de pied arrêté. C’est un de leurs soucis depuis le début de saison. Mais tu sentais qu’il y avait quelque chose. Preuve en est, ils ont décroché une victoire contre Lille par la suite (3-2) et contre Sainté (4-1) avant de confirmer définitivement leur état de forme le week-end dernier à Metz (0-2) qui restait sur huit matchs sans défaite. Qui plus est à l’extérieur, un autre point noir de cette équipe brestoise ces derniers temps.

Dall’Oglio semble avoir trouvé son onze malgré un début de saison relativement compliqué où Brest prenait des buts sur des erreurs de naïveté (19e défense de Ligue 1 avec 23 buts encaissés), où Dall’Oglio cherchait encore son onze de départ. Là, ils ont enfin trouvé un équilibre avec un bloc plus compact. lls laissent de plus en plus le ballon et jouent en transition. Ça ronronne moins et ça joue vite. Ça devient compliqué pour les adversaires de jouer Brest.

"À Brest, ça se projette vite vers l'avant"

De quels joueurs devront se méfier les Girondins côté brestois ?

Récemment, il y a eu une prise de conscience du collectif avec tous les joueurs qui font les efforts défensifs. Romain Faivre et Franck Honorat sur les côtés ont des gros volumes de jeu, ils font un travail monstre. L’attaquant Steve Mounié pèse beaucoup sur les défenses adverses (1m90), c’est le joueur qui a gagné le plus de duels aériens cette saison en Ligue 1. Donc grosse solidité défensive et puis ça se projette vite vers l’avant.

Ça passe beaucoup par les côtés. Romain Faivre qui  est l’un des meilleurs brestois cette saison, si ce n’est le meilleur, a une grosse aisance technique et il se complète bien avec Honorat et Cardona. On sent que ça combine de mieux en mieux entre eux. Là contre Metz, il n’y a pas de regrets à avoir parce qu’ils ont gagné, mais tu sens qu’ils auraient pu en mettre plus. En attaque ça commence à être bien rôder techniquement. Derrière t’as Romain Perraud également qui est très fort. C’est un des latéraux en Europe qui est impliqué dans le plus de buts (3 buts et 4 passes décisives).

"En un mercato, ils ont battu trois fois leur record de transfert"

Est-ce que tu peux nous parler un peu plus de la structure de ce club ? Comment fonctionne-t-il et quelles sont leurs ambitions cette saison ?

Le mercato a été assez ambitieux à Brest cet été. Ils ont battu trois fois leur record de transfert ! Ça concerne Steve Mounié, Franck Honorat et Christophe, chacun recruté pour entre 4 et 5 millions. Ils ont mis des sous parce qu’ils se sont dit que pour rester dans l’élite, il n’y a pas le choix. Mais l’ambition, ça reste de rester en Ligue 1 sur le long terme.

Il y a une grosse confiance qui est donnée à l’entraîneur Olivier Dall’Oglio. Quand il y a eu des résultats négatifs en début de saison, il n’a pas été particulièrement inquiété. Il y a de la sérénité. Le directeur sportif, Grégory Lorenzi, a également beaucoup d’impact. Le président en place (Denis Le Saint), il injecte de l’argent, mais ce n’est pas lui qui a de l’impact sur le sportif. C’est vraiment Grégory Lorenzi qui a la main sur le sportif.

Donc ça travaille bien, ça avance petit à petit. Ça fait confiance aux jeunes aussi, avec un flair pour aller chercher des joueurs comme Romain Faivre (22 ans) ou Irvin Cardonna (23 ans) la saison dernière. Mais en n'oubliant pas de les encadrer avec des joueurs plus expérimentés, comme Romain Philippoteaux (32 ans) ou Mounié qui a une grosse expérience par exemple. Donc oui ça bosse bien, il y a rarement de « gros problèmes » à Brest.

Il y a un vrai public derrière qui est toujours présent, même en Ligue 2. Après Brest, par rapport à  Bordeaux par exemple, ça reste un « petit club », il n’y a pas de débat. L’objectif, ça reste le maintien, s’assurer un matelas confortable de points pour pouvoir travailler sereinement afin de progresser. Mais on sait jamais, ça peut aller vite. Aujourd’hui Brest est 10e, c’est un championnat très resserré. On ne va pas s’enflammer en parlant d’Europe non plus, mais pourquoi pas la première partie de tableau.  

"Si Bordeaux joue en ronronnant, ça va être compliqué pour eux"

On va finir en revenant sur le match qui se profile ce week-end : selon toi, comment les Girondins doivent s’y prendre dimanche pour espérer partir avec des points ? En d’autres termes, quelles sont les faiblesses de cette équipe brestoise ?

Ah, je ne vais pas te le dire ! (rires) Non, il faudrait que Bordeaux essaye d’enflammer le match dès le début, avec un gros pressing. Si Brest n’ouvre pas le score, c’est très compliqué. C’est compliqué pour eux d’être dans la réaction. À Lille tu mènes 3 à 0 et tu te fais remonter 3 à 2, ils ont eu du mal à réagir. Pareil à Angers, tu mènes 2 à 0 et tu finis par perdre 3-2. Avec eux, c’est un peu tout blanc ou tout noir. Donc c’est essayer de mettre une grosse intensité dès le début, parvenir à les faire douter… Et puis mettre un gros impact physique aussi. C’est vrai que le milieu brestois est un peu frêle. Ça court beaucoup, mais ce ne sont pas des gros athlètes.

Si Bordeaux joue en ronronnant, en faisant la passe à dix, ça va être compliqué pour eux. Sur coup de pied arrêté également Brest n’est pas à l’aise, même si c’est mieux ces derniers temps… Vous ne les prenez pas vraiment au meilleur moment, je ne vais pas te le cacher !

Les Girondins encore trop fragiles pour être ambitieux ?