Entretien - Marvin Esor : "Il faut laisser du temps à David Guion"

21/08 - 13:01 | Il y a 9 mois
Formé aux Girondins de Bordeaux, Marvin Esor (34 ans) a connu une carrière riche avec 164 matchs professionnels et une montée en Ligue 1 avec le club d’Arles-Avignon. Il entame sa troisième année comme entraîneur du FC Bassin d'Arcachon avec de l’ambition. Il se livre pour WebGirondins sur son métier d'entraîneur et pose son œil sur la situation des Marine et Blanc. Entretien.
Entretien - Marvin Esor : "Il faut laisser du temps à David Guion"

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WebGirondins : Marvin, pourquoi ce métier d'entraîneur te plaît ?

Ce métier me plaît énormément tout simplement parce que c'est le sentiment de pouvoir être entouré de personnes avec qui j’ai décidé de travailler. J’ai la chance d'avoir un peu de temps, comme me l'offre le président Jacques Walkowiak. Ça me permet de pouvoir choisir des personnes surtout sur les qualités humaines et ensuite sur les qualités intrinsèques de joueurs, des mecs avec qui tu as envie de vivre une belle aventure. Cela m’amène à prendre du plaisir, à vivre des émotions.

C’est ta 3e année comme coach au FCBA, est-ce qu’il y a une méthode Marvin Esor ?

Une méthode… je pense que de toute façon à partir du moment où on s'y investit, je pense qu'on crée forcément une méthode. Ce sont les résultats qui ont le dernier mot. Mais je pense que j'apprendrai toujours. C'est peut-être l'approche des matchs qui diffère un peu avec ce que j’ expérimente le plus souvent à l'entraînement. Je sens que j' emmagasine de l'expérience. Après il y a la réalité de chaque match. Je te rappelle que le foot, ça reste un instant, un moment, et il peut se passer mille et une choses. Donc je pense qu'on reste novice toute une vie, toute une carrière autour du football.

Dans quelle organisation joues-tu ?

On défend en 4-4-2. Mais après on n'a pas de dispositif à proprement parler. Quand on a le ballon, on a une structure de jeu. Notre objectif quand on possède le ballon c'est de pouvoir manipuler notre adversaire, faire l'inverse de ce qu'il pourrait penser. On prend vraiment ça comme un jeu. Après, quand on n'a pas le ballon, on est en mode soldat. Le 4-4-2, je pense que c'est une langue commune dans le football. C'est un dispositif qui nous permet de vite mettre les choses en place.


"Je suis en échange régulier avec Jordan Galtier"



As-tu évolué depuis tes débuts ?

Je suis habité par l'entraînement. Ce que j'essaie de véhiculer aux joueurs, c'est qu'on passe plus de temps à s'entraîner qu'à jouer des matchs en compétition. Donc, il faut savoir performer sur la durée. Pour un coach, c'est aussi le cas. Je sens qu'au niveau de l'entraînement, j'ai des idées qui s'enrichissent de plus en plus avec les proches autour de moi qui sont très bien qualifiés dans le milieu. Donc ça me permet d'évoluer correctement.

Qui par exemple ?

Dans la méthode, un homme m'aide beaucoup et je pense qu'on parlera beaucoup de lui dans le futur, c'est Jordan Galtier. Je suis en échange régulier avec lui. Il suit beaucoup le foot dans la région. Il m'aide beaucoup dans la méthode et dans le travail fourni. C'est une inspiration méthodologique. C'est Jordan qui me l'apporte.

Il est adjoint au Toulouse Football club, et il a été manager à Lège Cap-Ferret, c’est bien ça ?

Exactement. Lui, il a été recruté par les "Datas". Jordan a été répertorié comme l'un des entraîneurs assistants qui correspondaient le plus au football que le TFC voulait mettre en place.

Est-ce que tu t’inspires de coach que tu as côtoyé pendant ta carrière professionnelle, et as-tu un modèle ?

On va dire qu'il y a des clubs qui m'inspirent. Comme la Real Sociedad. J'ai eu la chance de voir leur façon de travailler et d'appréhender le football grâce à mon ami Sylvain De Weerdt (Responsable centre de performance à Real Sociedad).

Ensuite, j'ai un coach que j'adore, mais je ne le connais pas personnellement. Je suis simplement spectateur de son football. C'est Roberto De Zerbi (actuellement à Brighton en Premier League).

Ensuite, j'ai été inspiré par le charisme, par les hommes que mes entraîneurs pouvaient être, cette richesse culturelle, cette richesse relationnelle qu'ils pouvaient avoir. Sur le plan technique, j'essaie toujours de faire quelque chose qui va me ressembler.

Quels sont ces entraîneurs ?

Il y en a eu deux qui m’ont marqué. Le premier, c’est Michel Der Zakarian. Il a cette façon
d'aller chercher le maximum de ses joueurs, il fallait se donner à 200%, 300%, et il était vrai dans ce qu'il pouvait dégager. Avec une personnalité assez froide, assez dure, mais avec une affection surdimensionnée envers ses joueurs.

C'était à Clermont ?

Exactement. Et puis après un autre homme m'a bouleversé en sortant des Girondins de Bordeaux, c’est Michel Estevan. Lors de notre montée en Ligue 1 avec Arles-Avignon (2010). Là, on est totalement sur le registre du relationnel. C'est-à-dire que ce monsieur pouvait vous faire croire que vous étiez Zidane pendant 90 minutes. C’est aussi une des personnes qui comptent pour moi.

Quel est l’objectif du FCBA cette saison ?

Cette saison, l'objectif est clair, c'est de faire mieux que la saison précédente. On a toujours été sur les trois premières marches. Forcément, on a envie d'accomplir et de connaître la joie de pouvoir être les vainqueurs d'un championnat. Donc l’objectif est d’être vainqueur du championnat pour pouvoir accéder au championnat de National 3.

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@crédit FCBA

Tu as donc construit l’équipe pour atteindre cet objectif ?

Je pense que oui, avec Christopher Glombard (Directeur sportif, ancien de la formation des Girondins) qui réalise aussi sa première expérience ici. L'avantage c'est que je connais très bien l'homme qu’il est. Donc je l'ai vraiment laissé gérer. Je lui ai laissé carte blanche. Aujourd'hui, je m'aperçois qu'il m'a apporté des choses sur lesquelles je n'aurais pas eu cette vision. Donc on va dire que cette année l'équipe ressemble vraiment au profil qu'on veut lui donner.

D’ailleurs, vous avez recruté en janvier dernier un ancien pro, Sloan Privat (253 matchs en pro), comment cela s'est passé ?

Ça s'est passé en plusieurs étapes. Arcachon est un club qui plaît dans la région, c'est un club aussi qui financièrement est très sain, donc c'est forcément recherché dans le monde dans lequel on vit. Nous avons utilisé notre réseau en privilégiant le côté humain. Et donc Sloan très humblement a joué le jeu, et il est venu nous aider. Cela lui a aussi permis de rester compétitif et pour pouvoir participer à la Caribbean Cup, à la Gold Cup cet été.

Il repart avec vous cette saison ?

Cette saison non, il a eu quelques propositions du côté de Sochaux, là où il habite. Il ne sera pas avec nous. Après, on ne sait pas, il viendra peut-être nous donner un coup de main encore.


"Cette saison des Girondins s'inscrit dans un processus de montée en Ligue 1"



Parlons des Girondins que tu connais très bien. Qu’est-ce qu'il a manqué à Bordeaux pour monter en Ligue 1 la saison dernière ?

C'est compliqué cette question. Je pense que la saison dernière s’inscrit dans un processus de remontée en Ligue 1. C’est pourquoi je trouve que la saison a été extraordinairement bien gérée. Je pense que c'est le processus et qu'on est fait pour très certainement vivre cette année, un grand championnat de leur part, et d’avoir une nouvelle assise. Parce que c'est top de remonter dans l'élite. Mais on voyait bien que le club n'était pas assez costaud et que cela aurait pu être éphémère. Donc je pense qu'ils restent dans leur processus et qu'ils vont réussir cette saison.

Tu as connu une montée de Ligue 2 vers Ligue 1, quels sont les ingrédients à mettre ?

Je pense que c'est savoir être performant au moment inattendu. C'est un championnat qui a deux vitesses. Les favoris du début ne sont pas souvent les mêmes à la fin. Et je pense qu'il est important d'avoir un équilibre et de prendre les points au retour de la trêve hivernale. C'est toujours là où les grosses équipes peuvent gagner le point ou les 2-3 points qui vont faire cette différence pour gagner le championnat. Sinon après on reste dans la masse, et on l'a bien vu, ça se joue au couteau.


"On le voit bien au niveau du recrutement. Il y a des profils qui ont été ciblés"



L'effectif des Girondins est-il taillé pour la montée en Ligue 1 ?

J'ai le sentiment qu'il y a des profils qui ont été bien recherchés. Je pense qu'il a été bâti pour être attractif et ambitieux. À terme, je pense qu'il y aura un jeu proposé avec le ballon. On a pu voir l'année dernière qu’ils ont su maîtriser les matchs, mais sans avoir une position extrême par rapport à leurs adversaires. Aujourd’hui, je pense qu'on est dans un autre registre qui va s'installer peu à peu. Avoir cette emprise pour peut-être au final, contrôler toutes les parties du jeu. Il faut laisser du temps à David Guion. Parce que ça ne se fait pas comme ça.

Il y a beaucoup de critiques sur le jeu de l'équipe en ce début de saison, qu'en penses-tu ?

Il faut du temps. En plus, le travail est énorme entre la première et la seconde année en Ligue 2. Cette année, c'est peut-être là où il y a le plus de travail à faire. Est-ce qu'on assoit vraiment une culture footballistique et une identité ? On le voit bien au niveau du recrutement. Il est certain qu'il y a des profils qui ont été recherchés et qui ont été ciblés. Ça n'a pas été des opportunités. Donc il faudra du temps pour installer ça. Parce qu'il y a eu beaucoup de changements. L'apparition d'une identité claire peut prendre quelques matchs.

N.P

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